Les Algériens rapatriés de Libye crient leur détresse : «Donnez des instructions, M. le Président»

Les Algériens rapatriés de Libye crient leur détresse : «Donnez des instructions, M. le Président»

La désillusion a pris le relais de l’euphorie de la délivrance chez les nombreux rapatriés de Libye qui, pour la plupart, étaient installés en Libye depuis de nombreuses années.

L’inquiétude et la peur du lendemain incertain pèsent sur eux chaque jour un peu plus. «On est des nécessiteux, une communauté sinistrée», ne cessent-ils d’affirmer

En visite à notre rédaction, Kamel et Abdelaziz, respectivement coordinateur et représentant du collectif des rapatriés de Libye, accompagnés de leurs deux camarades, Moussa et Abdallah, étaient visiblement en peine. «Nous sommes doublement inquiets d’avoir abandonné tous nos biens là-bas et de n’être pas rassurés sur notre devenir, maintenant que nous sommes ici, sans argent ni toit.

Détresse et panique

«Toute notre vie a été organisée en Libye. Maintenant, nous voici les mains vides. Que doit-on faire, quel sera notre sort», s’interrogent Moussa et Abdallah, respectivement entrepreneur et gérant d’un atelier de mécanique depuis des années en Libye. Ils ont du mal à réaliser ce qui leur arrive. Sinistrés, ils le sont vraiment.

Les témoignages de ces rapatriés de Libye sont émouvants. «Durant le voyage par mer, nous étions 545 Algériens à bord du Tassili 2, tous inquiets de ce qui nous attend. Nous souhaitons que l’Etat nous prenne en charge et nous aide à nous réintégrer. Nous ne voulons pas être abandonnés une fois débarqués», nous a déclaré Abdelaziz Boughida, 45 ans, pâtissier depuis 16 ans.

Ce jour-là, les rapatriés attendaient les bus qui allaient les acheminer vers leur wilaya d’origine. Près d’un mois après l’opération de rapatriement, les Algériens revenus de Libye sont restés sur leur faim.

Ils sont dans l’attente de leur prise en charge effective par les différentes instances de la république.

Se déclarant sinistrés, les rapatriés de Libye lancent un SOS aux plus hautes autorités du pays, en premier lieu au ministère de la Solidarité nationale pour trouver une solution à leur problème.

La bureaucratie locale décourage

«On nous a ramenés jusqu’ici, c’est bien, mais, quel sera notre sort plus tard ? Un saut dans le vide. Vous savez, ce n’est pas facile.

Au secrétariat d’Etat chargé de la Communauté nationale établie à l’étranger, on a demandé à chacun d’écrire une requête et de répertorier tous les biens laissés en Libye. «C’est déjà un début. C’est rassurant et salutaire», commentent nos invités.

Ces derniers nous ont fait part de dépassements et d’excès de la part de certains responsables locaux dans certaines wilayas. «Certains rapatriés nécessiteux se sont rapprochés de leurs APC et daïras et en sont revenus bredouilles. On leur a signifié qu’ils n’ont reçu aucune instruction particulière. Ils sont traités au même titre que les autres citoyens, parfois sans aucun égard. Là où il vont, on leur demande d’attendre», relèvent les représentants.dant la priorité. On est des nécessiteux», renchérissent-t-ils. Et d’ajouter : «Certains n’ont même pas quoi manger. La bureaucratie locale décourage».

SOS des nécessiteux

Près de 8 000 Algériens étaient établis en Libye. Ceux qui ont opté pour regagner le pays ne regrettent pas d’avoir tout laissé derrière eux. Ils déclarent fièrement : «On a protégé les symboles de notre pays, ce qui est le devoir de chacun. On a contribué à faire rentrer des devises à notre pays, plusieurs années durant.

On aurait aimé que le ministre de la Solidarité nationale soit là pour nous accueillir et nous octroyer une aide financière, même symbolique», soutiennent les rapatriés, tout en lançant un SOS : «Même pour venir à Alger, on a emprunté de l’argent. Certains n’ont pas de quoi nourrir leur famille. On prie les autorités compétentes de nous fournir une aide d’urgence. On est dans le besoin.»

«J’ai 52 ans, une famille à charge. En Libye, j’avais ma maison et je vivais décemment, tout comme mes compatriotes d’ailleurs. Maintenant j’habite dans un bidonville. J’ai jusque-là élevé mes enfants dignement. Aujourd’hui, je me retrouve désarmé et impuissant», atteste Moussa. Un prêt d’une somme à définir par les services compétents de l’Etat, en attendant une solution idoine, conviendrait à tous, notamment à ceux qui ont une famille à charge.

On a appris que les services du secrétariat d’Etat chargé de la Communauté algérienne établie à l’étranger ont recommandé à tous les rapatriés de Libye de déposer leur requête. Un rendez-vous est pris pour dimanche prochain par le collectif des ressortissants rapatriés par le Tassili 2.

De quoi rassurer quelque peu Salah (Mila), Amer (Constantine), Boualem (Tipasa) et les autres.

Ahmed K.