Ayant apparemment mal pris que le secrétaire général du mouvement El Islah lui ait volé la vedette en le précédant dans l’annonce de la naissance de cette alliance islamiste à trois, le leader du MSP s’est rattrapé en se présentant comme la locomotive de ce triumvirat, même s’il s’en est défendu.
C’était ce dimanche lors d’une conférence de presse au siège du parti à El Mouradia, en clôture d’une session extraordinaire du conseil consultatif du parti qui a eu à étudier et à entériner cette option d’alliance. Un conseil qui a, de ce fait, donné carte blanche au bureau politique du mouvement de concrétiser cette alliance qui ne fera que répondre au vœu du parti, dira Soltani, celui de «la nécessité de mettre fin au phénomène de la dispersion de la scène politique avec une kyrielle de partis au point de désarçonner le citoyen». Pour Aboudjerra, cette alliance n’a d’existence formelle que maintenant que les instances consultatives de ses membres ont donné leur accord. Scellée à trois (MSP, Ennahda et El Islah) et ouverte aux autres partis de la mouvance sans préalable aucun, cette alliance est loin d’être conjoncturelle et électorale puisque, dira-t-il, «elle a été concrétisée sur la base d’un programme et d’une vision communs et les listes communes ne sont qu’un levier purement technique pour matérialiser cette alliance». Le leader du MSP dit espérer que «cette initiative pourra servir de déclic au reste de la classe politique pour qu’elle se constitue en familles et blocs politiques homogènes avec, comme effet immédiat, une meilleure lisibilité de la scène politique pour le citoyen lambda. Ce dernier, lassé par des divisions auxquelles il ne trouve pas d’arguments valables, boude alors les urnes, d’où, dira encore Soltani, le phénomène de l’abstention. «Nous pensons que ce premier saura inverser la donne en encourageant des pans entiers à aller voter le 10 mai prochain». Et pour Soltani, les réserves émises par Akkouchi, vendredi dernier, à l’annonce de la concrétisation de cette alliance «n’engagent que leur auteur, étant donné que maintenant, nous devons agir à trois». Des réserves, nombreuses, que le SG d’El Islah a tenu à énumérer et à lier à la transparence et à la régularité du rendez-vous législatif du 10 mai prochain, allant jusqu’à ne pas exclure l’éventualité d’un retrait de la course à ces législatives dans le cas où, dira-t-il, «les voyants persistent dans le rouge». Une mise au point de Soltani que n’appréciera certainement pas Akkouchi, surtout que les deux hommes ne font pas une même lecture du discours, jeudi dernier, du président de la République. Ceci quoique le duo exige que le premier magistrat du pays donne une suite concrète à ses engagements par des décrets. Pour Soltani, si les alliances d’hier ont consacré la réconciliation nationale qui a eu pour effet d’en finir avec l’état d’urgence en vigueur une vingtaine d’années durant, celles d’aujourd’hui et à venir permettront, selon lui, de réussir les réformes politiques et dont les législatives du printemps prochain constituent l’étape finale. D’où, dira le leader du MSP, le préalable de toute la classe politique, lié à la régularité de ce scrutin qui aura pour finalité de «mettre un terme à l’hégémonie du pouvoir qui n’a plus de raison de perdurer». Aboudjerra dit, par ailleurs, avoir reçu cinq sur cinq les messages de la secrétaire d’Etat américaine, en visite éclair samedi dans le pays, se félicitant, au passage, du démenti officiel d’Hillary Clinton quant à un prétendu financement américain des partis islamistes, qui revient tel un leitmotiv dans la bouche de nombre de leaders politique0s. Annonçant que la proclamation officielle de cette alliance à trois se fera tout prochainement lors d’une cérémonie en présence des leaders et des cadres des trois mouvements, Soltani fera part de deux commissions dont l’une planche déjà sur l’élaboration d’un programme commun. La seconde commission, dira-t-il, sera mise sur pied incessamment et aura à établir les listes communes où les femmes auront leur part conformément à la dernière loi électorale qui concède le tiers de chaque liste électorale à la gent féminine.
M. K.