L’idée est dans l’air : une reconfiguration saine de la région passe par la redynamisation de l’UMA, l’ensemble maghrébin étant mis à l’arrêt depuis que des politiques annexionnistes ont dressé des pays membres les uns contre les autres.
Des réformes suscitées par les changements révolutionnaires, profonds pour les uns et majeurs pour les autres, auront entre autres objectifs de redéfinir les intérêts et d’établir les nouvelles possibilités d’intégration économique. Particulièrement pour le Maroc et l’Algérie, les deux grands protagonistes de l’UMA.
Evoquée officiellement par les Marocains, la tenue d’un sommet des chefs d’Etat est devenue pratiquement une nécessité diplomatique pour tous les pays de la région.
Avec les bouleversements politiques en Tunisie et en Libye, ainsi que le retour à un gouvernement civil, élu démocratiquement en Mauritanie, l’exigence d’un rapprochement et d’un retour à la reconstitution du bloc maghrébin se posent avec acuité. Face à la paralysie institutionnelle et structurelle de l’UMA, la configuration actuelle des pays de la région oblige les pouvoirs locaux à revoir leur copie. Pour de nombreux diplomates, l’UMA devrait subir les conséquences directes des changements révolutionnaires opérés sur son flanc oriental.
Les nouveaux régimes vont devoir réactualiser leurs intérêts, cherchant de nouvelles complémentarités et des possibilités d’intégration économique. Les deux grands protagonistes de l’UMA, l’Algérie et le Maroc, se retrouvent engagés dans un processus de réformes, profondes pour l’un, majeures pour l’autre. Des réformes qui pourraient transformer d’une manière palpable les enjeux politiques, économiques et géostratégiques.
Pour les mêmes sources, un sommet de l’UMA, même à titre symbolique et protocolaire, serait un signal fort en direction des Occidentaux, ainsi qu’une meilleure réponse aux déséquilibres des influences qui s’exercent au niveau de la Ligue arabe, phagocytée par l’hégémonisme saoudien et qatari. Cela pourrait conduire à revivifier les autres instruments de cette organisation maghrébine, laissés au point mort.
De plus, l’intérêt de renaissance de l’UMA est exprimée également par les Etats-Unis, voire même par le bloc européen, pour des raisons totalement opposées, les premiers pour des questions sécuritaires et énergétiques, les seconds pour des objectifs économiques et de stratégie dite de voisinage et de proximité.
D’autres analystes estiment que notre pays pourrait garder un rôle capital et moteur dans la dynamisation de l’UMA, étant donné qu’il se positionne au cœur de la zone et qu’il est dans son intérêt de jouer la carte de la stabilité politique dans le pourtour maghrébin et d’une intégration économique graduelle.
Car notre pays souffre durablement des dégradations d’ordre sécuritaire, comme le terrorisme et ses prolongements dans les régions frontalières, ainsi que des conséquences désastreuses de la contrebande et des trafics illégaux en tous genres à travers toutes ses frontières, obérant lourdement notre économie et le Trésor public.
Des experts estiment qu’il existe des possibilités d’intégration réelle dans certains secteurs, comme la distribution des produits alimentaires et énergétiques et le marché des services à travers le maillage des PME-PMI dans l’espace maghrébin.
Une économie préférentielle, telle que pratiquée dans certaines zones dans le monde, servirait de leçon à nos responsables pour relancer l’UMA sur des bases saines. Alors, un sommet de l’UMA serait-il possible bientôt ? Reste à savoir si les désirs des uns et des autres seront compatibles avec la nouvelle proposition marocaine de repenser une UMA nouvelle, loin des dictées françaises, comme celle de la fantomatique UPM, et des exigences ultralibérales des multinationales occidentales.
H. R.