Le nouveau président français et les relations algéro-françaises: La nouvelle donne

Le nouveau président français et les relations algéro-françaises: La nouvelle donne

François Hollande devrait effectuer sa première visite d’État en Algérie. Ses liens privilégiés avec des dirigeants et autres officiels du plus grand pays maghrébin expliquent son engagement, pris à Alger, de reconnaître les crimes commis contre le peuple algérien durant la colonisation française.

Les algériens qui se sont passionnés pour la campagne électorale française ne peuvent que se réjouir de la victoire de François Hollande qui a chaque fois qu’il en a eu l’occasion n’a cessé de rappeler la nécessité de poser d’excellentes relations entre l’Algérie et la France.

François Hollande qui compte dans son staff de nombreux francoalgériens , les plus en vue étant Kader Arif et Fawzi Lamdaoui , a tenu bien avant sa victoire aux primaires socialistes a se rendre en Algérie en visite officielle où il a longtemps été reçu par le président Bouteflika . Il avait même tenu à rendre visite à feu le président Ahmed Ben Bella, marquant son admiration pour l’homme d’histoire mais aussi pour la nécessité d’une relation apaisée entre les deux pays.

Contrairement à Nicolas Sarkozy , qui s’est montré d’une grande ingratitude à l’égard de l’Algérie et qui n’a cessé de courtiser pieds noirs et harkis, pour de bas besoins électoraux. Tout au long de sa campagne, Sarkozy, est allé chasser sur les terres de l’extrême-droite, en courtisant les harkis et les Pieds noirs. Dès le mois de janvier, Nicolas Sarkozy adressait un message fort en direction de cet électorat.

« Je vous affirme que cette année 2012, cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie, sera l’année du souvenir et du recueillement, et sûrement pas celle de la repentance», avait déclaré son ministre de la Défense, Gérard Longuet, avant d’ajouter en direction de l’Algérie, sans la citer : «les hommes et les femmes qui sont partis s’installer en Afrique du Nord (…), loin d’être frappés d’opprobre, méritent notre reconnaissance.

En développant l’économie de ces nouveaux territoires, ils ont oeuvré à la grandeur de la France ». Quelques jours plus tard, le 19 janvier, le Sénat français votait une loi de pénalisation des insultes envers les supplétifs de l’armée française, autrement dit les harkis. Durant quatre mois, Nicolas Sarkozy et ses partisans ont multiplié les déclarations provocantes à l’égard de l’Algérie.

Il a par exemple annoncé publiquement, lors d’un meeting électoral, sa détermination à réviser les accords migratoires de 1968. Mais à Alger, malgré l’agacement, aucun mot, ni déclaration sur la présidentielle française. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia et le patron du FLN, Abdelaziz Belkhadem, ont évoqué la loi sur les harkis mais dans des termes modérés.

Cette neutralité s’explique d’abord par le pacte, incompréhensible, conclu entre les deux capitales lors des visites effectuées en Algérie en 2011, par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, et le patron de l’UMP, Jean- François Copé. Ces deux responsables ont convenu avec Alger de fêter « sans passion» le cinquantenaire de l’Indépendance. Pour tenir cette promesse, le gouvernement algérien s’est même contenté du minimum pour préparer les festivités du Cinquantenaire , qu’il a préfère étaler jusqu’en 2013.

Alger, sur la base de rapports diplomatiques erronés, pensait que les jeux étaient loin d’être faits dans l’élection française, alors que tous les sondages, depuis 15 mois, donnaient Hollande vainqueur de la présidentielle . On ne voulait pas commenter, même indirectement, dans cette campagne au motif fallacieux que l’on voulait éviter de gêner l’un des deux candidats en lice, François Hollande et Nicolas Sarkozy, afin de ne pas compromettre ses relations avec celui qui sera élu.

Alors que des capitales, autrement plus importantes pour Paris, Berlin et Londres ont pris ouvertement parti pour Sarkozy et ont refusé de recevoir le candidat socialiste. Alors que penser d’une prospective dépassée qui marque on ne peut mieux, les errements de la diplomatie algérienne et en particulier à Paris où elle est d’une très grande frilosité pour ne pas dire absente de la scène diplomatique française.

Il a fallu que le Parti socialiste bouscule les usages et envoie à Alger une forte délégation pour marquer à nouveau l’intérêt de François Hollande pour L’Algérie, pardelà les chancelleries et des prudences diplomatiques d’un autre âge. Faut-il penser alors que l’élection de François Hollande , marquera une nouvelle page des relations entre les deux pays, loin des intérêts mercantiles et des discours démagogiques.

M. B