La coopération avec l’Algérie ne peut générer que des bénéfices
Les questions migratoires et la sécurité seront au centre des discussions avec Ould Kablia.
C’est avec un a priori positif que Claude Guéant, le ministre français de l’Intérieur, a atterri à Alger pour une visite officielle. Ce proche de Nicolas Sarkozy ne cache pas sa volonté de renforcer les liens entre l’Algérie et la France dans tous les domaines. Avant son arrivée à Alger, il a même tenu à souligner qu’il avait ouvert la voie à la désignation de Jean-Pierre Raffarin au poste de Monsieur Algérie. Il n’est donc pas étonnant que son homologue algérien, Daho Ould Kablia lui déroule le tapis rouge pendant son séjour dans la capitale. Avec cette disponibilité des deux côtés à négocier sérieusement, il est fort probable que les dossiers importants puissent enregistrer quelque évolution. Que ce soit au niveau des échanges économiques, des conditions de séjour des Algériens, des Accords de 1968 ou encore de la sécurité et du Printemps arabe, les deux pays tenteront de continuer à rapprocher leurs points de vue et à résorber leurs différences. Le ministre français rappelle bien que les relations bilatérales ont connu une période de froid qui s’est étalée sur deux ans avant que les deux pays ne consentent à s’échanger des visites d’hommes d’Etat. Même le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia a visité la France récemment pour aborder des sujets liés à la sécurité. Tous ces dossiers n’ont pas seulement une portée technique car ils relèvent surtout d’une volonté politique affichée des deux côtés de la Méditerranée pour maintenir les relations bilatérales dans un excellent état et au niveau le plus haut de l’Etat. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci sera également à Paris cette semaine pour exposer le point de vue de l’Algérie sur le dossier des révoltes arabes. Les négociations vont également bon train à propos de la sécurité au Sahel car la France est intéressée au plus haut point du fait que ses ressortissants ne cessent d’être les cibles de rapts par les éléments d’Aqmi.
La France est également un partenaire économique de premier plan. Ses sociétés ont bien réalisé des projets importants notamment si l’on se réfère au secteur des transports avec le métro et le tramway d’Alger. On en veut pour preuve le fait que la répartition des sociétés inscrites au registre du commerce, selon la nationalité du gérant à fin septembre dernier, montre que les sociétés françaises dominent avec 1 324 sociétés (19,8%). Elles sont suivies de loin par les entreprises syriennes 816 (12,2%), chinoises 639 (9,56%), égyptiennes 505 (7,5%) et turques 473 (7,07%). Ouvrir les portes à l’investissement français peut avoir des conséquences sur l’emploi et la création des richesses si toutes les commodités lui sont offertes. C’est là un impératif pour un partenariat gagnant-gagnant. Avoir un partenaire fiable au sud de l’Europe peut donc se révéler payant pour l’Algérie. A condition de ne pas assombrir un ciel bleu avec les questions de la mémoire. A quelques mois de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, la demande de la repentance peut surgir à nouveau aux avant-postes des revendications politiques. La France a déjà reconnu par le biais de son président Nicolas Sarkozy que le colonialisme était effectivement contraire aux principes de la République. Il n’est pas allé jusqu’à la repentance. Il estime, peut-être, avec bien des Algériens, que c’est une blessure qu’il appartient au temps de cicatriser.
Avec des hommes de droite comme Guéant, disponible au dialogue, il est opportun que l’Algérie profite de cette embellie pour tenter d’améliorer le sort des Algériens en France et de regarder vers l’avenir. Il y a de grandes chances pour que le prochain quinquennat d’un président français issu des élections de 2012 soit celui de l’approfondissement des relations entre les deux pays.
Pour l’Algérie, le fait d’avoir quasiment un voisin au nord est susceptible de conforter sa singularité car il reste pour l’instant le seul pays à ne pas tomber entre les mains de l’islamisme au moment où les gouvernements à nos frontières sont acquis à la vague verte.
Ce particularisme pousse les Occidentaux à voir dans l’Algérie un interlocuteur capable de faire valoir leurs intérêts communs en dehors de toute pression idéologique. A travers la France, c’est en effet, toute l’Europe qui se réjouit de dialoguer avec un allié stable, ne serait-ce que pour stopper les assauts des terroristes. La haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, ne se trompe pas lorsqu’elle considère que la coopération avec l’Algérie ne peut générer que des bénéfices.