De hauts responsables des forces armées royales, de la gendarmerie, du ministère de l’Intérieur…se sont réunis en conclave à Oujda pour mettre en oeuvre ce gigantesque projet.
Qu’en est-il au juste? Motus et bouche cousue du côté de Rabat. Un silence qui confirme la volonté du Makhzen de se claquemurer. Pour sans doute mieux se complaire dans une rôle de victimisation. Une stratégie élaborée pour justifier ses campagnes haineuses contre l’Algérie et sa position sur le Sahara occidental. Pour mieux réprimer certainement. Un drame que le pouvoir marocain voudrait voir se jouer à huis clos. Le prétexte est cette fois-ci différent.
Le Maroc envisage d’ériger un mur de 450 km le long de sa frontière avec l’Algérie pour lutter contre l’immigration clandestine: subsaharienne en particulier. Le territoire algérien étant une étape incontournable pour ces candidats à «l’exil forcé» dont l’Europe reste la destination ultime: un eldorado qui dans leur subconscient représente la solution adéquate à leur triste sort, la fuite de la misère, de la famine, les conflits armés…Ces populations, le Maroc n’en veut pas comme il refuse aux Sahraouis le droit d’avoir une patrie.
Alors il décide d’ériger un mur pour se protéger de ce phénomène international comme il a édifié ce «mur de la honte» long de 2 720 km pour attester de sa volonté de mainmise sur le Sahara occidental. Mohammed VI joue à se faire peur. Le souverain marocain a pour crédo de brandir la carte de la menace de l’intégrité territoriale à chaque fois qu’il s’agit de cette question. Le Maroc occupe le Sahara occidental qui figure pourtant sur la liste des territoires non autonomes depuis 1963 que l’Organisation des Nations unies considère comme non décolonisés.
Une injustice qui doit suffire pour expliquer le socle sur lequel s’est bâti la paranoïa du pouvoir marocain. De qui a-t-il peur? De l’Algérie qui reçoit des tonnes de drogue en provenance du territoire chérifien? Du trafic de carburant qui prive l’Algérie d’un appoint financier notoire sorti tout droit de son sous-sol? «Nous avons 1,5 milliard de litres qui sortent du pays d’une manière illégale. Cela représente une perte d’un milliard de dinars», avait déclaré, le 22 juillet à El Oued, le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi. De quoi faire tourner 600.000 véhicules. Une semaine auparavant, le 14 juillet, l’ex-ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait indiqué que près de 25% de la production nationale de carburant «sont exportés illégalement» vers les pays voisins.
Pourquoi le Maroc n’a-t-il pas pris des décisions pour faire échec à ce type de contrebande? La raison est simple. Le carburant pompé puis acheminé des stations-service des wilayas de l’Ouest algérien frontalières avec le Maroc, s’y vend au noir à moitié prix (4 dirhams le litre au lieu de 8,4 dirhams). Un business juteux qui s’est enraciné dans les grandes villes du Maroc: Rabat, Meknès… Il permet en outre de maintenir la paix sociale au Maroc oriental. Une région qui souffre du chômage et de disparités flagrantes. «70% de l’économie de la région du Maroc oriental dépendent de la contrebande et nous estimons le chiffre d’affaires moyen de cette activité à 6 milliards de dirhams par an. Le secteur informel emploie plus de 10 000 personnes et couvre l’essentiel des besoins de consommation», avait reconnu la Chambre de commerce, d’industrie et de services d’Oujda dans une étude qui avait été consacrée à la pratique du commerce illégal.
«Il existe à Fès des entrepôts quasi officiels de carburants de contrebande et certains souks offrent des rendez-vous hebdomadaires pour se ravitailler, au vu et su de tout le monde», a confié, de son côté le président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM), Adil Ziady au premier quotidien économique marocain L’Economiste. Des arguments qui confirment que derrière ce projet d’édification d’une muraille de près de 500 km de frontière partagée avec l’Algérie se cachent probablement quelques arrière-pensées…