Le discours complet du premier ministre Ahmed Ouyahia à l’université d’été du fce

Le discours complet du premier ministre Ahmed Ouyahia à l’université d’été du fce

Bismillah Errahmane Errahim

Monsieur le Président du Forum des Chefs d’Entreprises,

Monsieur le Secrétaire Général de l’UGTA,

Madame et Messieurs les Présidents des organisations patronales,

Madame et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les Membres du Forum des Chefs d’Entreprises,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs

Je voudrai tout d’abord vous remercier d’avoir invité le Gouvernement à l’Université d’été du Forum des Chefs d’Entreprises.

Je suis personnellement honoré de m’adresser à cette distinguée assemblée et de débattre avec ses membres. Mes collègues ministres ne manqueront pas aussi de saisir l’opportunité de leur participation aux ateliers de votre Université, pour faire de même.

Notre plaisir d’être avec vous ici, se renforce également du fait que nous sommes politiquement dans le même camp, le camp de l’Algérie, le camp de ceux qui respectent les institutions de l’Etat, à leur tête le Président Abdelaziz BOUTEFLIKA.

Je voudrai remercier l’UGTA et l’ensemble des Organisations patronales pour leur motion de soutien qui vient d’être lue à l’endroit de M. le Président de la République. Cette motion vient en droite ligne avec l’attitude de la grande majorité de notre peuple, qui ne manque aucune occasion de réitérer son soutien, son appui, son respect et même son affection au Président Abdelaziz BOUTEFLIKA.

Cette communion du peuple avec son Président est la conséquence logique de la politique mise en oeuvre depuis 18 années, une politique grâce à laquelle la paix est revenue dans le pays, le développement humain s’est densifié partout, alors que le développement économique a connu un essor réel.

Et c’est du développement économique et de la place qu’y occupe l’entreprise, que je vous entretiendrai à présent.

Monsieur le Président du Forum des Chefs d’Entreprises,

Monsieur le Secrétaire Général de l’UGTA.

Mesdames, Messieurs,

Depuis l’année 2000, l’Etat a engagé plus de 36.000 milliards DA en investissements publics.

Ce montant colossal a permis la livraison de dizaines de milliers d’équipements pour satisfaire les besoins de la population dans tous les volets du développement humain, qu’il s’agisse de l’enseignement, de la santé, ou du logement par exemple.

D’importantes infrastructures de base ont également été réalisées pour améliorer les conditions de l’investissement et du développement économique.

La dépense publique d’équipement a également constitué l’essentiel du plan de charge de nos entreprises, même si, à notre grand regret, une part des montants engagés n’a pu être captée par les entreprises locales qui n’ont pas su se renforcer.

Parallèlement, les Pouvoirs publics ont mis en place une législation attractive pour la promotion de l’investissement ainsi que diverses mesures de soutien à la création et à l’extension des entreprises dans tous les secteurs.

Certes, il est d’usage pour certains de dire que le climat des affaires n’est pas parfait dans notre pays. Il y a sans doute une part de vrai dans une telle affirmation. Mais, dans le même temps, je voudrai rappeler quelques réalités nationales dans ce domaine :

1° : Nous sommes l’un des rares pays au monde à accorder d’importants avantages fiscaux aux investissements, qui peuvent même atteindre 15 années entre la réalisation et l’exploitation dans les régions du Sud et des Hauts Plateaux.

2° : Nous sommes le seul pays au monde à prendre en charge les allocations des enfants de tous les travailleurs même ceux du secteur privé et même ceux des entreprises étrangères.

3° : Nous sommes le seul pays au monde à maintenir délibérément les taux d’intérêts en dessous du taux d’inflation et même à les bonifier de moitié, au profit de l’investissement.

4° : Nous sommes parmi les rares pays au monde à soutenir financièrement le recrutement des primo-demandeurs d’emplois.

Cette politique a donné des résultats, à l’image de l’entrée en activité de plus de 50.000 nouvelles petites et moyennes entreprises recensées par l’ANDI qui ont bénéficié des soutiens publics et qui ont créé des centaines de milliers d’emplois permanents.

Mieux, la décentralisation du traitement des dossiers d’investissements a eu pour résultat l’émergence d’un esprit d’entreprenariat dans toutes les wilayas du pays. Ainsi, durant les seuls 09 premiers mois de l’année en cours, près de 4000 nouveaux dossiers d’investissements ont été introduits auprès des guichets uniques de l’ANDI dans les 48 wilayas.

Je signalerai également une autre donnée réjouissante : 24% de ces dossiers ont été engagés au niveau des wilayas des Hauts Plateaux, et 13% au niveau des wilayas du Sud. Tout cela veut dire que l’investissement et les entreprises sont devenus des acteurs dans la politique

nationale d’aménagement du territoire.

Monsieur le Président du Forum,

Monsieur le Secrétaire Général de l’UGTA,

Mesdames, Messieurs,

La construction nationale que l’Algérie mène sous la direction du Président Abdelaziz BOUTEFLIKA, s’est retrouvée menacée, ces dernières années, par l’impact brutal de la chute des prix des hydrocarbures sur le marché mondial.

Les entrepreneurs que vous êtes peuvent imaginer quelle serait la situation de toute société qui perdrait brutalement 50% de son chiffre d’affaires, et c’est bien ce qui est arrivé à notre pays.

D’ailleurs, même les entreprises ont ressenti l’impact de ce choc financier, à travers la baisse des investissements publics, ou les retards dans le paiement des entreprises ayant fourni des prestations à l’Etat et ses démembrements, ainsi que la baisse de la disponibilité du crédit bancaire au profit des projets d’investissements.

Grâce à Dieu et aux orientations de M. le Président de la République, notre pays a mis en place une démarche qui lui permettra de surmonter cette crise financière et de ne pas exposer à une régression grave, le bien être social des citoyens et l’économie du pays.

La solution financière est désormais là avec le recours par le Trésor public à l’emprunt auprès de la Banque d’Algérie. Le dépassement véritable de la crise économique et financière à l’issue de quelques années nécessite aussi, des réformes que le Gouvernement mènera. Un tel défi nécessite également une participation active des travailleurs et des entrepreneurs, aux côtés de l’Etat, et du reste des citoyens.

C’est là tout le sens de l’appel de M. le Président de la République lors du Conseil des Ministres du 6 Septembre dernier, aux partenaires économiques et sociaux « pour mobiliser toutes les énergies et créer de nouvelles ressources complétant celles du pétrole en vue de

préserver à long terme l’indépendance financière de l’Algérie et sa souveraineté sur le plan économique ».

Cet appel présidentiel a rapidement reçu un écho engagé de la part de l’Union générale des Travailleurs Algériens et de l’ensemble des organisations patronales privées et publiques, écho positif exprimé dans une Déclaration conjointe.

Pour sa part, le Gouvernement, agissant dans l’esprit de notre cadre tripartite, souhaite saisir cette tribune pour vous faire part de quelques unes des mesures qu’il a arrêtées en appui au développement de l’économie nationale et de l’entreprise locale, et pour vous faire part aussi de l’attente des pouvoirs publics, quant à une plus grande implication des entreprises dans toute la chaine de développement économique.

Monsieur le Président du Forum,

Monsieur le Secrétaire Général de l’UGTA,

Mesdames, Messieurs,

Comme vous l’avez relevé dans le Plan d’Action du Gouvernement et dans l’actualité de ces derniers jours, le Gouvernement entend mener plusieurs réformes pour améliorer le climat des affaires y compris par la modernisation du système financier. Ce système financier vient

d’ailleurs de connaître l’introduction des produits de la finance islamique, qui sera bientôt suivie de l’avènement des bons du Trésor conformes à la Charia.

Mais par delà ces mesures organisationnelles, le Gouvernement a déjà pris et prendra dans les prochaines semaines, une série de décisions de portée économique parmi lesquelles les 10 mesures suivantes :

1° : La relance de l’investissement public avec, en 2018, un budget d’équipement de plus de 4000 milliards DA, en hausse de plus de 1000 milliards DA comparativement à 2017. Ces crédits comporteront près de 250 milliards DA directement destinés au développement local.

Le budget pour l’année prochaine comprendra également plus de 260 milliards DA destinés à la bonification des taux d’intérêts.

2° : La remise en activité de l’intense programme de soutien à l’agriculture décidé par M. le Président de la République en 2009, et malheureusement contrarié par la crise financière ces dernières années.

3° : L’allègement au niveau des banques, du poids des créances détenues sur l’Etat par des organismes économiques (telles que la Sonatrach et la Sonelgaz) ainsi que du poids du financement du logement promotionnel. Ce faisant, des montants très importants de liquidités seront de nouveaux disponibles pour les crédits bancaires à l’investissement.

4° : La réactivation du Fonds National de l’Investissement pour accompagner des investissements majeurs.

5° : Le maintien de l’ensemble des mesures de soutien à l’investissement et de bonification des crédits bancaires à l’investissement.

6° : La réalisation, dans un délai maximum d’une année, des 50 nouvelles zones industrielles, sous la responsabilité directe des walis, auprès desquels l’opération a été décentralisée.

7° : Une décentralisation accrue au niveau des wilayas, de tous les actes et procédures liées aux investissements, qu’il s’agisse des démarches au niveau des Guichets uniques locaux ou qu’il s’agisse de l’accès au foncier industriel.

8° : Le rétablissement de la priorité à la production nationale dans le cadre de la commande publique, conformément au Code des marchés publics en vigueur.

9° : Le recours aux appels d’offres nationaux pour toute réalisation publique. Le recours aux entreprises étrangères deviendra ainsi l’exception.

10° : La mise en place de mesures de sauvegarde du marché national, pour réduire le volume des importations et préserver les réserves de changes, mais aussi pour permettre à la production nationale et à l’entreprise nationale de se réapproprier le marché local.

Monsieur le Président du Forum,

Monsieur le Secrétaire Général de l’UGTA,

Mesdames, Messieurs,

Parallèlement à ces mesures que je viens de vous annoncer au profit du développement économique et particulièrement au profit de l’entreprise locale, je voudrai à présent vous faire part des contributions et initiatives que le Gouvernement attend des entreprises et des

organisations patronales. Et à ce sujet, je citerai 07 questions :

1° : Nous aider à bien connaître la production nationale pour savoir avec exactitude les domaines dans lesquels elle couvre la demande locale ;

2° : Travailler, en collaboration avec nos administrations, notamment locales, à l’établissement d’une carte économique du pays, wilaya par wilaya afin d’identifier les opportunités d’investissements qui existent ainsi que les créneaux réellement saturés ;

3° : Contribuer à la réalisation ou à la réhabilitation, ainsi qu’à la gestion des zones industrielles, que les pouvoirs publics sont prêts à mettre sous l’autorité des opérateurs qui y travaillent pour peu que ces derniers s’organisent à cette fin ;

4° : Investir dans le développement de chaines de distributions locales de la production nationale, manufacturée mais aussi agricole. C’est par ces méthodes modernes que le marché sera mieux régulé et que le producteur, y compris l’agriculteur, pourra travailler avec de la

visibilité dans ses débouchés ;

5° : Investir dans les différents créneaux de la chaine d’exportation de la production nationale : nous devons avoir demain des entreprises de prospection des marchés extérieurs, de packaging, d’affrètement de transport de fret, et même des entreprises privées de transport

aérien ou maritime de fret.

6° : Participer à la formation de la main d’oeuvre qualifiée par l’octroi de stages aux élèves des centres publics de formation, mais aussi par la création d’écoles privées des métiers selon les besoins des opérateurs.

7° : Participer à la Recherche/ Développement en entreprise pour améliorer la qualité de leurs produits et de leurs prestations de sorte à aller à la conquête de marchés extérieurs.

En conclusion de cette intervention, et en attendant vos questions et remarques, je voudrai vous assurer, Mesdames et Messieurs que le Gouvernement sera toujours à votre service, entrepreneurs et travailleurs, pour construire ensemble cette Algérie qui avance.

Je vous remercie de votre aimable attention.