Le commandant d’Africom à Alger,Soutien diplomatique à l’Algérie

Le commandant d’Africom à Alger,Soutien diplomatique à l’Algérie
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Même s’ils refusent de reconnaître officiellement leur ingérence dans la région du Sahel, les Etats-Unis ne peuvent cacher leur souci de tout savoir sur ce qui se passe dans cette zone où la menace d’Al Qaïda au Maghreb islamique est grande, et des divergences entre les pays concernés sont constatées avec notamment ceux qui cèdent aux chantages des terroristes dans les affaires de prises d’otages et ceux qui résistent.

Dans ce cadre, le général Carter Ham, Haut Commandant des forces américaines pour l’Afrique (Africom) est depuis mardi à Alger. Pour rappel, Alger s’est toujours opposée à l’implantation de cette base militaire américaine en Algérie. Le commandement est basé actuellement à Stuttgart, en République fédérale d’Allemagne.



Le représentant de Washington est à Alger pour obtenir toutes les informations sur le Sahel. D’ailleurs, dans le communiqué du ministère des Affaires étrangères il est indiqué que le responsable américain a évoqué avec Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, la situation qui prévaut dans la région du Sahel ainsi que les développements de la crise libyenne, sachant que sur ce dernier point les visions ne sont pas partagées entre les deux pays, notamment en ce qui concernes les opérations militaires de l’Otan qui alourdissent le nombre de victimes en Libye, sans oublier le risque sécuritaire engendré par la situation dans ce pays voisin.

Dans ce contexte, le commandant du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), le général de corps d’armée Carter F. Ham a affirmé hier à Alger qu’il n’existait pas de mercenaires envoyés par l’Algérie en Libye. Lors d’une conférence de presse organisée à l’ambassade des Etats-unis, il dira : «Je n’ai rien vu d’officiel ou de rapport qui fasse état de l’envoi par l’Algérie de mercenaires en Libye». Voilà un soutien diplomatique à l’Algérie, ciblée par des parties qui l’accusent d’ingérence dans la crise libyenne. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait accusé dans ce cadre «des lobbies marocains» installés aux USA. Toutefois, le commandant américain a eu droit à un exposé sur les résultats auxquels à abouti la réunion de Bamako, le 20 mai dernier, qui a regroupé l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, en particulier le volet relatif à la coopération avec les partenaires pour le renforcement des capacités d’appropriation de la lutte antiterroriste par les pays du champ.

S’agissant de la Libye, M. Messahel a développé l’approche africaine pour le règlement de la crise libyenne, traduite par la feuille de route africaine, «expression du consensus des pays du continent, et qui fait prévaloir, la logique de la paix sur celle de la guerre et préserve la souveraineté du peuple libyen y compris son droit à choisir librement ses institutions».

Ce n’est pas tout, les Américains tiennent également à comprendre les réformes politiques engagées par le président Bouteflika.

A ce titre, M. Messahel a informé le Commandant en chef de l’Africom des réformes politiques initiées par le président de la République «pour approfondir le processus démocratique en Algérie et consolider les institutions afin de leur permettre de répondre aux aspirations du peuple algérien au développement économique et au progrès social».

En outre, le commandant américain a été reçu par le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaizia. Selon un communiqué de ministère de la Défense, les entretiens ont porté sur «des questions d’intérêt commun».

Les Etats-Unis veulent améliorer l’assistance américaine aux pays africains et tiennent dans ce cadre à prendre en considération les conseils des autorités algériennes. Il faut rappeler que lors de la dernière réunion des pays du Sahel tenue à Bamako, l’Algérie a été chargée de contacter les USA et l’Union africaine pour l’organisation d’un congrès régional cet été autour de la question du terrorisme dans le Sahel.

Depuis maintenant plus de deux ans, des responsables américains relevant du département sécurité défilent à Alger, sachant que Washington s’est fixé pour objectif, depuis les événements du 11 septembre 2001, la lutte contre le terrorisme là où il se trouve. Les Etats-Unis sont intéressés par le rôle stratégique que peut jouer l’Algérie dans la répression de la montée du terrorisme dans la région du Sahel, une région dont les enjeux géo-stratégiques et économiques sont énormes pour les puissances occidentales, à l’instar des USA.

Par Nacera Chenafi