Gazon maudit et adversaires dégonflés. La rencontre de football entre l’équipe algérienne de football et la sélection camerounaise qui s’est déroulée mardi 15 novembre a tourné au grand spectacle. Faute d’un adversaire camerounais qui a refusé de rallier l’Algérie pour de cause de primes non-payées, les responsables de la fédération algérienne de football ont du faire à l’improviste.
Pour palier à la défection de l’équipe camerounaise, le sélectionneur de l’équipe d’Algérie, Vahid Hallilhodzic, a donc dû aligner sur le terrain du stade du 5 juillet d’Alger, deux équipes nationales.
Les titulaires contre les remplaçants.
Au terme d’une rencontre terne et sans enjeu, les joueurs revêtus de maillots blancs ont remporté le match contre leurs co-équipiers vêtus de vert par 4 buts à 1.
Toutefois, le clou du spectacle n’était pas dans la prestation des Verts et Blancs, mais dans la pelouse elle-même.
C’est que ce gazon était tout sauf praticable.
Sèche par endroits, boueuse et décollante par d’autres, la pelouse du stade du 5 juillet ressemblait ce mardi soir à un champ de blé en jachère.
Et pourtant, ce gazon maudit aura coûté plus de 11 milliards de centimes au contribuable algérien.
Comment est-ce possible ?
La réfection de la pelouse du Stade du 5 juillet avait été confiée en 2008 à une entreprise hollandaise dénommée Queens Grass.
Spécialisée dans le revêtement de terrains de football, Queens traine une réputation internationale plutôt irréprochable.
Présente principalement en Europe, elle a obtenu les marchés de la réfection de plusieurs stades de renommée internationale, notamment celui du Stade de France, à Paris, celui de San Siron, à Milan et l’Old Trafford, le mythique stade de Manchester United.
Et c’est donc Queens Grass qui a été choisie en 2008 par les responsables algériens pour refaire la pelouse du 5 juillet. Pour un montant de 11 milliards de centimes.
Avec en prime, l’obligation de former des techniciens algériens pour prendre le relais une fois le contrat achevé. Signé en 2008, le contrat courrait sur une période de 24 mois.
L’entreprise hollandaise s’acquitte de sa tâche.
La pelouse est posée et le stade, fermé depuis le 31 janvier 2008, est réouvert à la compétition.
C’est ainsi que Nourdine Belmihoub, directeur du complexe olympique (OCO) qui gère notamment le stade du 5 juillet, peut se féliciter de l’état de la pelouse.
« Le gazon du stade du 5 Juillet se trouve en bon état et tout est réuni pour permettre aux joueurs d’évoluer dans les meilleures conditions et d’offrir un beau spectacle aux amateurs de la balle ronde », affirmait-il en janvier 2011.
Sauf que rien n’est vrai. La pelouse est défectueuse et le stade a été fermé à maintes reprises pour de nouveaux travaux de rénovation. Plusieurs matchs comptant pour le championnat national, prévus dans ce stade, ont dû être annulés en raison justement de l’état calamiteux du gazon.
La démonstration aura été faire ce mardi lors de ce match inédit entre Verts et Blancs de la même sélection nationale.
A qui incombe la faute ? A l’entreprise hollandaise ? Aux responsables de l’OCO, ou au sous-traitant algérien qui a pris le relais de Queens Grass ?
Chacun se renvoie la balle.