Pour le Premier ministre turc Erdogan, Sarkozy cherche des voix en attisant islamophobie et turcophobie. Jeudi, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à pénaliser la négation des génocides, notamment le génocide arménien.
La Turquie a décidément du mal à digérer l’adoption par l’Assemblée nationale française d’une proposition de loi pénalisant la négation des génocides. Ce vendredi, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé la France d’avoir commis « un génocide » en Algérie. « On estime que 15% de la population algérienne a été massacrée par les Français à partir de 1945. Il s’agit d’un génocide », a déclaré M. Erdogan lors d’une conférence. Il a également ajouté que Nicolas Sarkozy cherche des voix en attisant islamophobie et turcophobie.
L’ambassadeur de Turquie à Paris, Tahsin Burcuoglu, a quant à lui quitté la France ce vendredi matin au lendemain de la suspension par Ankara de sa coopération politique et militaire avec Paris, a indiqué le porte-parole de la représentation diplomatique Engin Solakoglu.
« L’ambassadeur est rentré pour consultations. Il a pris avec sa famille le vol de 07h40 », et sera en Turquie dans l’après-midi, a déclaré Engin Solakoglu.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a ordonné jeudi la suspension des visites bilatérales, le rappel pour consultations de l’ambassadeur de Turquie en France et ajouté que « les exercices militaires communs avec la France et toutes les activités militaires avec ce pays avaient été annulés » pour protester contre l’adoption de ce texte. La Turquie menace aussi la France de sanctions économiques.
Paris « regrette » les décisions de la Turquie, a déclaré dans la soirée le chef de la diplomatie française Alain Juppé, appelant Ankara à ne pas « surréagir ».
Prison et amende pour la négation d’un génocide
Selon l’ambassadeur turc qui s’exprimait jeudi soir après l’annonce de son renvoi, son homologue français à Ankara ne sera pas rappelé pour consultations. Ce dernier, avait indiqué le chef de la diplomatie Alain Juppé, se trouve actuellement en vacances en France.
Malgré les nombreux avertissements d’Ankara qui a dépêché plusieurs délégations à Paris, les députés français ont voté jeudi une proposition de loi pénalisant d’un an de prison et 45 000 euros d’amende la négation d’un génocide reconnu par la loi, comme l’est depuis 2001 en France le génocide arménien de 1915, qui a fait 1,5 million de morts, selon les Arméniens.
La Turquie reconnaît que jusqu’à 500 000 Arméniens sont morts pendant des combats et leur déportation, mais non pas par une volonté d’extermination.
Pour entrer en vigueur, la proposition de loi devra cependant aussi être adoptée par le Sénat, ce qui pourrait prendre plusieurs mois.