La situation économique l’exige : “des compétences pour gérer une transition ne dépassant pas 12 mois”, selon Benbitour

La situation économique l’exige : “des compétences pour gérer une transition ne dépassant pas 12 mois”, selon Benbitour

Ahmed Benbitour a expliqué mercredi qu’il faut aller vers des élections dans les plus brefs délais vue que la situation économique du pays ne tolère plus de retard sur l’agenda de la refonte de l’Etat en réponse aux attentes de la population qui revendique un changement rapide du système et les exigences de l’ardoise économique en souffrance.

Avec les prémices d’un dialogue, l’invité suggère qu’« il faut définir d’abord le dialogue car ce dernier peut partir de sujets théoriques que réels », rappelant que « les marches appellent à un changement radical du système et à mon avis nous ne sommes plus dans l’étape du dialogue mais celle de la négociation pour le changement de tout le système de gouvernance et répondre ainsi positivement aux revendications de la population ».  

Sans préciser les négociants, Il insiste à dire qu’« il faut négocier pour se mettre d’accord comment changer le système de gouvernance ».

A ce titre, l’invité de la rédaction de la chaine 3, M. Benbitour estime que « les marches du hirak ont apporté un élément très positif qu’il faut comptabiliser pour regarder l’avenir d’une autre manière », ajoutant que « cette attitude, à féliciter au demeurant, a permis de repenser le pays or les tenants du pouvoir regardaient cette population comme étant arriérée et inapte à la politique ».

« Les marches ont démontré que nous ne sommes plus dans le paternalisme et l’autoritarisme, donc il ya des éléments positifs qui suggèrent de féliciter les marcheurs pour avoir obtenu à ces résultats », relève-t-il. 

Il faut dire, que le hirak a compris qu’en face de l’empêchement du cinquième mandat il n’y a rien de changé fondamentalement qui puisse répondre aux attentes de la population.

Une population, qui, hors pan des courtisans des cercles proches du pouvoir, est exclue d’une démocratie participative  a fini par faire comprendre qu’en face  de l’empêchement du cinquième mandat il n’y a rien de changé fondamentalement qui puisse répondre aux attentes de la société.

Abondant dans l’analyse, l’ancien chef de gouvernement estime que la société chavirait  dans des maux comme la perte de morale collective, se débattait dans la violence pour régler les problèmes, la corruption généralisée, l’individualisme (Takhti rassi) et le fatalisme (Allah ghaleb). Ce qui l’amenait, à dire déduire qu’avec un tel niveau de comportement de la société il est clair, dit-il, qu’on ne peut aller plus loin.

« Il se trouve qu’a près 3 mois de hirak d’aucuns ont remarqué que ces maux ont disparu », a-t-il déduit.

« Ces comportements, explique Ahmed Benbitour, sont dus beaucoup plus au système de gouvernance que des caractères innés dans la société pour peu que le travail nécessaire à faire suppose que ce comportement devient exemplaire pendant toutes les heures de la journée et pendant toutes les journées de l’année. »    

S’agissant de la gouvernance, l’orateur y souligne trois éléments la caractérisant par le passé citant « l’autoritarisme, le patrimoinélisme » qui considéraient la société, en dehors des privilégiés du système, comme étant une société arriérée non apte à la politique. Il ajoute que « de par le paternalisme, le chef se comporte en relation directe tel un père avec le peuple affaiblissant par conséquent, volontairement ou non, les institutions intermédiaires qui sont le gouvernement, le parlement et les administrations ».

Comment sortir de la crise ?

A la question de comment refonder un nouveau système et décortiquer un système en place depuis 60 ans ? Il explique qu’il y a trois niveaux de programmes à mettre en place.

Il y a d’abord un niveau pour la refondation des institutions c’est-à-dire la refondation de l’Etat et de l’administration locale, l’administration régionale, l’administration centrale et l’administration aux frontières. Tout ceci doit être revu pour être au service du citoyen de façon correcte et cohérente comme ça se passe un peu partout dans le monde.

Un niveau de programme pour le comportement individuel et collectif. Et là, il faut avoir en point de mire aussi la refondation de l’école à l’optique de la démocratisation de l’accès de l’école et la sortie de 300 mille diplômés qui peuvent être une force extraordinaire au service du développement du pays. Le contraire sera catastrophique si cette force est en chômage aujourd’hui et sans retraite demain. De là, on a la voie de sortir de ce comportement individuel et collectif correct.

Un niveau de programme pour les politiques sectoriels qui s’occupe de toute la politique de l’agriculture sachant que l’on importe 75% des calories que nous consommons. Or si l’on regarde le potentiel agricole du pays ça serait difficile d’accepter qu’on puisse rester avec cette dépendance  à l’extérieur en ce qui concerne ce que nous consommons. Auquel il faut ajouter l’économique dont le secteur touristique, celui des services, l’industrie, l’énergie, estimant détenir les détails de ces programmes.

Transition ou report d’élection présidentielle ?

Jugeant, l’élection temporellement irréalisable vue le manque de candidats, M. Benbitour fait appel à un gouvernement technocrate, un programme de communication important pour expliquer à la population une certaine politique d’austérité à partager vue la situation économique difficile à supporter à partir de l’an 2021 quand il n’y aura plus de réserve de change.

« Alors qu’on l’appelle transition ou report d’élection il ne faut pas perdre de vue la crise économique patente due à la balance économique en difficulté et le système monétaire des payements, hors emprunt,  dans un réel embarras auxquels ils faut absoudre des solutions durables », insiste-t-il à dire.

Face à ces exigences, il appelle à une durée du report qui doit être suffisante pour l’application de ces programmes urgents et qu’elle ne dépasserait pas une durée de 8 à  12 mois.