«C’est une atteinte intolérable à la mémoire de nos martyrs. Les autorités marocaines peuvent présenter autant d’excuses qu’elles veulent…Je ne suis pas prête à passer l’éponge» nous a déclaré Nedjma.
La rue algérienne est furieuse. Blessée. De Maghnia à Annaba, de Tamanrasset à Alger la vox populi s’indigne contre l’acte inqualifiable perpétré contre notre représentation diplomatique à Casablanca le jour où l’Algérie rendait hommage à ses martyrs. A ceux qui l’ont libérée de 132 années de domination coloniale inhumaine, de la spoliation, des humiliations, de la ségrégation, des violences, de la torture, du napalm et des enfumades. C’est ce jour qu’a choisi le souverain marocain pour malmener ce qui rassemble tous les Algériens, ce qui symbolise la Révolution algérienne, leur liberté, leur bien commun: le drapeau algérien. Ce trésor légué à la génération d’aujourd’hui, celle de demain et des siècles à venir par Ben M’hidi, Didouche Mourad, Hassiba Ben Bouali, Ali la Pointe, Krim Belkacem, Amirouche, Zighout… Ce symbole, qui a forgé l’identité nationale, autour duquel de jeunes hommes et des jeunes femmes ont fait le serment de libérer l’Algérie, de mettre à genoux la quatrième puissance militaire de la planète en donnant leur vie. C’est ce serment que vient de piétiner le Makhzen. C’est cette mémoire pas encore cicatrisée que vient de titiller le trône marocain. Sadique. Un trône marocain qui nous avait habitués à un autre discours, à l’occasion de la commémoration de ce jour sacré. C’est ce jour, qu’a choisi un triste individu sujet de sa majesté, chauffé à blanc par le discours «guerrier» de son roi prononcé le 12 octobre, qui visait l’Algérie, pour souiller de ses mains sales l’emblème national. «Un acte que je ne pardonnerai jamais» nous a confié Rachid, un jeune étudiant que nous avons approché, dans le cadre d’un micro-trottoir, alors qu’il était attablé autour d’une limonade dans un café de la capitale. «C’est une atteinte intolérable à la mémoire de nos martyrs. Les autorités marocaines peuvent présenter autant d’excuses qu’elles veulent…Je ne suis pas prête à passer l’éponge» ajoute dans le même sens Nedjma, une voisine de
table, visiblement choquée par ce geste aussi inattendu qu’indélicat. «J’avais les larmes aux yeux, lorsque j’ai vu les images de cet individu triturer et malmener notre drapeau sous le regard complice de policiers marocains qui étaient censés protéger notre ambassade et nos consulats…» nous a avoué abattu, Yacine. En plus de ces blessures réveillées par ce geste irresponsable, le Maroc vient très certainement de reporter la question de l’ouverture des frontières avec l’Algérie aux calendes grecques, comme il vient du coup d’enterrer la construction de l’Union maghrébine pour probablement au moins une génération. Il va falloir s’attendre pour notre voisin de l’Ouest à ce que l’Algérie prenne des décisions qui vont réduire les relations et les échanges bilatéraux, autant sur le plan économique que culturel. Une réaction musclée de la part des autorités algériennes est attendue par de nombreux observateurs d’autant plus que le Maroc ne s’était pas gêné d’intervenir militairement en 1963, au lendemain de l’indépendance pour tenter d’annexer des territoires algériens. Comme il avait organisé une véritable chasse aux Algériens résidant au Maroc au lendemain de l’attentat qui a ciblé le 24 août 1994 l’hôtel Asni à Marrakech accusant l’Algérie qui faisait face à des actes terroristes d’une extrême sauvagerie, d’être derrière cet événement qui allait se traduire par l’instauration de visas pour nos compatriotes désirant se rendre au Royaume. L’affaire de l’emblème national arraché avec rage du consulat de Casablanca témoigne du degré de haine que voue le trône marocain à l’Algérie. Il précède la venue du patron de la diplomatie américaine en Algérie, qui est très sensible à la question du respect des droits de l’homme. Un domaine où il a épinglé de façon implacable les autorités marocaines. Les manifestations en faveur de l’indépendance du Sahara occidental continuent d’entraîner des restrictions excessives et continues, «particulièrement sur le droit de réunion pacifique et la publication de tout plaidoyer pour l’indépendance ou pour un référendum qui inclurait l’indépendance comme option», indique le rapport du département US adressé au Congrès américain publié au mois de septembre 2013. La visite de John Kerry dans la région est annonciatrice d’un rééquilibrage des positions concernant la question du Sahara occidental qui pencherait en faveur de la tenue d’un référendum qui permettrait au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination. Ce qui explique la fébrilité affichée par Mohammed VI.