Malgré des efforts multiples, tant financiers que techniques, consentis par les politiques publiques ces dernières années, la problématique de la production laitière demeure entière en Algérie dans la mesure où la facture des importations ne cesse d’exploser d’année en année pour avoisiner les 2 milliards de dollars/an, (1,9 milliard USD en 2014). Bien qu’il y ait eu des importations massives en vaches laitières, avec une moyenne de 25 000 têtes/an, mais les rendements de la filière locale sont toujours rudimentaires.
Si le rendement moyen par tête selon les normes universelles est situé entre 30 et 40 litres/jour/vache, en Algérie, ce seuil ne dépasse pas les 12 à 15 litres, un niveau qui est loin de garantir la rentabilité des élevages. Pour les spécialistes en la matière, le facteur primordial qui freine les rendements de la filière laitière est lié directement au système d’alimentation des cheptels. Avec un déséquilibre net en fourrages naturels, les éleveurs laitiers en Algérie se basent prioritairement sur les aliments composés issus des matières premières importées, ce qui ne favorise pas l’équilibre nutritionnel des animaux et, du coup, impacte négativement les rendements en lait cru.
C’est pour palier à cette lacune que des équipes de l’ITELEV, (institut des techniques d’élevage) ont mené une campagne de présentation de nouveaux procédés pour l’intensification des fourrages verts très efficaces pour l’amélioration des rendements des vaches laitières. Il s’agit de développer des cultures hydroponiques qui sont des techniques de cultures hors sol permettant de réduire les coûts de production de fourrages verts et de renforcer leur disponibilité. Telle que présentée lors de la première sortie de l’ITELEV qui a regroupé à la mi-février les éleveurs laitiers du centre du pays à l’institut de technologies et moyens agricoles spécialisés (ITMAS) de Boukhalfa, dans la wilaya de Tizi Ouzou, cette technique permet d’obtenir un fourrage vert de qualité supérieure dans un délai qui ne dépasse pas les 10 à 12 jours et ces cultures peuvent être pratiquées en permanence le long de l’année.
Pour ce qui est de son procédé, la culture hydroponique est réalisée dans des modules de 12 m3 (mètre cube) et exige l’utilisation de semences non traitées pour pouvoir obtenir le fourrage bio (biologiquement propre), donc, il est recommandé aux éleveurs d’utiliser des graines d’orge ordinaire à leur état brut. Néanmoins, les cultures hydroponiques exigent une alimentation en eau et en électricité sans interruption. En matière des rendements, les expériences menées par les experts de l’ITELEV tablent sur une production moyenne de 10 quintaux de fourrage vert à partir d’un quintal de graines d’orge. Outre son rendement, la technique des cultures hydroponiques est aussi appréciée pour les économies en eau qu’elle permet de réaliser, car la consommation hydraulique avec cette technique est estimée entre 200 et 300 litres d’eau par quintal seulement, au lieu des cultures classiques (ensemencement en sol) qui exige un seuil de 5 000 litres d’eau par quintal.
Même si que toutes les espèces de graines peuvent être utilisées, les équipes de l’ITELEV préconisent l’utilisation de l’orge compte tenu de son prix qui ne dépasse pas les 3 500 DA/quintal, ce qui permet aux éleveurs de réduire les coûts de production. Cependant, la valeur nutritionnelle du fourrage issu des cultures hydroponiques est évaluée à cinq fois plus que le fourrage classique, ce qui favorise singulièrement l’amélioration des rendements laitiers.
Mourad Allal (L’Éco n°108 / du 16 au 31 mars 2015)