Karim Kerbouche : «Mon rêve ? Une patinoire en Algérie»

Karim Kerbouche : «Mon rêve ? Une patinoire en Algérie»

Il s’appelle Karim Kerbouche, est Britannique d’origine algérienne et préside l’actuelle Fédération algérienne de hockey sur glace. Fondateur de l’équipe nationale algérienne de hockey sur glace, il rêve de rendre ce sport aussi populaire que le football et surtout, de voir émerger des patinoires en Algérie. Zaman France vous dresse son portrait.

A 33 ans, Karim Kerbouche est le président de la Fédération algérienne de hockey sur glace et un joueur clé de l’équipe nationale algérienne.

Le passage du joystick et de la manette de jeu vidéo au bâton de hockey a été pour lui un véritable exploit : l’Algérie n’a en effet pas de patinoire permanente ou de membres de l’équipe résidents.

Karim Kerbouche vit lui-même à Londres tandis que d’autres joueurs sont dispersés en France et au Canada. «Je voyais comment le public algérien était tellement excité pour le football algérien et je voulais faire quelque chose de similaire pour le hockey sur glace – pour introduire le sport que j’aime en Algérie», dit-il au site britannique Brownbook à qui il s’est confié.

Le hockey sur glace pour échapper à «une vie absurde»

A son 12e anniversaire, sa mère l’avait emmené voir un match en direct au Centre Ice Lee Valley après avoir remarqué une annonce dans le Time Out London. «J’étais étonné de voir que les mouvements que je faisais sur les jeux de hockey sur console vidéo étaient une réalité dans ce sport», dit-il.

Si son travail de fondation d’une sélection algérienne de hockey sur glace est unanimement reconnu, les efforts de Kerbouche pour ramener à la vie la Coupe arabe de hockey sur glace le sont tout autant.

Au jour le jour, il canalise son enthousiasme dans un poste de gestionnaire à Streatham Ice Arena – une patinoire olympique du sud de Londres, souvent louée pour des fêtes d’anniversaire.

Élevé dans le nord de Londres par ses deux parents algériens, Karim décrit une éducation et une vie modestes. «Je suis allé à l’école, sans avoir vraiment rien à y faire», explique-t-il. «Le hockey sur glace était la seule chose qui m’a pris et sauvé d’une vie dénuée de sens. J’ai adoré ce sport».

C’est en 2006 qu’il forme l’équipe nationale algérienne de hockey sur glace ; deux ans plus tard, il participera à la Coupe arabe de hockey sur glace au Zayed Sports City Ice Rink à Abu Dhabi – un de ses tournois favoris. «Ce fut une grande réussite pour moi», dit-il, en citant son score et son premier but de l’équipe contre le Maroc comme un grand moment particulier de la vie – un «rêve devenu réalité».

Fonder une équipe nationale à partir de rien

«Hockey magazines que j’avais l’habitude de lire quand j’étais enfant m’ont interviewé», dit-il, avec ce sourire qui accompagne les rêves d’enfant qui se réalisent. «Et je suis aussi frappé de voir que des Algériens sont venus nous voir jouer. Les gens de l’ambassade étaient là pour nous voir. Abu Dhabi Sports Channel a fait un sujet pour leur chaîne de télé. Des Algériens étaient même assis dans un café à Alger à nous regarder jouer».

La propre famille de Kerbouche est originaire de Blida, une ville au sud d’Alger. «Même si je me vois comme Britannique, je suis toujours algérien. Je me sens d’Algérie», dit-il. «C’est un beau pays, le désert, les montagnes. Ils ont de grandes plages, et ils ont le ski en hiver. Mais l’Algérie, pour moi, c’est avant tout la famille. Ou le hockey sur glace».

Bien qu’il concède que l’Algérie n’est pas connue pour ses sports d’hiver, Karim Kerbouche n’a pas eu trop de mal à mettre une équipe en place. «J’ai réalisé qu’il y avait pas mal d’autres joueurs d’origine algérienne à un bon niveau – quelques gars au Canada, en France. Ils ne savaient pas que d’autres Algériens jouaient, mais nous avons tous partagé le même rêve – fonder une équipe d’Algérie», dit-il.

Les rêves algériens de Karim Kerbouche

Aujourd’hui, Karim Kerbouche est fier que l’équipe ait plus de 100.000 fans sur Facebook. «C’est fou, dit-il. Je ne sais pas comment cela est arrivé. Les gens maintenant nous envoient des messages pour nous demander : «Comment pouvons-nous participer?».

«Maintenant, il n’y a pas grand-chose, poursuit-il, se référant à l’Algérie. Il y a une patinoire à Tizi Ouzou, dit-il, et il existe un jeu qui s’appelle le thakourth – un sport traditionnel berbère similaire au hockey – mais il n’y a rien de permanent».

«Ils ont mis en place des patinoires temporaires pendant le Ramadan ou à Noël et elles rencontrent toujours un grand succès. Les gens veulent faire du patin à glace en Algérie et je vais oeuvrer pour que cela se fasse», dit-il.

«Ce serait la prochaine étape, mon prochain rêve – une patinoire en Algérie». Il espère qu’après tous ses efforts, le club pourra lui apporter une récompense personnelle mais aussi financière.

«Je ne l’ai jamais fait pour de l’argent. Il n’a jamais été question d’argent», dit-il.

«Je suis heureux de continuer avec l’équipe nationale juste par amour pour elle. Mais je voudrais être en mesure d’obtenir quelque chose en retour. Je veux construire une belle marque autour du club, et peut-être en faire une bonne valeur marchande».

Tout en continuant d’oeuvrer au sein de la Fédération internationale de hockey sur glace, Karim Kerbouche travaille actuellement à la planification d’un tournoi de hockey d’Afrique du Nord pour cette année.