Kamal Benkoussa, CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE, À L’EXPRESSION « J’ai un regard neuf et frais »

Kamal Benkoussa, CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE, À L’EXPRESSION  « J’ai un regard neuf et frais »

«Mon engagement pour mon pays ne date pas d’hier»

Kamal Benkoussa est né le 1er juillet 1972 à Charleville-Mézières (France). Il est marié et père d’un enfant. il a fait l’Université Paris-Dauphine. Il y obtient une licence en finances en 1995, puis finit major de sa promotion de master en économie en 1996. Il enchaîne avec un master en ingénierie financière aux Hautes études commerciales à Montréal.

Il entame sa carrière chez Goldenberg Hehmeyer LLP en 2000, d’abord en tant que stagiaire, pour ensuite devenir senior trader en 2003 puis partenaire en 2006.

Il est également l’éminent dirigeant de LMS (London Maghreb Network Society), qui est une association à but non lucratif dont l’objectif est de resserrer les liens socioculturels et les échanges commerciaux entre les pays du Maghreb et le Royaume-Uni.

L’Expression: Vous vous portez candidat à la présidentielle d’avril prochain. Vu votre biographie, vous avez vécu plus à l’étranger qu’en Algérie. N’est-ce pas un handicap?

Kamel Benkoussa: J’oeuvre activement au développement de l’Algérie depuis 10 ans maintenant, je connais bien l’Algérie, sa situation et ses enjeux. J’ai un regard neuf et frais sur notre pays, ce qui est un atout, contrairement à la plupart des hommes politiques qui prétendent aujourd’hui accéder à la fonction suprême. La classe politique actuelle est assimilée au régime, elle est donc incapable de mobiliser les citoyens. En ce qui me concerne, je n’ai pas d’accointances avec le système en place et j’ai un projet ambitieux pour notre pays. Le fait d’avoir vécu à l’étranger et d’avoir côtoyé des décideurs économiques et politiques de niveau mondial me donne aussi une dimension internationale, une capacité à comprendre les enjeux géopolitiques et géoéconomiques de l’Algérie.

Comment l’idée de vous porter candidat vous est venue?

Comme je vous l’ai dit, mon engagement pour mon pays ne date pas d’hier. Ce qui m’a décidé à me présenter c’est la situation dangereuse dans laquelle se trouve notre pays et le défaitisme d’un peuple que l’on a trop longtemps tenu à l’écart de la vie publique et dont on brade l’avenir. Je suis persuadé que sans un sursaut citoyen, les années à venir risquent d’être tragiques pour notre pays. On ne peut pas laisser le statu quo perdurer. Il est nécessaire que de nouvelles voix se fassent entendre pour tenir un message de vérité au peuple algérien, lui expliquer que s’il continue à renoncer au politique il sera le premier à en souffrir. L’heure est grave et mon engagement va dans le sens d’une solution pacifique à la résolution de la crise actuelle, d’un nouveau pacte citoyen pour donner un nouveau départ à notre pays.

De nombreux observateurs soutiennent que si l’actuel président se présente à cette élection, il passera comme une lettre à la poste. Qu’en pensez-vous?

Si le candidat sortant se présente, le jeu électoral sera verrouillé. Si cela se produit, j’assimilerais cela à un hold-up de notre pays et de nos institutions par un groupe d’individus qui veulent préserver leurs intérêts personnels au risque de plonger l’Algérie dans le chaos. Cela signifie aussi que ce régime est à bout de souffle, car si la seule alternative est de bafouer encore une fois la souveraineté du peuple pour reconduire un homme âgé, malade, qui ne parle plus à ses concitoyens depuis plus d’un an, alors c’est qu’il est temps de changer de régime.

C’est d’autant plus urgent que le bilan de ces 15 dernières années est médiocre. En 15 ans, ce sont des centaines de milliards de dollars qui ont été dépensés et notre économie est toujours aussi tributaire des hydrocarbures: le budget de l’Etat dépend à presque 70% des hydrocarbures, l’industrie atteint à peine 5% du PIB alors que cette part était de 7% au début des années 2000, les exportations sont encore et toujours dominées par les hydrocarbures à plus de 97%! Alors, pourquoi voudrait-on reconduire un président qui a failli, si ce n’est pour des considérations d’intérêts de clans? Il est en temps d’en finir et de faire en sorte que le peuple ait les gouvernants qu’il mérite.

Où en êtes -vous avec la collecte des signatures?

Cela avance, mais l’administration crée des blocages. Il y a des endroits où on ne sait toujours pas qui doit valider les signatures!

L’Algérie souffre d’un problème chronique qui est celui du logement. Avez-vous une clé pour ce problème?

J’augmenterai l’offre de logements construits: en dégageant des assiettes foncières publiques et privées pour la construction de logements dans le cadre de la politique d’aménagement du territoire; en assurant un quota de logements sociaux dans l’ensemble des nouvelles constructions pour une plus grande mixité sociale. Ces logements seront distribués dans la transparence garantie par l’Agence de développement humain (ADH) que nous créerons; en dynamisant le secteur du BTP algérien par l’émergence de grands groupes qui construiront des logements selon de nouvelles normes environnementales; en augmentant l’offre de logement du marché de la location: il existe un grand nombre de logements vacants, le marché de la location est anarchique.

Un recensement sera effectué avec un système incitatif de mise sur le marché de la location des biens non occupés; en mettant en place une aide pour le logement locatif (ALL) qui sera destinée aux ménages ayant des revenus inférieurs au salaire minimum.

Mais vous savez, l’Algérie souffre de beaucoup de problèmes, pas que d’un manque de logements.

Vous faites la promesse de créer un million d’emplois. Pensez-vous que c’est suffisant pour endiguer le chômage en Algérie?

Non pas un million, mais deux millions en 5 ans avec des hypothèses réalistes de croissance à condition de mettre en place toutes les réformes de mon programme. Le problème de l’emploi est aussi de réduire la taille du secteur informel. Aucun pays au monde n’a réussi à régler le problème de l’informel rapidement, cela prendra du temps. Donc deux millions d’emplois seront suffisants pour réduire significativement le chômage et drainer l’emploi de l’informel vers le formel.

Que pensez-vous du bras de fer entre le SG du FLN, Amar Saâdani et le patron du DRS, Mohamed Mediene, dit le général Toufik?

Vous savez, je suis comme vous, ce que je sais je le lis dans la presse. Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de ce «bras de fer» comme vous dites.

Les commentateurs avisés parlent d’un bras de fer autour de l’enjeu de l’élection présidentielle. Si cela est réel, c’est la preuve même que l’élection ne sera pas libre et que ce ne sera pas le peuple qui choisira son prochain président, autrement, pourquoi tout ceci?

Dans les démocraties, les joutes se font sur les idées, les candidats s’affrontent sur le terrain de leurs projets respectifs pour leur pays. Chez nous, nous avons droit à des querelles de clans. Tout ceci est triste pour notre pays qui offre un spectacle désolant à l’international et qui montre sa grande fragilité.

Le statu quo n’est définitivement pas la stabilité, qu’on arrête de mentir au peuple algérien. L’Algérie a besoin d’un président à son image, jeune, courageux et intègre.