C’est avec beaucoup de plaisir et de gaité que le sympathique Foued Kadir nous a reçus au centre de presse de Valenciennes, jeudi matin, pour s’adresser aux lecteurs du Buteur et évoquer plusieurs sujets touchant à la sélection nationale. Foued ouvre son cœur à notre journal et ne cache pas son désir de gagner un jour le Ballon d’Or algérien qu’il qualifie d’événement footballistique majeur en Algérie. Entretien…
Quelles sont vos nouvelles depuis cette blessure aux adducteurs ?
A vrai dire, cette blessure, je l’ai contractée bien avant mon arrivée en Equipe nationale. J’avais un peu mal à l’adducteur, c’est dû peut-être à la fatigue. Après, c’est vrai que l’état du terrain du 5-Juillet n’était pas pour arranger les choses. J’ai ressenti une douleur et j’ai préféré ne pas prendre de risques. J’ai demandé au coach de me remplacer à la mi-temps pour ne pas compliquer ma blessure.
Samedi passé, face à Auxerre, vous avez joué un match complet. Peut-on dire que vous êtes remis de votre blessure ?
Oui, ça s’est plutôt pas mal passé contre Auxerre, je n’ai ressenti aucune douleur. Je m’entraîne normalement pour être prêt pour le prochain match face à Toulouse (match joué hier). Sur le plan physique, je me sens nettement mieux, même si je pense que j’aurai pu marquer au moins un but dans ce match face à l’AJA.
Justement, vous avez raté deux grosses occasions, à quoi est dû cela ?
Je crois que c’est dû à la maladresse et à la malchance surtout. Il y a aussi le fait qu’on était un peu stressés par l’obligation de résultat dans ce match important contre Auxerre.
Vous avez marqué en sélection contre la RCA, et là, vous coincez, vous n’êtes pas inquiet… ça va venir…
Non, pas du tout. Je travaille un peu plus que d’habitude à l’entraînement pour retrouver justement mon efficacité ce week-end face à Toulouse (hier).
Parlons de sélection. Ce match annulé contre le Cameroun a dégoûté tout le monde, est-ce votre cas aussi ?
C’est sûr, on sait tous que le Cameroun est une grosse nation du football africain, donc on aurait bien voulu se frotter à cette équipe. C’est vrai qu’ils ne sont, tout comme nous d’ailleurs, pas qualifiés pour la prochaine CAN, mais ça reste toujours excitant de jouer une grosse équipe telle que le Cameroun, avec de grands joueurs comme Samuel Eto’o pour ne citer que lui.
Et cela vous a déçu, non ?
C’est clair, surtout que l’on n’a appris la défection du Cameroun qu’au dernier moment. On était concentrés jusqu’à l’annonce de la mauvaise nouvelle. Après, c’est leur choix, ils ont leurs raisons, et il faut les respecter.
L’Algérie aligne une série de rencontres positives, vous êtes sur trois matches sans défaite en sélection, c’est un signe révélateur ?
Exactement, et je pense que le coach Halilhodzic y est pour beaucoup. Il est arrivé avec un nouvel état d’esprit qui consiste à défendre tous ensemble, tout en se projetant vers l’avant. On sait qu’on a des joueurs de qualité, techniquement parlant, et l’on sait aussi que l’on va assez vite devant, alors le coach cherche toujours à mettre en place un dispositif offensif, ce qui fait qu’on se crée beaucoup d’occasions et ça a payé puisque cela nous a permis de mettre des buts lors de ces derniers matches (4 en trois rencontres).
C’est un système qui vous va bien, puisque, contre Auxerre, malgré le fait que vous n’ayez pas marqué de but, vous avez joué tout le match avec une bonne production…
Comme je l’ai dit, jouer derrière les deux attaquants, c’est mon poste de prédilection. C’est là que je me retrouve le mieux, après, je peux m’adapter à n’importe quel rôle.
Feghouli vient d’intégrer la sélection, comment avez-vous trouvé son comportement dans le groupe durant ce stage passé à Sidi Moussa ?
D’abord, je dois dire qu’on a tout fait pour faciliter son intégration. Après, Feghouli, est un bon garçon. Il est là, il rigole avec tout le monde, c’est comme s’il était avec le groupe depuis des mois, donc, ça s’est très bien passé pour lui. Je dois dire aussi que c’est un joueur pétri de qualités. Tout comme Boudebouz, il fait partie de ces jeunes qui représentent l’avenir de notre football.
En parlant de Ryad Boudebouz, après sa défection face à la Tanzanie et la RCA, certains pensent qu’il a bien appris la leçon de cette mise à l’écart, avec ce but marqué contre la Tunisie…
J’étais très content pour mon ami Boudebouz. Je pense qu’il avait été, entre guillemets, puni, après n’avoir pu rallier le stage de Marcoussis en raison de sa blessure. Je l’ai eu plusieurs fois au téléphone pour l’encourager et aussi l’on a pu échanger quelques SMS. Ça m’a fait vraiment plaisir de le voir revenir et je suis content qu’il ait marqué ce but.
Vous lui disiez quoi au juste avant qu’il réintègre l’EN ?
Je lui disais de continuer à rester performant à Sochaux et que je ne m’inquiétais pas pour lui parce que je savais qu’il allait revenir en sélection. Après, je connais bien ses qualités, il est le joueur le plus doué de la sélection algérienne.
Lorsqu’il avait marqué, il s’est dirigé vers vous et votre ami Raïs Mbolhi pour vous dédier le but. Qu’est-ce que cela vous a fait ?
Ça m’a fait énormément plaisir, surtout qu’on avait prévu cela avant le match. On s’était mis d’accord que s’il marquait un but, il viendrait vers nous pour qu’on fasse ensemble le geste d’Usain Bolt et c’est ce qu’on a fait. C’était un geste qu’il avait fait plusieurs fois à Sochaux, donc, on a eu cette idée bien avant le coup d’envoi de la rencontre face à la Tunisie.
Vous l’avez félicité après le match ?
C’est normal, on était tous contents pour lui, surtout que c’était son premier but en Equipe nationale.
Il est nominé pour le Ballon d’Or 2011, il est en course avec de bons joueurs tels que Bougherra, Yebda, Soudani, Djebbour, Mesbah, Metref… un commentaire là-dessus ?
Comme je viens de dire, Ryad est un excellent joueur. Il a énormément de talent donc sa présence parmi les meilleurs joueurs algériens actuellement est méritée. Après, il est en course avec de très bons joueurs donc, que ça soit lui ou quelqu’un d’autre qui aura le Ballon d’Or, ça sera logique et mérité.
C’est une distinction que vous convoitez pour les prochaines années ?
Sincèrement, gagner le Ballon d‘Or algérien est une fierté. Il fait rêver tout joueur algérien, donc moi aussi j’aimerai bien gagner un jour ce trophée. Ce sera sincèrement un grand honneur pour moi.
Passons à autre chose. En Algérie, tout le monde en convient, on possède un staff de qualité mais a-t-on le potentiel pour aller au prochain Mondial ?
C’est l’objectif de toute façon. Il ne faut pas se voiler la face. C’est vrai qu’on a envie d’assurer la qualification pour la prochaine CAN 2013 mais c’est surtout le Mondial 2014 qu’il ne faudra pas rater. On sait que cette échéance approche et on est conscients que notre groupe possède les qualités pour assumer pareil défi.
Vous parlez de cet objectif entre vous en sélection ?
Bien sûr, et le coach en parle beaucoup. Il est venu pour ça. Les joueurs qui ont fait la campagne 2010 en parlent aussi. Je peux dire que ma dernière participation à la dernière Coupe du monde reste le plus beau souvenir de ma carrière.
Boudebouz, Medjani, Mbolhi, Lacen et vous-même n’avez pas fait les qualifications pour le Mondial 2010. N’avez-vous pas une dette envers le public et vos camarades en sélection qui vous ont permis de disputer une Coupe du Monde ?
C’est exact. J’ai vécu toutes les éliminatoires, et notamment ce match contre l’Egypte assis sur mon canapé, j’en avais des frissons. Maintenant, je n’ai qu’une seule envie, c’est de vivre ces formidables moments et partager ce bonheur avec nos supporteurs. Après, s’il faut mourir sur le terrain pour rejouer un autre Mondial, je mourrai, il n’y a pas de problème.
Ce public que vous avez pu conquérir lors du match face à la RCA ne veut que cela aussi…
Voilà, c’est ça, on sait que tout le peuple est derrière nous et que nos concitoyens sachent que nous sommes déterminés à honorer notre dette après cette élimination sans gloire de la dernière CAN 2012.
Sincèrement, comment avez-vous vécu cette extraordinaire ambiance de Blida ?
Pour un match amical, c’était exceptionnel. Même si je n’ai pas eu encore l’occasion de jouer à Blida, je dirai que le public a été merveilleux. Une petite anecdote, j’ai parlé avec un joueur tunisien, Saïhi en l’occurrence (Ndlr : Jamel Saïhi, joueur de Montpellier) et il était d’ailleurs assez étonné de voir un stade archicomble et il m’a dit : «Foued, c’est assez bizarre de constater une telle présence record du public» Je lui ai répondu : «C’est aussi ça l’Algérie, mon frère.» C’est pour vous dire qu’on est fiers de compter sur le soutien de nos fans.
Pour finir, la Gambie est la prochaine échéance officielle de l’EN. Cette équipe ne devrait pas vous empêcher d’aller à la CAN 2013…
Franchement, je ne connais pas cette équipe mais pour éviter toute mauvaise surprise, il faudra bien préparer ce rendez-vous et surtout ne pas sous-estimer cette équipe. On sait qu’en Afrique, à l’extérieur, ce n’est jamais évident. Donc, il faudra se méfier et rester super-concentrés et démontrer le même état d’esprit de la Tunisie en matière d’engagement et d’abnégation.
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«Je suis footballeur grâce à papa et… Zidane»
Dans une interview accordée au journal La voix du Nord, Foued Kadir est revenu sur certaines facettes de sa vie de footballeur. Kadir dévoile au grand public pourquoi il est devenu footballeur : «Moi, j’ai grandi avec Zidane. C’est mon idole. Sur et en dehors des terrains, je l’ai toujours trouvé exceptionnel. On joue au même poste, il est d’origine algérienne comme moi. Il est de Marseille, moi de Martigues… On peut parler de Messi, Ronaldo, moi c’est Zidane. J’ai eu l’occasion de le croiser en étant petit en tant que ramasseur de balle au Vélodrome avec l’équipe de France. Et cet été, lors d’un tournoi de futsal à Aix-en-Provence, alors que je jouais avec son fils Enzo. Je lui ai parlé un peu, mais il y avait du monde autour… Il est certain que je suis footballeur grâce à Zidane… et à papa. Mon papa, c’est un passionné. Il a joué jusqu’en DH et regarde tout, le championnat chinois s’il le faut… »