Impact direct sur le terrorisme mondial: La donne sécuritaire sera bouleversée

Impact direct sur le terrorisme mondial: La donne sécuritaire sera bouleversée

On va assister à un assèchement spirituel, médiatique et financier des organisations islamistes.

La rupture des relations diplomatiques entre cinq pays arabes et le Qatar aura incontestablement une incidence directe sur la situation sécuritaire dans le monde. Il ne peut en être autrement puisque l’objet principal à l’origine de cette crise a été d’essence sécuritaire.

Riyadh, Manama et Abou Dhabi ont justifié la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar par son «soutien au terrorisme», y compris à Al-Qaïda, Daesh et les Frères musulmans. Et pour noircir davantage le tableau, l’Arabie saoudite ajoute que Doha soutient aussi «les activités de groupes terroristes soutenus par l’Iran dans la province de Qatif (est)», où se concentre la minorité chiite du Royaume saoudien, ainsi qu’à Bahreïn. En d’autres termes, ces pays mettent-ils le doigt sur le nid du terrorisme mondial? L’accusation intervient 15 jours après une visite du président américain, Donald Trump, en Arabie saoudite qui semble avoir donné le coup d’envoi de manoeuvres en coulisse rappelant l’année 2001 quand George W. Bush, un autre président américain, a donné l’ordre d’attaquer l’Afghanistan pour extirper Al Qaïda qui venait de frapper l’Amérique au coeur. Les cinq pays affirmant que le Qatar a encouragé et soutenu des courants islamistes durant le Printemps arabe. A leurs yeux, le Qatar est considéré comme l’un des principaux bailleurs de fonds des Frères musulmans en Egypte, en Syrie, en Libye et en Tunisie. L’opinion internationale retient toujours le soutien franc et direct qu’apportait l’Emirat à l’ancien président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans.

Le Qatar accueille toujours des dirigeants des Frères musulmans, confrérie classée «terroriste» en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, comme Youssef al-Qaradhaoui. L’ancien dirigeant du Hamas palestinien, Khaled Mechaâl, est également basé au Qatar, et les taliban afghans y disposent d’un bureau. Il s’agit donc de dessécher l’idéologie des Frères musulmans au plan spirituel puisque qu’à coup sûr, al-Qaradhaoui, leur prêcheur attitré, sera réduit au silence. Viendront ensuite des mesures de restrictions médiatiques.

La chaîne Al Jazeera, véritable caisse de résonance des mouvements des Printemps arabes et dont la ligne éditoriale est franchement favorable aux islamistes, sera sérieusement recadrée. En 2014, trois de ses journalistes en Egypte sont condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir «falsifié des informations» en soutien aux partisans du président islamiste Morsi. En avril 2016, les autorités irakiennes ferment le bureau d’Al-Jazeera à Baghdad en raison d’une couverture favorable à Daesh. Plusieurs autres pays arabes ont eu par le passé des démêlés avec cette chaîne dont les couvertures étaient pro islamistes.

On se rappelle qu’Al Jazeera répercutait systématiquement les messages de l’ancien chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden. Viendront ensuite des actions contre le financement du terrorisme. Le Qatar est régulièrement soupçonné de laxisme dans la lutte contre le financement par des fonds privés d’organisations «terroristes», des accusations qu’il réfute fermement. Mais l’Emirat se doit désormais de durcir ses lois pour que tout rentre dans l’ordre. Car en définitive, les pays du CCG, le Qatar compris, ne sont qu’une base flottante des Américains. Il y a une rupture des relations diplomatiques, mais jamais de rupture stratégique. Il suffira de s’aligner sur le même pivot désigné par l’Oncle Sam, à savoir l’Arabie saoudite.