Immigration illégale, Oran, ville privilégiée des clandestins marocains

Immigration illégale, Oran, ville privilégiée des clandestins marocains

Pas moins de 540 clandestins marocains ont été arrêtés depuis le début de l’année 2012 par les différents services de sécurité, (Gendarmerie, Douane et services de la Police) pour immigration clandestine et séjour illégal sur le territoire national selon les dernières statistiques.

Les mêmes sources ont indiqué que les clandestins marocains viennent en tête des personnes arrêtées, devançant ainsi les clandestins issus des pays subsahariens notamment les Maliens et les Nigériens qui viennent respectivement en deuxième et troisième positions. Les clandestins marocains occupent ainsi, la première position dans le nombre des clandestins arrêtés sur le territoire national, soit plus du tiers.

Avec l’augmentation des transitaires marocains, la wilaya de Tlemcen et de par sa proximité avec les frontières marocaines a occupé la première place qui a été depuis plusieurs années « détenue» par la wilaya de Tamanrasset en nombre d’immigrés clandestins.

Alors que la wilaya de Tlemcen est traditionnellement connue pour être une région de transit pour les migrants clandestins marocains, la capitale de l’Ouest, Oran, constitue par contre un lieu d’installation pour ces immigrés constitués d’artisans qui travaillent dans le bâtiment, la plâtrerie, l’artisanat au profit des citoyens aisés de la région.

Le phénomène de l’immigration clandestine des ressortissants marocains vers l’Algérie a connu un essor très sensible depuis une dizaine d’années. Le pays est caractérisé par une stabilité financière et l’émergence d’une classe aisée qui n’hésite pas à solliciter les services de ces artisans réputés pour être des artistes en matière de décoration d’intérieur.

UNE PROXIMITÉ QUI AIDE LES CLANDESTINS MAROCAINS

L’immigration clandestine marocaine reste toutefois différente des autres, si l’on se fie aux données statistiques et à l’orientation de cette émigration. Les Marocains ne visent pas, en effet, l’Algérie en en tant que pays de transit, mais en un lieu d’installation et de travail, donc pour des considérations purement matérielles.

Plusieurs spécialistes qui ont eu à se pencher sur ce thème (l’immigration clandestine), estiment que son développement est lié essentiellement à des considérations de proximité géographique, culturelle et linguistique, entre autres l’existence de liens du sang.

Outre l’immigration clandestine marocaine, celle des Subsahariens qui se limitent essentiellement aux Maliens et aux Nigérians, s’est développée beaucoup plus pour toucher d’autres nationalités comme les Nigérians, les Ivoiriens, les Sénégalais ou dernièrement des Congolais. Oran devient une zone d’installation des immigrés subsahariens.

En effet, la question que se pose un grand nombre d’observateurs est de savoir si la capitale de l’Ouest est devenue un point de transit ou un lieu d’installation par excellence des ces clandestins qui arrivent en groupes pour venir occuper des places publiques ou les abords des mosquées, dont certains n’hésitent pas à faire la manche pour pouvoir subsister et faire face aux rudes conditions de leur séjour illégal sur le territoire national

A ce propos, il est important de signaler qu’il y a quelque temps, les Subsahariens considéraient la capitale de l’Ouest comme une escale dans leur long voyage vers l’Eldorado européen. En s’installant provisoirement dans les principales villes du Nord du pays, Ils ne faisaient en fait que reprendre des forces avant de continuer leur voyage vers l’Europe en s’installant, comme cela a été constaté il y a une dizaine d’années à Maghnia où de véritables campings sauvages ont érigés par ces nouveaux aventuriers des temps modernes.

UNE ESCALE DANS LA LONGUE TRANSHUMANCE

Ces endroits servaient de lieu de regroupement de tous les candidats au voyage vers l’Europe via l’enclave marocaine occupée de Ceuta et Melilla. Mais ces derniers mois et avec le tour de vis constaté dans le contrôle des flux migratoires vers l’Europe via les plages marocaines, ou les territoires sahraouis occupés, les choses ont changé.

Les cohortes d’immigrés s’installent aujourd’hui à Oran. Ils vivent d’expédients en attendant un hypothétique voyage qui serait organisé par les réseaux installés en Europe.

Avec le renforcement des contrôles au niveau des frontières Ouest, l’imperméabilité a réussi à diminuer le phénomène un certain temps, car ces Subsahariens ont réussi à trouver des subterfuges pour arriver à s’échouer à Oran.

Pour cela, tous les moyens sont bons pour arriver à destination, à commencer par les réseaux de transit constitués même d’intermédiaires de nationalité algérienne ou grâce aux informations que les Subsahariens installés ici, divulguent aux prétendants à l’immigration clandestine pour faciliter leur transit.

Il est évident que les résultats se sont fait sentir ces deux dernières années d’une manière un peu choquante, vu que les Oranais ne se sont pas habitués à ce genre de phénomène. Oran est finalement une escale dans la longue transhumance vers le Nord qui se termine parfois au fond de la mer Méditerranée pour un grand nombre de personnes.

LE MAROC ALPAGUÉ PAR LES ONG

La place de M’dina J’dida est devenue un lieu où se rencontrent ces malheureux. Et si par le passé, ils n’étaient que de jeunes aventuriers, aujourd’hui ce sont des familles avec femmes et enfants qui échouent sur la voie publique attendant un signe des réseaux de passeurs. D’autre ont même réussi à faire des petites fortunes grâce à la supercherie et l’escroquerie.

Ces nouveaux patrons ont réussi même à constituer des réseaux aidant au transit et à l’embauche des nouveaux venus pour les recruter pour des petits boulots. Cette situation s’est caractérisée par les multiples arrestations menées par les services de Police dont les investigations ont révélé que ces immigrés ont débarqué très récemment sur le territoire national.

La conclusion est que ces patrons véreux recrutent des émigrés fraîchement débarqués dans le pays pour éloigner tout soupçon possible. Des ONG dénoncent une répression maroco-espagnole des migrants illégaux jamais atteinte depuis 2005.

Le Conseil des migrants subsahariens au Maroc et le Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants dénoncent des «violations de domicile», des actes de «harcèlement», ainsi que des «refoulements collectifs» de l’Espagne vers le Maroc et du Maroc vers l’Algérie, y compris de mineurs et de femmes enceintes, ainsi que de demandeurs d’asile et de réfugiés».

Selon plusieurs rapports d’ONG parus récemment dans la presse espagnole et mondiale, certaines ONG ont appelé le gouvernement marocain à élaborer une politique migratoire plus flexible et s’éloigner de la politique sécuritaire policière caractérisée par une répression.

Le communiqué de deux ONG parle notamment de «violation de domicile», de «harcèlement», de «violences des forces de l’ordre» et de «refoulements collectifs» de l’Espagne vers le Maroc et surtout du Maroc vers l’Algérie, y compris de mineurs et de femmes enceintes, ainsi que de demandeurs d’asile et de réfugiés».

Il appelle le gouvernement du royaume Chérifien à élaborer une politique migratoire qui ne se résume pas à une «politique sécuritaire», qui n’obéisse pas aux «diktats européens» et d’être «respectueuse des droits humains».

Donc, ce «refoulement collectif», s’est donc fait sentir à l’entrée des frontières algériennes, avec une augmentation conséquente de l’émigration clandestine, suivie d’une panoplie de problématiques et complexités liées à ce phénomène. Femmes enceintes, mineurs et enfants, font le nouveau visage de l’immigration d’un genre nouveau.

Aux abords des grands boulevards de la ville d’Oran, à l’entrée des mosquées et des marchés, des centaines d’immigrés clandestins dont le nombre ne cesse de croître et de se multiplier au fil des années, est devenu actuellement un spectacle des plus banals dans la capitale de l’Ouest. Des femmes enceintes ou avec des bébés viennent d’entrer en force dans le «commerce» de la mendicité, détrônant même parfois les mendiants locaux.

Des enfants abandonnés des adolescents qui font le «sale boulot» au sein d’ateliers clandestins, constituent également l’autre face miséreuse de ce phénomène qui ne porte pas seulement de préjudice à l’Etat uniquement.

Les citoyens sont les premiers à faire face aux conséquences néfastes, comme la multiplication des déchets sauvages, la contamination par des maladies méconnues dans notre pays, ainsi que la multiplication du phénomène des vols et des agressions, la guerre des gangs et le trafic de drogue.

S. Ourabah