S’agit-il d’une annonce sérieuse?
Il a touché plusieurs millions de lecteurs dans le monde et ses romans sont traduits dans 42 pays.
Le prolifique écrivain de renommée internationale, Yasmina Khadra, a surpris son monde. Il vient de faire une annonce pour le moins inattendue. Interrogé hier, par l’animateur du forum de Liberté, dont il était l’invité, sur l’élection présidentielle, l’écrivain Yasmina Khadra a déclaré qu’il sera candidat à l’élection présidentielle de 2014. Et que son programme est prêt. Auparavant, Khadra a parlé d’espoir et de rêve pour les jeunes Algériens. «Celui qui ne sait pas rêver est un drame itinérant. Il faut redonner de l’espoir à ce beau peuple. Il faut qu’on s’aime et qu’on apprenne à nous aimer», a-t-il notamment dit.
S’agit-il d’une annonce sérieuse? Un de ses proches, un écrivain, confirme l’information. «Khadra m’a déjà informé hier soir de son désir de se présenter à l’élection présidentielle. Sincèrement il pense qu’il a beaucoup d’atouts: le talent, la crédibilité, l’honnêteté, l’amour du pays et l’audience. Beaucoup d’Algériens l’aiment c’est vrai», affirme-t-il. Une popularité qu’il devra toutefois pouvoir transformer en voix le moment venu. Actuellement, Yasmina Khadra dirige le Centre culturel algérien (CCA) à Paris.
L’oeuvre de Yasmina Khadra est toute de pédagogie, d’optimisme et d’espérance. On peut y découvrir une école libre pour tous, où l’on enseigne le possible amour, où l’homme vaut l’homme. C’est certainement ce qui a guidé le programme de ce grand écrivain. «La jeunesse algérienne, la société algérienne et même les démunis, les laissés-pour-compte dans de nombreux pays puiseront quelque énergie pour s’éveiller et se résoudre à se débarrasser de l’immobilisme malsain et du défaitisme rétrograde», a écrit il y un an le doyen des critiques littéraires, Kaddour M’Hamsadji sur les colonnes de L’Expression.
«C’est par la culture, le travail et la solidarité que l’être humain ouvre le chemin de sa propre liberté et constitue, en toute conscience, son trésor de vie.» Dans son oeuvre, le bonheur est possible note encore M. M’Hamsadji. De son vrai nom, Mohammed Moulessehoul, il est né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans la wilaya de Béchar. Le pseudonyme, Yasmina Khadra, est composé des deux prénoms de sa femme. Mohammed Moulessehoul effectue toutes ses études dans des écoles militaires avant de servir comme officier dans les rangs de l’ANP pendant 36 ans pour atteindre le grade de commandant. Durant la tragédie nationale, il a été au front défendre la République. Il a été l’un des principaux responsables de la lutte contre l’AIS puis le GIA, en particulier en Oranie. Mohammed Moulessehoul a publié six romans sous son nom de 1984 à 1989 et obtient plusieurs prix littéraires, parmi lesquels celui du Fonds international pour la promotion de la culture (de l’Unesco) en 1993. Il écrira pendant onze ans sous différents pseudonymes et collaborera à plusieurs journaux algériens et étrangers pour défendre les écrivains algériens. Il optera définitivement pour Yasmina Khadra, en 1997 avec la sortie en France, chez l’éditeur parisien Baleine, Morituri qui le révélera au grand public.
Il quitte l’Armée nationale populaire en 2000, pour se consacrer à l’écriture et ne révèle son identité masculine qu’en 2001 avec la parution de son roman autobiographique: «L’Écrivain et son identité tout entière dans L’Imposture des mots en 2002». Yasmina Khadra a touché plusieurs millions de lecteurs dans le monde. Adaptés au cinéma, au théâtre, en bande dessinée, en chorégraphie, ses romans sont traduits dans 42 pays.
Il a cosigné pour le cinéma Enemy Way, de Rachid Bouchareb (avec dans les rôles principaux Forest Whitaker, Harvey Keitel et Ellen Burstyn). En 2013, Yasmina Khadra fait son entrée dans le dictionnaire (Le Petit Robert des noms propres).