Le Front des forces socialistes (FFS), lâché par le pouvoir, qui, à un moment, lui a fait miroiter une possible composition politique et très peu intéressé lui-même par une fréquentation de l’opposition, ne sait plus évoluer dans le petit interstice dans lequel l’enferme sa position sans commettre la plus lourde contradiction.
Son conseil national, réuni vendredi et samedi, donne, à travers sa résolution finale, toute l’étendue de cette contradiction.
L’instance délibérante du parti reproche au pouvoir de convoquer le péril qui menace la patrie pour renforcer le statu quo
. “Le conseil national considère que la neutralisation de toute nouvelle dynamique nationale arrange les affaires des propositions concurrentes de la proposition du FFS : celle du pouvoir voulant prolonger le système actuel par un simple phénomène de ralliement d’appareils et de foules supplémentaires à son point de vue au nom de la patrie en danger, et ce, sans rien changer à sa méthode de fabrication du consensus en dehors de toute transformation des conditions d’exercice du politique, ni de son rapport au politique à l’intérieur du pouvoir et entre le pouvoir et la société. Escomptant ainsi, à son habitude, le renforcement du statu quo derrière un changement de façade, au nom du renforcement du front interne.”
Elle accuse, en même temps, l’opposition d’ignorer ce même péril qui menace la patrie et de vouloir briser le statu quo. “La deuxième proposition est celle des partisans de l’établissement d’un rapport de force avec le pouvoir institutionnel à travers un agenda électoral qui ne transformerait en rien les règles actuelles d’exercice du pouvoir ni les conditions d’implication de la société. Le peu de popularité d’une telle approche tient précisément au fait qu’elle nie toute existence d’un péril sur le pays et propose de prendre le risque d’éclater le cadre du statu quo sans garantir les conditions d’une maîtrise nationale et démocratique des conséquences d’un tel éclatement.”
À moins que le FFS confonde statu quo et stabilité, ce qui n’est pas moins grave. Cela étant, le FFS continue toujours d’étrenner son projet de construction d’un consensus national. Son conseil national affirme être renforcé dans sa conviction par la mobilisation du 18 avril dernier. Le conseil national du parti a, pour ce faire, recommandé d’affiner les propositions à soumettre aux partenaires.
S.A.I.