Le président du gouvernement conservateur espagnol se rend ce matin pour la première fois en Algérie depuis que son parti a remporté les élections générales le 20 novembre 2011, délogeant du pouvoir le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero. La crise économique est pour beaucoup dans ce coup de main au PP dont le gouvernement, malgré des réformes draconiennes, n´a pas pu empêcher la tendance à la hausse du chômage. Plus de 6 millions de chômeurs Mardi, l´Espagne avait franchi la barre des 6 millions de chômeurs. C´est ce que rapporte un rapport élaboré par Eurostat pour le compte de la Commission Européenne sur le secteur de l´emploi des «27». Le taux de chômage qui était à peine de 8% à la veille de la crise de 2008 est estimé aujourd´hui à 26,6%. L´Espagne totalise le tiers du nombre de chômeurs de tous les pays de l´UE réunis. Le tableau d´Eurostat fait ressortir le chiffre d´environ 18 millions de demandeurs d´emploi en Europe. Un tableau où l´Espagne occupe la tête du classement, suivie de la Grèce (26,1%) avec moins de 1,3 million de chômeurs, et de l´Irlande (16,3%). En revanche, l´Autriche a réalisé la meilleure performance en matière d´emploi avec un taux de chômage estimé à seulement 4,5%, suivie du Luxembourg (5,7%) et de l´Allemagne (5,4%). Ce sont des pays où émigrent massivement les jeunes diplômés espagnols. 27 pays visités en 2012 C´est dans ces conditions difficiles que les dirigeants espagnols, le roi Juan Carlos y compris, multiplient les visites de prospection d´affaires à l´étranger. Mariano Rajoy s´est rendu dans 27 pays depuis qu´il est au pouvoir, il y a une année, principalement dans les pays émergents. Son objectif est d´arracher des contrats juteux pour le secteur industriel en crise, les chantiers navals, les transports ferroviaires ou le bâtiment. Des entreprises espagnoles ont déjà investi ces secteurs en Algérie où elles se sont adjugé des contrats. Or, la stratégie du gouvernement est plus que jamais d´aller vers des relations de partenariat avec les pays étrangers. L´Espagne est-elle en mesure d´occuper ce créneau face à des concurrents de taille comme la France ou le Qatar qui ont su décoder le message de base du gouvernement algérien ? Renault construira une usine de voiture à Oran et Doha fiancera le complexe sidérurgique de Bellara. Deux projets et des dizaines de milliers de postes d´emplois directs et indirects ! Le monopole du secteur énergétique L´Espagne a certes marqué des points ces dernières années en devenant le 3e client de l´Algérie devant la France et son quatrième fournisseur, mais c´est grâce à ses achats de gaz naturel. L´Algérie assure 40% des besoins en gaz naturel du marché espagnol. Les relations dans ce secteur sont à un très bon niveau depuis l´entrée en service de Medgaz en 2011. Mardi, Sonatrach a vendu à Gas Natural Fenosa 10% de ses actions dans Medgaz pour un montant de 61,9 millions d´euros. La compagnie pétrolière algérienne qui détenait jusque-là 36% du capital du gazoduc reliant directement l´Algérie à l´Espagne a cessé d´être le principal actionnaire de ce consortium. Le groupe espagnol pourra donc commercialiser à partir du mois de février prochain 800 millions de m3/ an à travers ce gazoduc dont la capacité annuelle est de 8 milliards de m3. Cette quantité s´ajoutera aux 9 milliards de m3/an qui alimentent le marché gazier espagnol à travers le Gazoduc Maghreb Europe (GME), mis en service à la fin des années 90. La sécurité énergétique du marché espagnol est donc garantie. Mais comment donc inverser la tendance au monopole que le gaz et le pétrole exercent sur les relations économiques entre l´Algérie et l´Espagne ? Comment, surtout, trouver une alternative aux relations marchandes entre les deux pays pour aller vers des relations de partenariat ? C´est la problématique qui se dégagera de la Ve Réunion de Haut Niveau(RAN). Aller vers des relations de partenariat L´Algérie et l´Espagne veulent porter leur coopération économique au-delà du secteur des hydrocarbures à la faveur de la Ve RAN dont les travaux s´ouvriront aujourd´hui à Alger. C´est en résumé cette volonté politique qui émergera des entretiens qui auront lieu entre le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika et le président du gouvernement espagnol, M.Mariano Rajoy. Il restera à convaincre les 220 entreprises espagnoles travaillant en Algérie d´emprunter cette voie. Elles sont 800 au Maroc où elles investissent avec force le secteur de la PME, ce qui n´est pas le cas en Algérie où les hommes d´affaires espagnols hésitent à apporter leur savoir-faire technologique. C´est cette invitation qui sera lancée aujourd´hui par le gouvernement algérien à l´Espagne afin que ses hommes d´affaires s´impliquent davantage dans des relations de partenariat avec les hommes d´affaires algériens publics ou privés, fondées sur l´investissement créateur de richesses renouvelables et d´emplois. H. A |