Il a fait 9 morts et 2 blessés, Attentat d’Aïn Defla : faillite de la communication officielle

Il a fait 9 morts et 2 blessés,  Attentat d’Aïn Defla : faillite de la communication officielle
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La lenteur, en l’espèce, s’assimile à une faillite, tant est que les autorités militaires n’ignorent pas que l’avènement d’Internet avec la multitude de possibilités et la vitesse de propagation qu’il offre pour la communication impose d’être promptement réactif face aux événements. 

Une embuscade terroriste tendue vendredi, jour de l’Aïd, à une patrouille de l’Armée nationale populaire (ANP) au lieudit djebel Elouh, dans la wilaya d’Aïn Defla a coûté la vie à neuf soldats et causé des blessures à deux autres, selon un communiqué officiel du ministère de la Défense nationale (MDN) diffusé hier matin. La réaction du MDN, qui a habitué à plus de promptitude à communiquer, ces deux dernières années du moins, a été anormalement et inexplicablement tardive. Un fait d’autant plus notable que l’information a circulé sur le Net 24 heures durant,  largement traitée et commentée par les rédactions Web et les blogs, avec tous les risques d’inexactitude que l’exercice comportait.

Des bilans fantaisistes ont été d’ailleurs établis, faute de la confirmation de l’information par des sources officielles autorisées. Des inexactitudes aussi ont été relevées à propos du lieu, du jour  et des circonstances de l’attentat. Les journaux ont quasiment tous publié le bilan de 11 soldats assassinés.

Un bilan qui n’est pas conforme à celui officiel communiqué hier matin par le MDN. Les médias publics, journaux, radios, télévisions et même l’agence APS ont, eux, tout simplement occulté l’information, fonctionnant comme si l’imprimatur sur l’information sécuritaire, instauré au début des années 1990 par le gouvernement de Belaïd Abdeslam puis réactivé par le gouvernement d’Ahmed Ouyahia, après le massacre de Bentalha, était encore en vigueur. C’est à s’interroger d’ailleurs si les médias publics n’ont pas été instruits de ne pas traiter l’information. Cette (auto)censure ajoutée à la lente réactivité du ministère de la Défense nationale a été exploitée comme une aubaine inespérée par le groupe terroriste auteur de l’attentat. Dans un communiqué non authentifié,   Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a revendiqué l’attentat et a orchestré une propagande sur le Net, a dressé sa macabre comptabilité de 14 soldats assassinés, publiant également des photos prises avant l’attaque ainsi que celles des armes récupérées. Il ne se comprend donc pas que le MDN ait attendu le surlendemain de l’attentat pour réagir et publier la version officielle des faits. Une lenteur qui, en l’espèce, s’assimile à une faillite, tant est que les autorités militaires n’ignorent pas que l’avènement d’Internet avec la multitude de possibilités et la vitesse de propagation qu’il offre pour la communication, impose d’être promptement réactif face aux événements. À plus forte raison face à des situations tragiques comme celle vécue vendredi à Aïn Defla.

Les nouvelles  technologies de l’information, dont l’usage tend à se démocratiser, évacuent de fait le vieux débat des années 1990 sur le type de comportement communicationnel à observer face aux attentats

terroristes.

Le débat est devenu inutile dès lors que la capacité de censure de l’État s’en est trouvée drastiquement réduite. La communication est une bataille que l’on perd forcément si on ne la mène pas. Et il semble que les institutions algériennes éprouvent toujours du mal à se défaire du vieux réflexe qui consiste à se draper dans le silence dès qu’elles sont confrontées à des situations sensibles, le cas du MDN face à l’attentat d’Aïn Defla en est une illustration. Pourtant, d’aucuns ont pensé que les autorités avaient fini par prendre conscience  des ratés de la communication officielle et qu’elles allaient, enfin, travailler à y remédier. Tout récemment, le ministre de la Communication n’a-t-il pas réuni les attachés de presse des différents ministères et institutions de l’État afin de débattre de la question de la communication institutionnelle ?

S.A.I.

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