Herboriste, un métier qui fait florès à Médéa

Herboriste, un métier qui fait florès à Médéa

L’intérêt croissant des Médéens pour la médecine dite douce s’est accompagné, ces dernières années, de l’apparition d’une noria d’herboristeries qui proposent une gamme assez variée de plantes médicinales et de préparations dérivées que le citoyen a tendance à consommer de plus en plus en raison des vertus qu’on leur attribue.

Cette profusion d’herboristeries s’explique par le recours, souvent systématique, des citoyens à la médecine traditionnelle que beaucoup considèrent comme « l’ultime solution » à leurs problèmes de santé, face à « l’inefficience », selon eux, de la médecine moderne pour venir à bout de la maladie.

L’emploi massif des plantes médicinales et des préparations dérivées est « justifié », par nombre de patients interrogés par l’APS, par les « limites » de la médication moderne qui, en dépit de son coût, a peu d’effets sur nombre de pathologies qu’elle est censée, théoriquement, guérir.

Si certains doutent fortement de l’efficacité de la médecine moderne, d’autres estiment, par contre, que la médication par les herbes peut servir parfois de palliatif à cette dernière, mais uniquement quand il s’agit de problèmes sanitaires bénins.

D’ailleurs, aucun parmi les herboristes connus sur la place de Médéa n’à la prétention de pouvoir guérir, à l’aide de ces « potions », les pathologies lourdes, que seule la médecine classique est en mesure de traiter.

De nombreux cas de guérison ont été rapportés par des citoyens rencontrés dans des herboristeries du centre-ville. Il s’agit, notamment, de malades souffrant de problèmes dermiques, d’articulation, de rhumatisme ou sont sujets de fréquentes crises de reins, guéries grâce à l’usage de certaines préparations dérivées de plantes médicinales, proposées par des herboristes ayant une expérience dans ce domaine.

D’autres citent des cas de patients atteints d’arthrose qui auraient retrouvé une « nouvelle santé », après avoir suivi une « cure » à base de plantes médicinales, de miel naturel et d’infusion, « recommandés » par leurs herboristes.

Selon un herboriste approché par l’APS, les clients cherchent souvent des composants pour confectionner eux-mêmes des « remèdes de grand-mères », transmis de génération en génération, qu’ils estiment efficaces à guérir des pathologies qu’on rencontre assez fréquemment, telles que les problèmes gastriques, les allergies cutanées et les lombalgies.

La médecine douce est également très présente dans le traitement des problèmes gynécologiques ou post accouchement, a ajouté ce dernier, signalant qu’il y a de plus en plus de femmes qui ont recours à la phytothérapie, par peur des conséquences de certains produits pharmaceutiques sur leur santé ou celle de leur nouveau-né.

Début de « l’aventure » à Médéa

La première herboristerie a été ouverte, vers le début des années 70, à la rue Rabelais, un quartier situé au c£ur de l’ancien centre-ville de Médéa.

Après un début assez difficile, vu le contexte de l’époque, marqué par la généralisation du concept de la « médecine gratuite pour tous », et l’aversion de pans importants de la société vis-à-vis de ce type de thérapie, l’herboristerie va connaître, au bout de quelques années, un franc succès auprès de la population.

Elle va devenir, au fil du temps, une « référence » en la matière et verra le nombre de ses clients grossir de manière significative.

L’engouement des citoyens pour la phytothérapie, créditée, de plus en plus, par certains « chercheurs » et « théologiens » de mérites, dont ne dispose pas la médecine moderne, donnera lieu à l’apparition de nouvelles herboristeries.

On dénombre une quinzaine d’herboristeries dans la ville de Médéa, qui compte une population estimée à 140 mille habitants. Or, la moitié, à peine, peuvent être catalogués en tant qu’herboristeries, car beaucoup d’entre-elles ne sont, en réalité, que de simples échoppes où l’on propose aussi bien des plantes médicinales que des épices ou des produits tonifiants issus de l’importation.

Si certains herboristes se sont limités à la revente de plantes médicinales acquis auprès de fournisseurs spécialisés, d’autres ont opté pour une sorte de « partenariat » avec des phytothérapeutes agrées, établis soit à Alger ou à Blida.

Ils travaillent, le plus souvent, en étroite collaboration avec ces phytothérapeutes auprès desquels ils tirent l’essentiel des connaissances indispensables pour la préparation des produits dérivés.

Deviendra herboriste qui veut ?

Au même titre que la médecine conventionnelle, celle dite douce requiert des connaissances et une parfaite maitrise du domaine, vu qu’elle relève de la santé publique et, donc, passible de poursuites judiciaires.

Des interlocuteurs ont confié qu’ils attachent une « grande importance » à cette question et ne s’aventurent jamais à vendre un produit sans prendre les « précautions d’usage ». Ils estiment qu’un bon herboriste doit être en mesure de faire le « bon diagnostic » et s’assurer de la nature de la pathologie dont est atteint son client, afin d’éviter des erreurs qui peuvent être fatales pour le patient.

Lors de virées dans des herboristeries de la ville, l’APS a constaté que les herboristes prennent beaucoup de précaution quand il s’agit de patients souffrant de maladies chroniques ou si le malade est un enfant, redoutant d’éventuelles complications chez ces sujets pouvant les mettre en danger.

Une responsabilité dont semble être consciente la majorité des personnes interrogés, jugeant indispensable pour tout herboriste d’être capable de faire la distinction entre la nuée de clients qui viennent solliciter son « savoir-faire », et de pouvoir être sur de son diagnostic avant de vendre n’importe quel produit.

Un herboriste a reconnu que l’apprentissage du métier « sur le tas » ne suffit guère, aujourd’hui, comme il est d’usage dans certains métiers. Il faut, selon lui, actualiser constamment ses connaissances, recourir, régulièrement, aux ouvrages de référence, anciens ou nouveaux, pour pouvoir suivre l’évolution que connait cette activité et se prémunir ainsi contre tout risque d’erreur susceptible d’avoir des conséquences fâcheuses sur la santé du consommateur.