La France commémore ce mardi la Journée nationale en hommage aux harkis, qui demandent une indemnisation et une reconnaissance officielle de la responsabilité de l’Etat pour les avoir abandonnés. « Il faut voir dans quelles conditions ils ont été torturés », raconte l’un de leurs descendants.
Il y a 50 ans finissait la guerre d’Algérie, et commençait le massacre de nombreux harkis. Ils avaient décidé de se battre aux côtés de la France, mais lorsque le conflit prit fin, 75 000 restèrent en Algérie, victimes de représailles. Depuis, quelques 60 000 ont été admis en France, logés dans des camps de fortune du sud du pays. Ce mardi, à l’occasion de la 12e journée nationale en hommage aux harkis, le ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif présidera une cérémonie aux Invalides et devrait lire à cette occasion un message de François Hollande. Mais les harkis attendent plus qu’un message : ils veulent un geste et la reconnaissance par la France de leur abandon.
« Au bout de 50 ans, il serait temps d’agir »
« On attend la reconnaissance officielle de la part de la France de l’abandon et du massacre des harkis. Nicolas Sarkozy l’a dit, d’accord, mais ça n’a pas été voté, les paroles s’envolent », regrette ainsi Mahmed Badji, un fils de harki. Maintenant, nous demandons au président de la République qu’il vote, que ce soit promulgué au parlement. Le massacre des harkis, il faut voir dans quelles conditions ils ont été torturés. Au bout de 50 ans, il serait temps d’agir, faire quelque chose », demande-t-il, en accord avec l’appel des associations qui réclament le vote d’une loi sur la responsabilité de l’Etat et une nouvelle indemnisation.
« On ne peut pas faire des mesurettes »
Bernard Coll est le porte-parole d’un collectif d’associations qui réclame 42 milliards d’euros sur 5 ans pour les harkis, une somme « presque symbolique par rapport à la somme réelle due par l’Etat » selon lui. « Nos compatriotes ont dû abandonner leur terre natale pour être parqués dans des camps en France, tout ceci sur les ordres de l’Etat français. Pour réparer, on ne peut pas faire ça par des mesurettes », commente-t-il.
« La souffrance psychologique mérite un geste »
Elle-même fille de harki et membre du collectif « Vérité et justice pour les français rapatriés », Taouès Titraoui fait la lise des raisons qui justifient une telle demande « Le fait que des hommes et des femmes avec enfants aient vécu parqués pendant des années… Il y a eu la souffrance de l’exode, la peur au ventre, les massacres sur place,… La souffrance psychologique mérite un geste ».
« Ce n’est pas de l’argent qu’ils demandent »
Marc Laffineur, en revanche, s’oppose à toute loi qui viserait à compenser financièrement les harkis. L’ancien secrétaire d’Etat aux anciens combattants sous Nicolas Sarkozy estime que « ce n’est pas raisonnable. En 1962, il y a eu des indemnisations. Aujourd’hui, ce n’est pas du tout de l’argent que demandent les harkis, mais le la reconnaissance, et bien sûr de l’aide pour la formation, de l’emploi pour leurs enfants et leurs petits-enfants, quelques fois arrières petits-enfants », estime-t-il.