Parti du Nasria il y a exactement deux ans, le talentueux et prometteur défenseur central des Verts, Rafik Halliche, a su tracer son chemin et pour figurer à seulement 23 ans comme l’un des meilleurs défenseurs centraux algériens. Calme, bosseur et toujours disponible, l’enfant de Bachdjarah a bien voulu nous parler de son ascension fulgurante et des chances de l’Algérie pour la prochaine CAN. Ecoutons-le.
– Malgré votre élimination de l’Europa League, vous avez quand même terminé votre parcours européen en beauté, avec ce large succès sur l’Austria de Vienne sur le score de 5-1, jeudi dernier…
Tout à fait. Même si on était déjà éliminés de cette compétition européenne avant cette dernière journée, cela ne nous a pas empêchés pour autant de se donner à fond et de jouer avec le plus grand sérieux notre rencontre face à l’équipe autrichienne. On a produit du bon jeu et remporté le match sur un score fleuve.
On quitte l’Europa League avec une certaine amertume, car on avait les moyens de faire beaucoup mieux et même de passer au second tour, et ce, malgré la présence de deux grands clubs d’Europe dans notre poule, à savoir le Werder de Brême et l’Atletico Bilbao.
Ça reste néanmoins une bonne expérience pour vous ?
Evidemment. Vous savez, c’est un rêve pour moi qui s’est réalisé. Ce n’est pas donné à tout le monde de jouer une compétition européenne, surtout à mon âge. Ça été une expérience formidable pour moi, car ça m’a permis d’affronter de prestigieux clubs européens et surtout d’être face à des attaquants de renommée mondiale. N’était notre manque d’expérience, je reste persuadé qu’on aurait créé la surprise.
Ça vous a permis aussi de passer un nouveau pallier…
N’oubliez pas qu’il y a deux saisons de cela, je me contentais de jouer que la coupe d’Algérie et le championnat avec le NAHD, même pas la coupe d’Afrique. Donc, il est clair que j’ai passé un cap important dans ma carrière et cela me fait vraiment plaisir de voir que mes efforts ont fini par payer, même si je reste conscient que beaucoup de travail m’attend pour m’améliorer encore plus et atteindre un niveau beaucoup plus meilleur que celui-ci.
Avec peu de moyens, le Nacional Madeira réussit à pointer son nez en haut du classement du championnat portugais, en témoigne cette honorable 4e place qu’il occupe actuellement…
Vous savez, le Nacional a beaucoup évolué ces dernières années et figure actuellement comme l’un des meilleurs clubs du Portugal. Depuis maintenant trois saisons, le club arrive toujours à se classer parmi les cinq premiers. On ne parle plus du Nacional comme étant une petite équipe.
Le statut du club a changé et je peux vous dire que les grosses cylindrées ici ne prennent plus à la légère notre équipe.
Le Nacional peut viser le titre de champion, alors ?
Le titre reste jouable, mais ça sera très difficile pour nous de rattraper le Benfica qui affiche depuis le début de la saison une forme étincelante. Ce qui manque à notre club, c’est les infrastructures et les moyens que possèdent les autres grands clubs portugais, à l’image du FC Porto, le Benfica et le Sporting.
Quel est l’objectif du club cette saison ?
Comme la saison passée, on essayera de décrocher une nouvelle qualification à l’Europa League.
Et pourquoi pas la Ligue des Champions ?
our celle-ci, ça sera plus difficile, car il faut savoir que le Portugal n’a droit qu’à deux représentants seulement en Ligue des Champions. Le champion est qualifié direct, tandis que le dauphin aura à disputer le tour préliminaire. Pour vous dire que cela ne sera en aucun facile. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on va jouer nos chances à fond.
Contrairement à la saison passée, vous figurez désormais comme un titulaire indiscutable au sein de votre équipe…
Je ne suis pas vraiment d’accord avec vous. A part mes six premiers mois où j’ai trouvé quelques difficultés à m’adapter, le reste, j’ai presque tout le temps été titulaire. Sur un total de près de 40 matches qu’a disputés le club la saison passée, j’ai joué la majorité du temps en tant que titulaire.
’apport de l’EN a été pour beaucoup dans votre ascension, non ?
Jouer en sélection m’a permis d’acquérir une certaine confiance en soi qui m’a énormément servi dans ma carrière et dans mon évolution en club. L’apport de l’EN m’a été considérable.
Justement, l’EN s’apprête à jouer la CAN le mois prochain en Angola. Quelles seront ses chances là-bas ?
Cette CAN, et contrairement à ce que beaucoup pensent, ne s’annonce pas facile pour nous. On va jouer match par match et faire tout pour passer au moins le 1er tour. Il faut bien se préparer et surtout se donner à fond pour ne rien regretter. On a une bonne équipe et on se doit de bien figurer. Restons bien concentrés et tout se passera bien, Incha Allah.
Le public algérien vous a vite adopté et compte beaucoup sur vous pour mener l’Algérie le plus loin possible dans cette Coupe d’Afrique. Ne sentez-vous pas la une certaine pression sur vos épaules ?
C’est ça le football. La pression, il faut faire avec. Contrairement au tout début, je sens que j’ai plus de responsabilité. C’est vraiment motivant que de savoir que tout un peuple attend beaucoup de vous. J’espère être à la hauteur et apporter ma contribution à celle de mes autres coéquipiers pour redonner encore plus du bonheur et de joie à nos supporters.
Quelle a été la réaction de vos dirigeants à Madeira à l’idée que vous soyez loin du club durant un mois ?
Je ne vais rien vous cacher. Mes dirigeants à Madeira ont tout fait pour m’influencer afin que je ne participe pas à cette CAN. Ils ont essayé de faire pression sur moi pour que je refuse la convocation. J’ai été clair avec eux et je leur ai expliqué que je ne pouvais en aucun cas refuser l’appel de mon pays, et que quoi qu’il arrive, je participerai à cette CAN. Ma réaction les a un peu déçus, mais je ne pouvais pas faire autrement. Jouer pour la sélection est un devoir pour tout joueur.
En parlant de sélection, que pensez-vous de cette affaire «Lacen» qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps ?
Sincèrement, je suis mal placé pour en parler. Je ne sais rien de cette affaire et je préfère éviter toute polémique. Actuellement, je suis concentré sur mon club, et seul le sélectionneur peut vous apporter son avis.
Il n’y a que le travail et le sérieux qui payent. Un joueur, s’il veut réussir dans sa carrière, il ne doit jamais s’avouer vaincu et baisser les bras. Je suis bien placé pour le dire. Il faut croire en ses qualités jusqu’au bout. C’est cela les armes d’un footballeur ambitieux.
Pour conclure, votre prêt au Nacional Madeira se termine en fin de saison. Y a-t-il une possibilité de vous voir sous les couleurs du Benfica la saison prochaine, surtout lorsqu’on sait que vous allez jouer un Mondial au mois de juin prochain ?
Même si rien n’est encore officiel, il y a de fortes chances que je revienne au Benfica. J’ai un contrat avec ce dernier qui expire en janvier 2012, et d’ici la fin de la saison, tout se dessinera. Je ne vous cache pas que j’aimerai bien évoluer dans un club plus prestigieux la saison prochaine, et le Benfica en fait partie.
S. F.