Marcoussis, le très attitré centre de préparation de la sélection de France de rugby, s’apprête à accueillir les Verts pour un stage de trois jours, du 8 au 11 août. Une occasion pour revenir avec le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, sur les différents événements ayant jalonné la vie de l’EN ces derniers temps. Avec son franc parler habituel, Coach Vahid est revenu cas par cas sur les sujets qui nous intéressent. Entretien !
A quelques jours du début du stage de Marcoussis, plusieurs joueurs retenus souffrent de blessures ou sont à la recherche d’un club ; comment expliquez-vous cette situation ?
C’est vrai que plusieurs joueurs sont préoccupés en ce moment par la recherche d’un club. Trois autres joueurs sont blessés. C’est dans nos prévisions. C’est la raison pour laquelle nous avons retenu un plus grand nombre de joueurs. C’était en quelque sorte une manière de parer aux imprévus, comme c’est le cas aujourd’hui.
Et sur quelle base avez-vous établi cette liste ?
Sur la base de ce que j’ai vu et retenu à l’issue des nombreux matchs que j’ai supervisés. Je pense avoir choisi ceux qui doivent être choisis. Je n’ai pas pu prendre tout le monde, du fait qu’il y a des joueurs que je ne connais pas. C’est ce qui m’a poussé d’ailleurs à superviser un grand nombre de casettes vidéo. C’est un premier stage. Rien n’est figé. Pour cette fois-ci, le but est d’établir le contact et d’expliquer un peu aux garçons ma vision des choses et ce que j’attends d’eux à l’avenir. C’est mon souhait : bâtir une équipe d’avenir.
Quelles sont donc les raisons de la non-convocation de Abdoun et Chaouchi ? Seraient-elles extrasportives ?
Je ne pouvais pas prendre tout le monde ! Les raisons sont diverses. Vous m’avez cité deux joueurs, mais il y en a d’autres que je n’ai pas pu retenir pour des raisons administratives et autres. Qu’à cela ne tienne, comme je l’ai dit, la liste reste ouverte, y compris pour les deux joueurs que vous venez de citer. Il y aura d’autres opportunités. Pour le moment, mon but est d’expliquer aux joueurs que c’est le meilleur qui jouera et que personne n’est sûr d’être titulaire. Le fait d’avoir donné une liste élargie ne veut nullement dire que tous les joueurs seront convoqués de manière continuelle. Je le dis et je le répète, les portes sont ouvertes pour les meilleurs.
Donc, on devra s’attendre à ce qu’il y ait des changements à l’avenir ?
Je viens juste d’arriver. Je pense disposer de temps jusqu’à décembre pour préparer un groupe à même de mener les qualifications à la CAN-2013 et au Mondial-2014. C’est mes objectifs. Pour ce faire, j’ai besoin de suivre tous les joueurs susceptibles d’être sélectionnés. Je suis actuellement en train de chercher un groupe qui sera composé de 25 joueurs et 3 à 4 gardiens pour entrevoir les prochaines échéances.
Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à vous passer des jeunes, puisque vous dites que votre objectif est de monter une équipe d’avenir ?
J’ai réfléchi à cela. Le problème, c’est qu’il y a des joueurs qui n’ont pas encore réglé leurs situations administratives. Ceci fait qu’ils ne sont pas sélectionnables présentement. Il y a des joueurs par exemple qui ne disposent pas de passeports algériens et cela les empêche de rejoindre la sélection. Quoiqu’il en soit, je suis en contact avec trois joueurs, qui ont fait partie des Espoirs français, dans le but de les intégrer. Et d’autres que je vais superviser à l’avenir.
Faites-vous allusion à Tafer, Brahimi et Feghouli ?
Oui. Je suis très intéressé par Feghouli, mais le problème est qu’il ne dispose pas de passeport algérien pour le moment. Idem pour les autres joueurs que vous venez de citer. Je vais d’ailleurs charger mon assistant de les superviser à l’avenir, du moment que je ne pourrais pas être partout en même temps !
Allez-vous suivre les matchs du championnat national dans le but de superviser des joueurs locaux et éventuellement les intégrer dans le groupe ?
Bien sûr. Je m’établirai entre la France et l’Algérie de manière à pouvoir garder un œil sur le championnat d’Algérie. Bien que son niveau reste tout juste moyen, il y a quand même des joueurs qui émergent du lot, comme c’est le cas du joueur de Sétif que j’ai beaucoup aimé face au Luxembourg (il fait allusion à Djabou).
Vous comptez donc donner leurs chances aux locaux ?
Oui. Il y a des joueurs qui ont réellement le niveau et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de superviser tous les éléments susceptibles d’être sélectionnés.
Seriez-vous d’accord pour la nomination d’un technicien local qui sera chargé par exemple de superviser les joueurs locaux et vous aider à établir votre liste ?
Je reste ouvert. Je n’ai jamais fermé la porte. Si je trouve un technicien qui réponde au profil, pourquoi pas. Mais dans l’immédiat, je suis plus dans la peau d’un observateur. J’ai envie de connaître le groupe. De tout savoir sur la forme des joueurs. C’est la raison pour laquelle la question du renforcement du staff technique n’est pas à l’ordre du jour.
Quel est votre avis sur le flux migratoire de nos internationaux vers les championnats des pays du Golfe ?
Je viens de parler avec l’agent de Bougherra pour connaître la vérité dans ce qui se dit sur son transfert au Qatar. De toutes les façons, j’aurais des discussions avec tous les joueurs concernés à Marcoussis. Tout ce que je peux dire dans l’immédiat, c’est que celui qui ne sera pas bon ne sera tout simplement pas convoqué, car je suivrai continuellement leur parcours où qu’ils se trouvent.
Quelles sont les chances de l’Algérie de se qualifier à la CAN-2012 ? Vous y croyez, vous ?
Le problème, c’est que notre destin n’est pas entre nos mains. Même si nous gagnons nos deux prochains matchs, il n’est pas certain que nous passions. On est obligés d’attendre les résultats des deux autres adversaires du groupe pour être fixés. Si le Maroc parvient à remporter ses matches, nos chances de nous qualifier seront réduites à néant. Quoiqu’il arrive, nous jouerons nos chances à fond, même si, je le répète, notre objectif est de nous qualifier à la CAN-2013 et au Mondial-2014.
La tâche pour les qualification au Mondial 2014 vous paraît-elle facile, compte tenu de l’identité des adversaires de l’Algérie dans le groupe H, le Mali, le Bénin et éventuellement le Rwanda ?
Je suis optimiste. Je ne dis pas que la tâche sera moins difficile, mais nous avons un bon coup à jouer. Mais j’aurais quand même besoin de temps pour monter une équipe capable de surmonter cette phase un petit peu néfaste. Parce qu’à présent, il y a plusieurs sélections africaines dont le niveau est bien supérieur à celui de l’Algérie. En tous les cas, ce que j’ai vu lors des matches que j’ai visionnés n’est pas du tout rassurant. Bien au contraire. Nous avons besoin de bosser pour remonter la pente. Beaucoup de boulot nous attend en perspective, car avec le niveau qui est le sien actuellement, l’Algérie n’ira pas en Coupe du monde. Néanmoins, d’ici un an, si nous arrivons à corriger ce qu’il y a à corriger et monter une équipe digne de ce nom, ce qui constitue la priorité, nous avons nos chances.
Avez-vous au moins une idée sur vos adversaires immédiats dans ces qualifications au Mondial-2014 ?
Oui, je connais très bien le Mali et le Bénin. Ce sont deux bonnes équipes.
Vous avez fait appel à Meghni malgré le fait qu’il ait été absent des terrains pendant plus d’un an et demi, qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
La présence d’un tel joueur pour le stage de Marcoussis ne lui garantit pas une sélection pour le prochain. Comme je l’ai dit, rien n’est figé. Je veux contribuer au retour de Meghni au premier plan car il peut rendre beaucoup de services à la sélection, pour peu qu’il soit le meilleur. Ça restera mon premier critère de sélection.
Avez-vous discuté avec les cadres de l’équipe, avant le coup d’envoi du stage ?
Non, je ne l’ai pas fait. Je ne connais pas encore les joueurs et franchement, je ne vois pas l’utilité d’anticiper les choses. Nous avons un stage à partir du 8 août. On en profitera pour faire connaissance.
Quel est le programme du stage ?
Le staff technique arrivera dimanche. Nous avons prévu une réunion technique. En ce qui concerne les joueurs, ils sont attendus lundi en fin de matinée. On a prévu une petite séance sur le terrain et des séances vidéo. Le but final du stage est de transmettre aux joueurs ma vision des choses et les règles du jeu. C’est très important pour la suite.