Après avoir vidé leurs sacs au niveau de l’APN, lors des débats sur les projets de loi inscrits dans le cadre des réformes politiques, certains partis préfèrent s’exprimer aussi sur le terrain devant leurs militants. Chacun se déclare défenseur de la réussite des réformes tout en accusant les autres de vouloir les vider de leur sens.
En réalité, ce qui fait bouger ces partis ce sont les enjeux de la prochaine étape, dont les présidentielles, et certains ne cachent pas leurs ambitions avec notamment la conjoncture régionale actuelle.
Cette situation confirme que les partis politiques siégeant à l’APN n’auront pas grand-chose à apporter à ces réformes alors que cette institution a eu le privilège d’avoir le dernier mot sur une partie d’entre elles. Ce qui exclut les minorités, puisque le FLN qui a le plus grand nombre des députés sans être majoritaire, a introduit des propositions d’amendement avec la complicité de la commission des affaires juridiques de l’APN. Toutefois, tout se jouera lors de la plénière de vote attendue pour le mois de novembre. Ainsi, on ne sait pas si le FLN aura le soutien de ses alliés (RND et MSP) ou ira-t-il le chercher ailleurs.
Dans ce cadre, le Parti des travailleurs mène une campagne contre le FLN. A ce propos, la SG du PT, Louisa Hanoune a déclaré vendredi dernier : «On dénonce l’attitude et les pratiques antidémocratiques du FLN». Une dénonciation basée sur l’amendement proposé par le FLN portant suppression de l’article 93 du projet de loi relatif au régime électoral dans lequel est stipulé que «les ministres candidats à des élections, doivent démissionner trois mois avant l’élection».
Une proposition jugée «anticonstitutionnelle» par le vieux parti qui a obtenu l’accord de la commission des affaires juridiques présidée par le FLN, sachant que le PT est pour le maintien de cet article comme annoncé dans le projet de loi validé en Conseil des ministres, avec l’accord du Président Bouteflika.
Dans ce contexte, Mme Hanoune a qualifié de «mépris» le forcing du FLN visant à ramener le quota de représentation des femmes aux instances élues d’un tiers à 20%. «Ceux qui veulent ramener le quota à 20 % font des calculs politiciens. Cela va faire apparaître le caractère mi-sogyne de certains, dont le FLN». Il faut préciser que le PT est contre le système de quota.
Mme Hanoune s’interroge aussi sur la position de l’alliance. «On se pose la question de savoir si cette alliance appuie le Président ou non ?». Selon elle, «les masques sont tombés», ajoutant qu’«Il y a des contradictions majeures, sur la base d’intérêts de groupes minoritaires et de centres occultes». «Le Président doit trancher sur ces contradictions», a-t-elle souligné.
Du coté du RND et du MSP, c’est la pré-campagne pour les prochaines élections législatives. Dans ce cadre, le patron du MSP était ce week-end à Tiaret. M. Soltani a appelé au dialogue multiforme comme moyen pour réussir les réformes.
Evoquant la participation de la femme dans le domaine politique, il a souligné que son parti a soutenu l’initiative du Président visant une participation plus large de la femme dans les instances élues. Alors qu’il y a quelques jours, il s’était déclaré contre le système de quota.
Dans ce contexte, il a invité «les femmes du MSP à se préparer pour représenter leur mouvement aux prochaines élections».
De son côté, le RND a focalisé sa sortie sur la promotion politique de la femme qui «ne doit pas se faire sur fond de tension».
Dans une conférence régionale de l’Est autour du thème «la femme et les reformes», le porte-parole du parti, Miloud Chorfi, a estimé que le projet de loi organique relatif à la représentation des femmes aux Assemblées élues «répond pleinement aux aspirations du parti», exhortant les militantes de son parti à s’impliquer davantage sur le terrain, en vue de s’émanciper aux côtés de l’homme, et afin de concrétiser leur intégration politique et participer ainsi à l’application des reformes.
Cependant, on ne sait pas si le RND soutiendra la proposition du FLN concernant la réduction du quota des femmes à 20% alors qu’à l’APN ses députés étaient favorables au quota de 30%.
Par Nacera Chenafi