Grippe A/H1N1 : Le vaccin fait peur

Grippe A/H1N1 : Le vaccin fait peur

Décharge à signer, le personnel médical refuse la vaccination contre la grippe A

Les citoyens désirant se faire vacciner se doivent de signer une décharge assumant toutes les conséquences qui en découlent. Le personnel médical refuse catégoriquement de se faire vacciner. Les doses ne sont pas encore reçues au niveau des hôpitaux et autres cliniques de proximité.

La campagne de vaccination contre la grippe A a, donc, débuté, hier. L’annonce a été faite le même jour par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.

L’opération touchera en premier lieu les personnels médicaux et paramédicaux pour ensuite être généralisée à d’autres couches de la population, dans les tous prochains jours, selon un ordre de priorité établi par le département de Saïd Barkat.

C’est ainsi, dans l’objet de voir de visu le déroulement de cette opération dans sa première phase, nous nous sommes rendus au niveau des établissements sanitaires, entre autres, hôpitaux et cliniques.

Et là, pour une première impression ce fut une première surprise mais surtout une première défaillance : à l’entrée de ces centres hospitaliers devant abriter cette campagne, c’est le black-out total. Aucun indice n’indiquait que l’opération commence aujourd’hui (hier ndlr). Les plaques d’indications étaient quasi inexistantes.

Affichage défaillant. Motus et bouche cousue des personnels : médecins, infirmières, bref tout le personnel ignorait complètement que la date du début de l’opération était annoncée pour aujourd’hui (hier). Mieux encore, ils ne savaient même pas que celle-ci (opération) se déroulera à l’intérieur de leurs établissements.

C’est-àdire là où ils exerçaient, depuis de longues années. Une récidive grave et inacceptable du département de Saïd Barkat qui a fait preuve une nouvelle fois d’un manque on ne peut plus flagrant de communication.

C’en est vraiment un. Cette situation déplorable bien sur, n’était pas pour nous décourager de continuer à chercher…à interroger encore et encore. Le temps passe. Heureusement qu’il faisait beau en cette journée hivernale où le soleil dictait toujours sa loi.

Pour nous, les choses étaient plutôt claires : après tout nous nous sommes dit qu’il s’agissait d’une simple omission de la part des médecins d’autant qu’on est juste au premier jour de campagne.

Normal donc, qu’ils auraient quelques appréhensions d’ordre organisationnelles qui seront vite remédiées au fur et à mesure. Mais voilà, que rien de cela n’était. Notre raisonnement s’est avéré par la suite totalement faux, et dans le fond et dans la forme.

Explication : à l’hôpital Mustapha Bacha à Alger mais aussi au niveau des autres enceintes hospitalières de la Capitale, tel que l’hôpital Parnet de Hussein Dey et celui de Kouba ainsi que d’autres cliniques publiques nous a fait découvrir une toute autre réalité…une autre vérité qui va, hélas, en contrario de nos suppositions mais surtout en contresens des déclarations du premier responsable du secteur : Point de campagne de vaccination.

Le personnel de la santé n’était pas au rendez-vous. Ils étaient certes à leurs postes respectifs mais pas pour se faire vacciner. C’est même leur dernier souci, ce vaccin. Pis encore, les lots promis ne sont pas encore reçus, du moins pour hier.

Ceux que nous avons interrogés, parmi les médecins, en cette occasion, n’étaient pas du tout chauds à l’idée de se faire vacciner. Ils le refusent catégoriquement : « à quoi bon que je me vaccine. ça fait bien 34 ans que je n’ai pas fait un vaccin et ce n’est surtout pas aujourd’hui que je le ferai », dira une doctoresse, non sans se montrer étonnée quant à notre détermination à se faire vacciner.

Et sa réponse ne s’est pas faite entendre : « Je ne sais pas s’ils ont commencé ou pas. Je sais seulement que vous devrez signer une décharge assumant tous les effets secondaires et autres éventuelles complications qui pourraient se manifester après avoir été vacciné », nous dira-t-elle.

Son collègue, à quelques différences près, abonde dans le même sens, indiquant que la campagne de vaccination est un non-événement avant de souligner qu’il ne croit pas trop au vaccin.

Et quand on lui dit que c’est le ministre en personne qui a annoncé la campagne et qui de surcroît d’ailleurs s’est fait vacciner devant les caméras de la télévision en faisant même les unes des journaux, il nous a répondu d’un ton ironique mais lourd de sens : « Qui prouve que ce n’est pas de la vitamine C qu’on lui a injecté. En tout état de cause, moi, je n’y crois pas. » Même constat à Kouba.

C’est l’indifférence totale du personnel médical. Les doses promises ne sont pas encore arrivées. Et pourtant un cas parmi le staff médical, nous dit-on, a été enregistré. Il s’agit d’un médecin qui a été contaminé par le virus H1N1. À noter enfin, qu’au niveau des cliniques, notamment publiques, le vaccin n’était pas disponible, du moins pour hier.

Amokrane Hamiche