Un suivi de 80%, selon les syndicats, plutôt “mitigé”, à en croire le ministère de l’Éducation. Au-delà de la guerre des chiffres, les deux parties savent que le conflit ne peut être dénoué que par la voie du dialogue.
La Coordination des syndicats de l’éducation a finalement maintenu son mouvement de grève de deux jours. Ni les appels au dialogue lancés par la ministre de tutelle ni le cri d’alerte des parents d’élèves n’ont eu raison de la détermination de membres de la Coordination à mener leur action qui a commencé hier et qui devrait se poursuivre aujourd’hui.
À côté de la “réussite” de l’action de protestation des sept syndicats, les initiateurs ont, à l’unanimité, appelé au dialogue avec la tutelle. “Nous sommes pour le dialogue”, mais “un dialogue et des engagements sérieux et sincères”, ont-ils exigé.
Les sept syndicats réunis dans la coordination ont affirmé, dans un communiqué rendu public, que leur mot d’ordre a été suivi dans toutes les wilayas du pays. Contactés par Liberté, les responsables des syndicats ont évoqué un suivi à hauteur de 80% dans certaines wilayas, à l’image de Khenchela et de Béchar.
Le taux le plus faible a été enregistré, selon l’Unpef, à Bouira et à Batna avec 40% de suivi, alors qu’il est de 53% à Béjaïa, de 62% à Guelma, de 60% à Constantine et Tizi Ouzou, de 65 % à Naâma, Aïn Témouchent et Sétif… De son côté, le ministère a évoqué, hier, un suivi mitigé à travers différentes régions du pays. Selon un compte rendu de l’APS, seuls quelques établissements ont observé la grève à travers plusieurs localités du pays. Ce qui laisse place à une guerre des chiffres entre les grévistes et leur tutelle.
Messaoud Amraoui, porte-parole de l’Unpef, a estimé que l’appel de la Coordination a eu l’écho attendu auprès des enseignants. “Notre appel à la grève a été suivi d’une manière satisfaisante”, a-t-il dit, ajoutant que “nous sommes disposés à dialoguer avec la tutelle”. “Les syndicats n’accepteront pas de fausses promesses”, a encore souligné M. Amraoui.
Il a rappelé que la ministre avait été interpellée depuis la rentrée scolaire sur plusieurs aspects liés à la situation professionnelle des enseignants, “mais elle n’a pas jugé nécessaire de répondre”. “Elle s’est contentée de fausses promesses”, a encore ajouté M. Amraoui, qui a informé, par ailleurs, que la ministre aurait saisi le Premier ministre à propos des revendications des syndicats de la Coordination. “Nous aurions aimé une réaction de la tutelle avant la grève”, a-t-il indiqué, non sans s’assurer de la volonté des syndicats de préserver “le droit des élèves”, à travers des pourparlers pour aboutir “à une solution durable”. Même son de cloche chez Idir Achour du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), qui a affirmé que la grève a paralysé tous les établissements. “Le taux de suivi de la grève est convaincant”, a-t-il estimé. “Nous étions en sit-in de soutien aux enseignants contractuels au Ruisseau, mais l’action a été réprimée”, a-t-il ajouté. “Ils étaient des centaines de représentants des contractuels à prendre part à l’action”, a-t-il précisé.
Concernant la grève, il a ajouté qu’un conseil national et des regroupements auront lieu pour décider de la suite à donner à l’action. “Nous souhaitons un dialogue responsable avec la ministre”, a-t-il dit, précisant que “tous les syndicats sont très attentifs aux déclarations de la ministre et leur attente se résume à des engagements sincères à travers un dialogue sérieux”.
Maintenant que la grève est lancée, que deux jours de cours sont “grillés”, les deux parties sont appelées, plus que jamais, à se réunir autour d’une même table pour trouver les solutions idoines à ces problèmes qui surgissent chaque année. Il y va de l’avenir de millions d’écoliers.
M.M