Discret depuis sa non-sélection pour la rencontre face au Luxembourg, Abdelkader Ghezzal, bientôt de retour sur les terrains, sort de sa réserve pour asséner ses vérités sur Bari, l’Algérie et les critiques à son encontre. Pour Footafrica365, l’international algérien n’élude aucune question, et comme sur les terrains, il est généreux dans l’effort. Première partie d’un entretien confession.
Abdelkader, comment allez-vous et où en êtes-vous au niveau de votre blessure ?
Je vais beaucoup mieux. Je suis sur la fin de ma blessure. Je retouche le ballon et effectue des exercices. Je n’ai jamais été blessé de manière aussi sérieuse. Et j’ai compris la difficulté de revenir après ce type de lésions.
Quelle était la nature exacte de votre blessure ? Et comment avez-vous vécu psychologiquement cette absence prolongée, ainsi que la situation délicate de Bari au classement ?
J’ai une déchirure à l’adducteur. J’ai repris, et sur un mouvement, j’ai fait une rechute. J’ai forcément vécu difficilement cette période. Je viens d’arriver à Bari, le club a fait un vrai effort pour me recruter. Ils m’ont mis dans les conditions idéales. Je me blesse au bout de huit matches, alors qu’on avait réalisé un début de saison encourageant. A ce moment là, le club est rentré dans une spirale négative, et aujourd’hui, on est dernier. De voir ton équipe en difficulté et ne pas pouvoir l’aider, à ce moment là, je l’ai clairement mal vécu.
Récemment chez nos confrères de RMC, vous avez laissé entendre que vous ne fermeriez pas la porte à un retour en Championnat de France (On parle de Lens et Bordeaux). Qu’en est-il de vos intentions ?
Partir de Bari ? Je n’en ai pas envie. Ca ne serait pas sérieux de ma part avec ce qu’ils ont misé sur moi. Tous les jours, le directeur sportif prend de mes nouvelles. Et ça me fait plaisir. J’ai envie de rendre ce qu’on m’a donné, ici. Je veux mettre à disposition ce que je sais faire. Maintenant, c’est clair que si des propositions venaient de France, je ne fermerais pas la porte. Mais les choses ne sont pas aussi limpides, car je viens d’arriver à Bari, et j’ai signé pour quatre ans. Ca serait aussi à mon club de voir. C’est une situation que je dois de toutes les manières évoquer avec mon agent, qui me suit de près.
Vous avez connu un début de saison compliqué avec votre club, mais il y a aussi eu cette non-sélection avec les Verts contre le Luxembourg, alors que vous étiez un des joueurs clés lors des éliminatoires CAN-Mondial 2010. Comment avez-vous vécu cette mise à l’écart ?
J’étais déçu, un peu énervé, car je suis un compétiteur et je ne peux pas me satisfaire de ça. Après, il faut respecter les choix et les nouvelles idées du sélectionneur. Ma déception a été atténuée par le fait que je me sois blessé un jour avant la publication de la liste. Je n’aurais pas été opérationnel. Mais c’est sûr que lorsque tu es là depuis deux ans, et que tu as traversé des moments difficiles, ainsi que des grandes choses comme une qualification à un mondial ou une demi-finale de CAN, tu ne peux qu’être déçu !
Avez-vous payé les pots cassés en raison de la débâcle subie à Bangui en Centrafrique (2-0) ? Et comment expliquez-vous cette défaite ?
Non, je ne pense pas. Et puis ce n’est pas moi joueur de le dire, c’est à l’entraîneur. Après lui a tiré des conclusions, et je n’ai pas été sélectionné. Je respecte son choix. Si je paye pour cette défaite, c’est dur à avaler, car j’ai beaucoup donné ces deux dernières années pour mon pays. Sur ce match, je pense qu’on est tous passé à travers. Ce fut une faillite collective. Entre la chaleur et l’humidité, ce n’est pas toujours simple quand tu débarques de zone tempérée et que tu as 48 heures pour t’adapter. On est aussi désormais attendu, il ne faut pas oublier non plus d’où revient le football algérien. On n’est plus vu comme une petite nation. Le plus dur commence, et lorsque tu joues des équipes comme la Centrafrique, tu es vu comme un gros poisson. Ca devient encore plus dur. A nous de réagir !
Les rumeurs ou certains ragots laissent penser que les joueurs viennent désormais en équipe nationale, comme si c’était une colonie de vacances. Qu’en pensez-vous ?
(Irrité…) Les colonies de vacances ! Le penser, c’est déjà dur. On est les premiers à vouloir rejoindre l’équipe nationale. Et quand on n’est pas pris, croyez-moi, on est même très énervé. Je ne connais aucune nation au monde, où les joueurs viennent en sélection avec l’idée que c’est les colonies de vacances. On est des compétiteurs avant tout. L’équipe nationale, c’est sacré. Mais pour recadrer le débat, je pense surtout qu’on a eu deux ans magnifiques, et là, on rencontre des difficultés. Que pour ma part, j’estime normal. L’effectif a évolué, nous avons pas mal de nouveaux joueurs, qui ont besoin de s’adapter aux réalités africaines. Et c’est aussi pour ça, que progressivement les choses devraient rentrer dans l’ordre.
« J’attends avec impatience la prochaine liste »
L’arrivée d’un nouveau sélectionneur, ses méthodes, son discours, comment les avez-vous perçus ?
J’ai bien aimé son discours, j’ai senti une forte motivation et une envie de victoire. Et notamment, son ambition d’améliorer notre organisation offensive, qui est peut être notre chantier le plus important. Après le match face à la Centrafrique, on est partis voir le sélectionneur pour lui dire qu’on était désolé de cette défaite, et que ça n’avait rien à voir avec son arrivée. D’autant, qu’on a aimé son mode de travail, on a fait des bonnes séances, et ça a bien bossé.
Est-ce que le sélectionneur vous a appelé depuis le match de Bangui en Centrafrique ?
Non je ne l’ai pas eu. Le président de la Fédération M. Raouraoua m’a appelé plusieurs fois pour s’enquérir de mon état de santé. Et j’ai vraiment apprécié ses appels. Maintenant, il est clair que j’attends avec impatience la prochaine liste. L’équipe nationale est mon objectif, et le restera viscéralement. Je suis impatient d’y rejouer. Plus globalement, je meurs d’envie de rejouer, je n’en peux plus, il faut que je rechausse des crampons au plus vite (entretien réalisé le 11 janvier). Ca me manque !
Et vos coéquipiers en sélection…
(Enthousiaste…) Oui bien sûr. J’ai eu Karim Ziani ou Madjid Bougherra par exemple. On est une vraie famille, surtout lorsque tu as fait les deux ans, qu’on a fait ensemble. Il y a un lien fort, quand l’un de nous est blessé ou en difficulté, on se donne des nouvelles et on s’encourage. L’Egypte, Khartoum, ou la CAN, on a vécu des choses fortes ensemble.
Est-ce que c’est difficile de repartir après tout ça ?
Oui c’est clair. En l’espace d’un an, on a pratiquement tout vécu. De novembre à juin, on a eu un condensé très important de ce que peut vivre un joueur de football dans sa carrière. Et quelque part, on l’a un peu payé lors du début de cette phase de qualification à la CAN 2012. Il faut repartir en conquête, et c’est parfois dur de laisser les bons terrains du Mondial pour des terrains de…(Rires) en Afrique.
Lors de la dernière CAN en Angola, Claude Le Roy avait été impressionné par votre abattage et votre abnégation sur le front de l’attaque. Cependant l’opinion publique, elle, avait retenu plutôt le fait que vous n’aviez pas marqué. Etes-vous trop généreux ou alors pas assez égoïste ?
Les mots de Claude Le Roy m’ont fait plaisir, car c’est quelqu’un qui connaît bien le football. Me dépenser, courir, mouiller le maillot, c’est moi ! Je l’assume et c’est mon profil. Je préfère ça que de tricher et marquer peut-être un peu plus de buts. Au fond, ça ne me conviendrait pas. Je ne sais pas le faire. Ma générosité, je crois que c’est surtout une grosse qualité. Parfois, je me dis que je vais m’économiser, mais c’est plus fort que moi, je n’y arrive pas. Et après, si je dois faire plus d’efforts pour qu’en profitent un Djebbour, un Bougherra ou un Anthar et que ça nous offre une qualification au Mondial. Je l’accepte et ça me va très bien. J’ai toujours été pour le collectif, j’ai même joué latéral droit en équipe nationale. Dans l’absolu, Je préfère jouer une quarantaine de matches entre mon club et ma sélection nationale. Que moins jouer, et marquer plus…