Ghardaïa : Et maintenant ?

Ghardaïa : Et maintenant ?

Réaction n Au bout d’un macabre décompte de 25 morts et une centaine de blessés, en trois jours d’affrontements, le pouvoir vient de prendre de nouvelles mesures, d’autres décisions afin d’éteindre l’incendie de Ghardaïa.

Devant l’aggravation de la situation dans la vallée du M’zab, le chef de l’Etat a, en effet, présidé, hier, une réunion consacrée à la situation prévalant dans cette région à l’issue de laquelle il a instruit le Premier ministre de «veiller, avec le ministre de la Justice, garde des Sceaux, afin que le parquet prenne en charge, avec diligence et sévérité, toutes les violations de la loi à travers la wilaya de Ghardaïa et notamment l’atteinte à la sécurité des personnes et des biens».

Le président de la République a chargé le commandant de la 4e Région militaire de «superviser l’action des services de sécurité et des autorités locales concernées pour le rétablissement et la préservation de l’ordre public à travers la wilaya de Ghardaïa». Une wilaya qui passe ainsi sous l’autorité d’un seul homme, le général-major Chérif Abderrazak. Le gouvernement a été aussi chargé de «veiller, sous l’autorité du Premier ministre, à diligenter la mise en œuvre des programmes déjà arrêtés en vue de la relance du développement économique et social et du retour à une vie normale à travers le territoire de la wilaya de Ghardaïa». Cela fait une année déjà depuis qu’il était question d’un plan d’urgence pour cette wilaya en proie à des émeutes cycliques aux relents communautaires.

Une enveloppe de 2,5 milliards de dinars, avait été débloquée pour accompa-gner le développement local et améliorer le cadre de vie du citoyen. Par ailleurs, plusieurs aides visant à «alléger les souffrances» des familles victimes des événements de Ghardaïa ont été distribuées, pour une valeur de plus de 20 millions de dinars. Plus de 200 millions de dinars d’aides ont été également alloués aux commerçants touchés par ces événements. Des terres agricoles avaient été également attribuées. En parlant de retard de relance et de nécessité de diligenter la mis en œuvre des programmes de développement, n’est-ce pas l’aveu d’un retard apporté dans l’application de ces mêmes programmes ? Ce qui est sûr, c’est que ni ces sommes d’argent débloquées, ni ces terres attribuées, ni encore moins les visites effectuées par le Premier ministre, ni celles effectuées par les trois ministres qui se sont succédé au département de l’intérieur depuis 2008, et les rencontres avec les notables de la région, n’ont apporté calme et sérénité à Ghardaïa des solutions. Reste à savoir si l’appel lancé par le chef de l’Etat à la «population locale dans sa diversité à concourir à la restauration de l’accalmie et à la préservation des liens séculaires de fraternité qui ont toujours prévalu en son sein», aura des échos favorables.

Cette fois, est-ce la bonne ? La question reste en suspens car faudrait-il le souligner, un nouveau paramètre d’une dangerosité extrême est à prendre en compte. Pour la première fois depuis l’éclatement du conflit intercommunautaire à Ghardaïa, il n’y a jamais eu d’usage d’armes à feu contrairement à ce qui a été démontré ces derniers jours. Des sources médicales ont, à maintes fois assuré, que les victimes avaient été touchées par des balles réelles, de fusils de chasse et/ou de kalachnikov. C’est le cas des deux blessés, hier, quelques minutes seulement avant l’Iftar. Le constat est troublant.«Le temps passe vite et maintenant le conflit est en train de devenir armé.

On demande l’application de la loi et que cette comédie cesse», a averti aujourd’hui Daoud Cherifi, coordinateur entre la société civile mozabite à Alger et la Cellule de coordination et de suivi des événements de Ghardaïa, dans un entretien à TSA. R. N. Abdelmalek Sellal de retour dans la wilaya l Le Premier ministre se déplacera aujourd’hui à Ghardaïa à la tête d’une importante délégation ministérielle pour s’enquérir de la situation dans cette wilaya qui connaît depuis quelques jours des incidents ayant provoqué plus d’une vingtaine de morts. Cette visite intervient au lendemain d’une réunion consacrée à la question, qui a été présidée par le chef de l’Etat et sanctionnée par une série de décisions.