Ghardaïa, décor de retour à la tranquillité dans le M’Zab

Ghardaïa, décor de retour à la tranquillité dans le M’Zab

Écrit par O. Yazid

Arrivant à échéance le 20 janvier 2019, des signes avant-coureurs, tels la levée des barrages  et points de contrôle et le départ de plusieurs unités de sécurité, le laissent présager…

Tout le monde aura constaté que depuis quelque temps, et dans la discrétion la plus totale, des points de contrôle de police et de gendarmerie, sont levés à la faveur de la nuit, où à la limite sensiblement allégés. Sans rien laisser apparaître, comme mouvement de troupe ou de matériel en ordre de départ, des unités complètes disparaîssent au petit matin, cédant la place à une circulation fluide dans les carrefours, intersection et quartiers mitoyens des deux communautés composant la population de la wilaya de Ghardaïa.

Même au niveau des lieux d’hébergement et de regroupement des unités des deux corps de sécurité (police et gendarmerie), venus de plusieurs wilayas du pays apporter leur contribution au retour et au maintien de la sécurité au niveau des zones sensibles, les mouvements de troupes sont beaucoup moins importants qu’avant et même le parc roulant de ces deux corps a été réduit de plus des deux tiers. « Ce sont des signes avant-coureurs qui ne trompent pas et, sauf surprise de dernière minute, il semble que l’état d’urgence, imposé dans la région au lendemain des graves évènements qui ont fait morts d’hommes et causé des dégâts considérables, soit arrivé à son terme.

Il a été absolument efficace au regard des résultats probants constatés sur le terrain, tant la paix, la sérénité et la sécurité ont été retrouvés sur tout le territoire de la wilaya de Ghardaïa, à la grande satisfaction de la population qui ne demande qu’à vivre en paix et en parfaite harmonie », analyse Mustapha, un sociologue bien connu dans la région.

Pour Aâmi Bakir, un retraité d’une grande institution financière, « il est vrai que la région a connu de très graves affrontements intercommunautaires qui ont failli, n’étaient la clairvoyance et la promptitude du président de la République d’instaurer l’état d’urgence et de la placer sous l’autorité de l’Armée, prendre une dimension nationale qui auraient eu de graves conséquences sur la sécurité du pays tout entier ». Et d’ajouter : « Ce sont ces décisions et leur application stricte sur le terrain, en multipliant les gestes de bonne volonté par des appels à la sagesse par les élus, les notables et les hommes de foi, tout en appliquant la loi rigoureusement par le châtiment exemplaire de tout réfractaire ou coupable, qui ont permis de ramener à la raison tous ceux qui se sont égarés sur le chemin de la violence.

D’ailleurs, beaucoup d’entre eux, sinon tous, ont retrouvé leurs familles et leurs activités normales et se sont réinsérés calmement dans la société, apportant eux aussi leur part de stabilité et de sérénité à la région. Il faut aussi saluer la sage décision prise par les pouvoirs publics et de veiller à sa rigoureuse application, de réintégrer dans leurs postes de travail tous ceux qui, condamnés dans le sillage des évènements intercommunautaires, ont été libérés après avoir purgé, en partie ou complètement, leurs peines de prison. »

« Il ne faut pas baisser la garde »

Un officier des services de renseignements, à la retraite, approché pour avoir son avis sur la situation actuelle dans la vallée du M’zab, est convaincu « que le pire est derrière nous, mais il ne faut pas baisser la garde, notre pays reste toujours visé par des manœuvres de déstabilisation et le sud du pays, pensant être notre talon d’Achille, est le terrain par lequel nos ennemis cherchent à nous faire mal  ». Il ajoute, avec un brin de fierté et satisfaction pour son corps de métier et un petit sourire en coin : « Le renseignement reste notre meilleur atout pour déjouer toute tentative de déstabilisation et nos services sont efficaces pour faire face à toute manœuvre quelle qu’elle soit. »

Médecin, installé de longue date dans la région, (R. M.) nous fait part de sa lecture de la situation : « Plusieurs événements marquants se sont passés ces deux dernières années, sans aucune anicroche, tels la rentrée scolaire, le Ramadhan, la fête du tapis, l’Aïd (El Adha et el Fitr), et le Mouloud Ennabaoui Eccharrif. C’est généralement lors de ces évènements que des affrontements intercommunautaires ensanglantaient la région. Aujourd’hui, grâce à Dieu et aux énergiques et fermes décisions prises à un haut niveau de l’Etat, et l’implication effective sur le terrain de tous les corps de sécurité, à leur tête l’Armée nationale populaire, sans omettre le rôle très important joué par la justice, tous les citoyens de cette belle région d’Algérie vivent en parfaite harmonie et convivialité.

La stabilité et l’économie de retour

Il n’y a qu’à constater le retour en force des commerçants qui avaient, un certain temps, restitué leurs registres de commerce et déserté la région. Aujourd’hui, à la faveur de la paix, la sécurité et la sérénité retrouvée, ils reviennent en masse et ouvrent des commerces partout. L’activité commerciale est en hausse et des centaines d’investisseurs de toutes les régions du pays s’installent et développent l’activité dans divers domaines et secteurs. » Il se tait un moment, puis reprend : « Je voudrais aussi souligner le rôle prépondérant, et ô combien efficace, joué par l’actuel wali de Ghardaïa, Azzedine Mechri, qui tel un équilibriste, toujours sur le fil du rasoir, a réussi à nouer un dialogue serein et empreint de franchise avec toutes les composantes de la société ghardaouie. Avec son dynamisme, sa verve et sa facilité de locution dans les deux langues, mais aussi et surtout grâce à ses prises de positions tranchées et sans état d’âme, il a beaucoup apporté à la région en termes de stabilité et de retour de la confiance induisant une remarquable reprise économique de la région. Avec le Procureur général, Mohamed Bensalem, homme de principes et ardent défenseur du droit et de la justice, qui aura, dans l’ombre et en toute discrétion, imposé l’application de la loi dans toute sa rigueur, ils ont formé ensemble un duo de choc qui a permis de ramener la paix et la sécurité dans toute la région, tout en se faisant respecter pour leur intégrité et leur sens du devoir. » Pour preuve, depuis plus de deux ans, le calme est revenu dans toute la wilaya de Ghardaïa où de grandes manifestations sportives et culturelles, tels que des galas de boxe internationaux, ou la fête du tapis, qui a drainée un immense public de tout le pays, ont été organisés et se sont déroulés dans de parfaites conditions suivis en masse par la population locale qui a retrouvé le calme et la convivialité qui ont toujours fait sa grandeur et sa fierté.

De grands chantiers, tous secteurs confondus, sont lancés et avancent à des taux de réalisation appréciables, pour le bonheur de la population locale qui ne demande qu’à vivre en paix, en sécurité et en parfaite harmonie entre toutes les composantes de cette région au passé historique, riche culturellement et sociologiquement. Le développement tous azimuts est en marche, pour preuve, tous les projets, sans exception aucune, que ce soit dans le domaine de la santé ou de l’éducation ou autres, qui étaient gelés au départ pour difficultés budgétaires, ont été dégelés et déjà concrètement lancés sur le terrain.

Ghardaïa renoue avec la croissance, notamment pour le triptyque agriculture- tourisme- industrie. Sur un autre plan, il faut aussi mettre en exergue l’importance de la stabilité des hauts responsables à la tête de cette wilaya, lesquels travaillant en parfaite harmonie, sont parvenus, avec succès, à extraire la région de son cataclysme pour la faire émerger et propulser sur le terrain de la paix, la prospérité et le développement. Y ont activement contribué tout autant le wali, Azzedine Mechri, le Procureur général, Mohamed Bensalem, que tous les services sécuritaires de la région, qui ont fait un travail remarquable, que ce soit la police, la gendarmerie, les services de renseignements mais également et surtout l’Armée qui reste, ad vitam aeternam, une armée populaire constituée d’enfants du peuple au service du peuple.

Pour rappel, c’est au lendemain des dramatiques affrontements intercommunautaires de l’été 2015, qui avaient ébranlé la wilaya de Ghardaïa, notamment les tragiques évènements survenus à Guerrara, lors desquels 22 citoyens ont perdu la vie et en application des décisions prises par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui avait chargé le commandant de la 4e région militaire de l’époque, le général-major Chérif Abderrazak, de superviser l’action des services de sécurité et des autorités locales pour le rétablissement et la préservation de l’ordre public sur l’ensemble du territoire de la wilaya de Ghardaïa, que le 1er arrêté de wilaya portant état d’urgence sur le territoire de cinq des treize communes a été pris et signé par le président de la commission de sécurité de la wilaya de Ghardaïa, Azzedine Mechri, wali de Ghardaïa.

L’arrêté stipule qu’« il est interdit, pendant une période de six mois renouvelable, l’organisation de manifestations publiques, notamment les marches, les cortèges, les défilés, les rassemblements, les sit-in et les regroupements dans les localités de Guerrara, Ghardaïa, Berriane, Bounoura et Dhaïa Ben Dahoua. » Ainsi, l’état d’urgence qui a été instauré par un premier arrêté de la wilaya de Ghardaïa, le 12 juillet 2015, pour six mois renouvelables, et qui a été depuis ce deuxième semestre 2015, renouvelé à chaque échéance, a été pour la dernière fois (?) prorogé pour six mois renouvelables, à compter du 21 juillet 2018, arrivant ainsi à expiration le 20 janvier 2019. Sera-t-il, au vu de tous les indices et constats positifs, levé définitivement ? C’est à la commission sécuritaire de la wilaya de Ghardaïa, sous le commandement du chef de la 4e Région militaire, à la lecture des rapports sécuritaires, de se prononcer sur la question. Wait and see.