Ghannouchi s’en prend à ses frères islamistes

Ghannouchi s’en prend à ses frères islamistes

Surprenantes déclarations du chef spirituel du parti islamiste tunisien au pouvoir, Ennahda, qui a qualifié, dans un entretien accordé à l’AFP, les salafistes intégristes de “danger”, tout en assurant que les autorités de son pays se doivent de “serrer la vis” pour maintenir l’ordre.

Faut-il croire que les salafistes jihadistes sont devenus une force importante en Tunisie au point de déranger l’ordre public. C’est du moins le constat de Rached Ghannouchi, le leader du parti islamiste tunisien, Ennahda, qui dirige le pays depuis la fin de la transition, suite à la chute du régime de Zine Al-Abidine Ben Ali.

Les salafistes intégristes sont un “danger”, et après l’attaque de l’ambassade américaine, les autorités doivent “serrer la vis”, a-t-il déclaré à l’AFP dans une interview exclusive.

“À chaque fois que des partis, ou des groupes outrepassent d’une façon flagrante la liberté il faut être ferme, serrer la vis et insister sur l’ordre”, a ajouté le chef du parti Ennahda.

Poursuivant dans le même ordre d’idées, il a souligné que “ces gens-là représentent un danger non seulement pour Ennahda, mais pour les libertés publiques dans le pays et pour sa sécurité, c’est pour cela que tous nous faisons face à ces groupes mais avec des outils respectueux de la loi”. Rejetant toutefois, les accusations de laxisme à l’encontre du gouvernement, qui n’a pas arrêté, alors qu’il en avait la possibilité cette semaine, le chef jihadiste Abou Iyad soupçonné d’être derrière l’attaque du 14 septembre contre l’ambassade des États-Unis et une école américaine, il a assuré qu’il sera poursuivi jusqu’à son arrestation.

Citant l’exemple de l’ex-chef d’Al-Qaïda Oussama Ben, il a dit : “Ben Laden est resté beaucoup d’années libres et les services secrets internationaux sont restés longtemps sans l’arrêter donc ce n’est pas étonnant que quelqu’un disparaisse (…) mais la police va le poursuivre jusqu’à ce qu’il soit arrêté.” Dans la foulée, Rached Ghannouchi a indiqué que les forces de l’ordre sauront désormais empêcher tout débordement, en déclarant : “La police a bien retenu sa leçon et je ne pense pas que cela (les violences, ndlr) va se reproduire vendredi”.

“On ne veut pas voir la capitale avec ces images, mais ce sont des mesures provisoires qui vont être bientôt levées”, a jugé le leader historique du mouvement Ennahda. Rached Ghannouchi a notamment souligné que son parti n’a pas appelé ses partisans à descendre dans la rue, mais à  “défendre le Coran et le Prophète avec des outils positifs”.

“Qu’ils écrivent des romans, qu’ils fassent des films, des chansons, des œuvres artistiques qui représentent la civilisation islamique sous un beau jour au lieu d’actes négatifs, de hurlements, de violences, des actes qui ne servent pas l’islam mais les ennemis de l’islam”, a-t-il estimé, tout en ayant des mots très durs à l’égard des caricatures du Prophète Mohammed (QSSSL).

“Nous avons exprimé notre indignation face à des caricatures qui portent atteinte aux croyances des musulmans et qui incitent à la haine et à la guerre”, a ajouté le chef historique d’Ennahda, tout en appelant à un débat à l’ONU afin de trouver les moyens de concilier le respect des croyances et la liberté d’expression.

Nous appelons à un dialogue au sein de l’ONU pour trouver une solution à ce problème, afin de concilier la liberté d’expression et le droit à ce qu’il ne soit pas porté atteinte aux croyances des autres”, conclut-il.

M