Les prix des vêtements usagés appelés communément produits de friperie non déclarés ont flambé sur le marché.
C’est ce qu’on a pu constater de visu lors d’un tour effectué dans la capitale. La hausse des prix est due à l’interdiction de l’importation de ces articles par un texte juridique, selon certains commerçants.
La difficulté en matière d’’approvisionnement des vêtements, les frais du transport, et les risques (saisies, amendes) qu’encourent les personnes chargées de faire rentrer illicitement ces produits sur le sol algérien, notamment par Tebessa, fait que les prix ont augmenté cette année sur le marché. Avec ces prix, beaucoup de familles qui ont l’habitude de fréquenter ces magasins ont du mal à vêtir leurs enfants de la friperie. «Même la frip est cher», commente t-on .
D’autre part, les commerçants résistent et demandent aux autorités de revoir cette décision qui pénalise des milliers de boutiques d’Alger dont certains gérants ont déjà mis la clé sous le paillasson. «J’attends l’épuisement de mon stock pour baisser rideau, ce commerce devient de plus en plus contraignant », nous confie, jeudi, Salim , vendeur à la friperie de la rue Colonel Amirouche d’Alger. «Aujourd’hui la loi est piétinée et l’Etat est le seul perdant dans cette affaire.
Mais ce qui relève davantage de l’invraisemblable, c’est lorsque de nombreux contrebandiers spécialisés dans la friperie qui sévissent notamment aux frontières Est avec la Tunisie fructifient leurs affaires. «Ce n’est pas normal qu’on interdise l’importation de la friperie en Algérie alors qu’elle est autorisée dans tous les pays du monde», commente t-on. D’autre part, malgré son interdiction, ces chiffons sont commercialisés actuellement au noir, ce qui constitue un manque à gagner pour le trésor public. Cette mesure n’est donc pas appliquée et ce genre d’activité persiste, alors qu’il était question à l’origine de promouvoir le produit national.
«C’est un faux argument, des milliers de dollars sont déboursés pour faire rentrer chez nous des produits de qualité douteuse de Chine», déplorent certains commerçants. Outre ce problème, certains commerçants se lamentent : «Il n y a plus de ‘’tri’’ comme auparavant, ni de ‘’contrôle’’, de ces ‘’chiffons’’»,nous racontent des jeunes vendeurs . «A l’époque j’importais moi-même les chaussures et les vêtements de «bonne qualité» d’Allemagne au point, où certaines femmes en ont fait leurs trousseaux, mais maintenant, je suis obligé d’acheter plus cher ces vêtements chez des personnes spécialisés dans ce domaine», nous confie Karim, un ancien vendeur à la friperie de Birkhadem. Nadir qui semble un peu plus confiant affirme : «Voilà mon RC, tout est légal, mais ce n’est plus comme avant, vous savez, il y a plus de charges et de frais».
Par ailleurs, d’autres catégories déplorent ce genre de commerce par rapport à l’origine des vêtements importés et leur impact sur la santé. «Je préfère un article local neuf ou dépenser une fois par hasard pour un article vestimentaire de marque, que porter des vieux habits dont j’ignore la provenance», déplore une dame d’un âge certain. «Je préfère acheter des vêtements usagés de qualité et de marque que ceux produits en Chine ou locaux», nous dit aussi une jeune maman. De son côté, un jeune vendeur de Birkhadem affirme: «Je n’ai reçu aucune plainte depuis l’ouverture de mon magasin il ya 10 ans.»
Samia Lounes