Forum national sur le phénomène de la harga : Les réseaux sociaux et des chansons mis en faute

Forum national sur le phénomène de la harga : Les réseaux sociaux et des chansons mis en faute

Par Hichem Laloui

Face à la « harga » qui enregistre ces dernières années une évolution constante, les pouvoirs publics tentent une meilleure connaissance du phénomène. Le forum qui s’est ouvert, hier, à Alger, se veut un espace de débats, de concertation et d’échanges entre autorités politiques, services de sécurité et experts, afin de définir une approche plus juste et globale sur le phénomène. A travers cet espace, ce sont des solutions qui sont recherchées.

Les réseaux sociaux et certaines chansons, entre autres causes, incitent à l’émigration clandestine. C’est du moins ce qui ressort de l’allocution du ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, hier, lors de l’ouverture des travaux du Forum sur le phénomène de la harga, intitulé «L’avenir de nos jeunes, une responsabilité partagée».

Cette rencontre, qui se tient depuis hier à Alger, va rendre publiques les recommandations des quatre ateliers, cet après-midi. Lors de sa prise de parole, M. Bedoui a souligné que 119 corps ont été repêchés et 96 autres ont été portés disparus durant l’année 2018, ajoutant que des dizaines d’autres personnes ont été sauvées en haute mer.

« Ces données traduisent l’ampleur et la gravité de la tragédie de la harga », a dit le ministre, appelant « à la mobilisation de toutes les forces et les volontés pour se pencher sur ce phénomène et les facteurs de son évolution ». Le ministre a estimé, par ailleurs, qu’« aujourd’hui, nous nous trouvons face à un phénomène, source d’inquiétude à tous les niveaux, dont les dimensions autant que les causes et les analyses sont multiples ».

Soulignant que dans plusieurs cas, « cela n’est nullement lié aux raisons socio-économiques », précisant que dans ce cas de figure, « le candidat à l’émigration clandestine vise un statut social et le gain rapide et facile ». Ainsi, le ministre a mis l’accent sur les différents dispositifs d’aide à l’emploi de jeunes et les facilités accordées, qui sont, selon lui, des opportunités pour un travail stable et durable. Il a rappelé que « dès l’apparition des premiers cas de harga, dans les années 2000, les pouvoirs publics se sont attelés à travers une batterie de mesures à faire face à ce phénomène en vue de le contenir, car il s’agit d’une question de protection et de sécurité de nos concitoyens, qui constitue la priorité des priorités et à laquelle tous les moyens possibles et nécessaires ont été consacrés ».

M. Bedoui a souligné, en outre, que « les efforts consentis par tous les intervenants concernés, dans un cadre de coordination permanent tant sur le plan central qu’au niveau local, ont permis d’assurer une meilleure connaissance de l’évolution de ce phénomène et des procédés adoptés dans l’organisation des traversées suicidaires, comme en témoignent les résultats opérationnels des services de sécurité en matière de nombre de tentatives avortées et de réseaux démantelés et des vies humaines sauvées », a-t-on estimé. « Les efforts des pouvoirs publics, nécessitant valorisation et soutien, rencontrent de nombreuses difficultés, rendant contraignante la réalisation des objectifs tracés pour le traitement de ce phénomène, en l’occurrence l’étendue sur plus de 1 200 km de notre bande côtière au relief difficile, nécessitant la mobilisation d’énormes moyens pour sa couverture, ainsi que le rôle négatif joué par certaines parties qui adoptent une position de spectateur et qui par moment, poussent nos jeunes, volontairement ou involontairement, vers cette aventure aux conséquences désastreuses », a encore ajouté le ministre.

M. Bedoui a également mis l’accent sur le rôle négatif des réseaux sociaux dans la propagation du phénomène, dénonçant « la large exploitation par les réseaux sociaux et son traitement inconvenant par les médias dans certains cas au point où ce sujet est devenu synonyme de démoralisation et d’incitation à l’acte ont rendu le phénomène complexe », a dit le ministre, avant de souligner que certains artistes « banalisent » le phénomène dans leurs œuvres, avant de les inviter à plus de conscience et de responsabilité.

Concernant les solutions, le ministre a mis en avant la problématique des passeurs, qu’il a qualifiés « de marchands de la mort », qui utilisent les réseaux sociaux pour recruter leurs victimes.

Quatre ateliers sur les thèmes de la sensibilisation, de la communication et du cyberespace, sont prévus. Ces ateliers traiteront de l’action préventive commune, l’intégration économique des jeunes, ainsi que les réalités, les contraintes et les enjeux. Les programmes de jeunesse, de culture et de loisir seront traités entre réalité et aspirations pour une attractivité meilleure, et le rôle des organisations de la société civile dans la prise en charge de la jeunesse sera traité sous l’angle du travail de proximité, de la médiation et le réseautage.