Femmes rurales : Accouchement à hauts risques

Femmes rurales : Accouchement à hauts risques

L’accouchement est loin d’être un banal acte médical pour une femme habitant dans une région rurale d’Algérie. Porter un bébé neuf moins durant n’est pas non plus une partie de plaisir pour des misérables femmes de l’Algérie profonde livrée seules à la nature…

En l’absence de structures de santé appropriées, la grossesse des femmes dans ces régions inquiète plus qu’elle ne rassure.

Le professeur en médecine et chef de service à l’Institut national de santé publique (INSP) Mme Malika Adjali a mis aujourd’hui le doigt sur cette terrible plaie des femmes enceintes habitant loin des grands centres urbains. La conférence sur la prise en charge de la santé du citoyen dans la région du Maghreb, organisé à Alger, a offert une tribune à Mme Malika Adjali pour éventer ces drames qui touchent nos compatriotes à l’intérieur du pays.

Les chiffres sont parlants, frappants. Près de 800 cas de décès maternels sont enregistrés annuellement en Algérie, a affirmé le Pr. Un taux alarmant indigne des pétrodollars algériens. Si à Alger, Oran, Constantine et Annaba, les femmes enceintes fréquentent des cliniques ultra-modernes, dans l’arrière pays, les femmes tombent hélas comme des mouches, faute de soins.

«Pas moins de 750 femmes décèdent chaque année en Algérie pendant ou juste après l’accouchement, dont 55% de cas surviennent dans les hôpitaux», souligne Mme Adjali lors de son intervention à la conférence consacrée à la prise en charge de la santé du citoyen dans la région du Maghreb.

800 décès par an !

Pis encore, elle souligne que «plus de 57% des cas de décès» sont enregistrés parmi les femmes enceintes évacuées vers les hôpitaux par les structures de proximité. C’est-à-dire que ces victimes n’ayant pu bénéficier d’un traitement et d’un suivi là où elles habitent, arrivent en retard à l’hôpital, assez souvent loin.

A contrario, 47% des femmes enceintes n’ont même pas la chance d’aller se faire soigner à l’hôpital, puisqu’elles meurent dans la solitude chez elles…

Cette triste réalité est déclinée aussi par des chiffres qui laissent songeurs : le taux de suivi prénatal dans les zones enclavées «ne dépasse pas 21.64% ! ». En un mot, 78, 37 % des femmes habitant dans des régions rurales ne subissent aucune forme de suivi pendant leur grossesse !

Dans ces contrées éloignées, un examen échographique si commun dans les villes, constitue un luxe inaccessible. Pour cause, quand on ne peut même pas se déplacer faute de moyens de transport ou s’offrir un simple médicament générique, il est inimaginable de penser à ce type d’examens. Évidemment ce diagnostic inquiétant dans l’Algérie profonde n’a rien à avoir avec celui des villes.

De ministre du médicament et non pas de la santé

A Alger par exemple, le taux de suivi prénatal culmine à98.7%. Malika Adjali précise aussi que presque toutes les femmes vivant en ville suivent correctement leur grossesse chez le toubib du coin. Une véritable santé à deux vitesses !

Alors que la femme citadine peut avoir accès à toutes sortes de soins appropriés pour sa grossesse, la femme rurale est réduite à implorer Dieu pour que sa grossesse arrive à terme et que son bébé survive…

Pr. Adjali a estimé que l’un des objectifs majeurs du secteur de la santé est la réduction du taux de mortalité pour arriver à 40 cas pour 100.000 femmes. Au jour d’aujourd’hui, le taux de décès est de 86 pour 100.000 femmes. Le professeur en appelle de ses vœux pour la réalisation de «grandes cliniques de maternité».

Mais cela reste un vœu pieux aussi longtemps que les ministres de la santé s’occupe prioritairement de la gestion de l’importation des médicaments qui n’arrivent jamais aux malades de l’arrière pays. Mais ça, est une autre histoire.