Fédération algérienne de karaté-do, Les dessous d’un scandale

Fédération algérienne de karaté-do, Les dessous d’un scandale

L’enquête sur le scandale qui frappé la Fédération algérienne de karaté-do (FAK) suit toujours son cours, et l’inspection générale du MJS rassemble toutes les preuves contre l’actuel bureau fédéral pour prendre des probables sanctions contre ces derniers.

D’ailleurs, la tutelle a reçu la semaine dernière cette correspondance émanant de quatre arbitres internationaux qui étaient présents parmi la délégation qui avait fait le voyage au dernier championnat du monde des jeunes catégories (cadet, juniors, espoirs) en Espagne. Ces derniers ont préféré gardé l’anonymat.

Une lettre dont Liberté détient une copie, et qui relate tout ce qui a été fait en Espagne et les pratiques de la FAK, avant même le début de ces championnats du monde, et également le championnat du monde de Shétoryo au Japon.

“Sachez Monsieur le ministre que notre équipe nationale a bénéficié d’un montant de quarante mille euros lors du dernier championnat du monde afin de payer les frais d’hébergement et de restauration à l’étranger de la part du ministère de la Jeunesse et des Sports.

Comme dotation, jusque-là tout est normal. Renseignement pris, la Fédération algérienne de karaté a traité ces opérations avec un bureau d’affaires comme intermédiaire entre la FAK et l’agence touristique se trouvant en Algérie qui ce trouve Chéraga en monnaie étrangère (euro), ce qui est contraire à la réglementation en vigueur.

Ce bureau d’affaires récupère la somme d’argent en euros qui l’a cède au marché noir, puis procède au paiement de l’agence de tourisme en dinars. Ce qui en soit est très grave”, a-t-il été rapporté dans la lettre. Ces quatre arbitres ont tenu également à éclaircir ce qui est arrivé lors du championnat du monde Shétoryo au Japon au mois de septembre dernier.

“De plus, lors du championnat du monde Shétoryo au Japon, les athlètes ont procédé au paiement d’une somme d’argent de 200 000 DA par chaque athlète, alors que le ministère de la Jeunesse et des Sports a octroyé un montant de 25 000 euros en tant que dossier sortie ; mais le chef de délégation n’a pris que 10 000 euros pour ce championnat.

Nous nous posons la question : où sont passés les 15 000 euros restants ?”, s’interrogentils dans ladite correspondance. Il y a aussi l’affaire des 200 000 DA, versés dans le compte du DEN, M. Zaidi, par quatre athlètes, pour soi-disant donner un coup de main à la FAK afin de subvenir aux différentes dépenses, entre autres la prise en charge à l’hôtel. “

Autre événement qui a attiré notre attention, l’athlète Mlle Chikhi Dihiya et M. Bouamria ont versé leurs sommes d’argent directement dans le compte CCP du directeur des équipes nationales M. Zaidi Idir, qui a ordonné aux deux athlètes cités ci-dessus à verser les sommes d’argent dans le compte personnel de M. Zaidi ? Et pourquoi ?

Ainsi, un des membres de la fédération, M. Bouamouma a encaissé la somme de 300 000 DA, sachant que ce montant ne figurait pas dans le bilan clôturé de la fédération en tant que dettes”, révèle la correspondance.

La lettre adressée au ministre de la Jeunesse et des Sports a mis en exergue également le niveau des entraîneurs nationaux actuels, qui ne possèdent même pas de diplôme pour aspirer à devenir entraîneur de l’équipe nationale : “Sachez Monsieur le ministre que les entraîneurs qui encadrent nos athlètes ne possèdent aucun diplôme reconnu par les instances internationales, je cite quelques noms : M. Idiri Redouane (entraîneur seniors), M. Diguer, M. Medahi Hocine, M. Bouamria Mouloud, M. Oudira Mohamed et la liste est longue.

Pour votre information, à chaque compétition à l’étranger, l’organisation reste à désirer, souvent des disputes et des bagarres se d’éclanches entre les entraineurs en présence des athlètes, ce qui donne une très mauvaise image de notre pays en général et de notre sport en particulier.”

Enfin, à la fin de cette correspondance, les expéditeurs souhaitent que “de ces éléments d’informations, nous vous prions Monsieur le ministre d’intervenir afin d’arrêter cette situation jugée désastreuse”.

Vraisemblablement, le témoignage de ces quatre arbitres, qui ont été appelés par la tutelle, va énormément aider dans l’enquête menée par le MJS et son directeur d’inspection M. Challale, et M. Yaaker, le directeur des jeunes talents, afin de sanctionner les responsables de cette mascarade. Pour rappel, un grand scandale a secoué la FAK.

En effet, l’équipe nationale de karaté-do s’est déplacée au mois de novembre dernier à Guadalajara, en Espagne, pour participer au Championnat du monde des jeunes catégories. Jusque-là tout est normal, mais la délégation algérienne était composée de 76 membres, dont 33 athlètes, au lieu de 47 personnes mentionnées dans le dossier de sortie visé par le ministère de la Jeunesse et des Sports.

À cela s’ajoute le fait que les critères de sélection de quelques athlètes n’ont pas été respectés pour cette compétition, puisque le champion du monde Guerni Amar et le champion d’Afrique Boudis Mohamed ont été écartés.

Alerté, le MJS décide d’ouvrir une enquête. Lors de son passage, au forum de Liberté, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Tahmi, s’est prononcé sur cette affaire : “Nous n’avons pas assez d’éléments pour donner plus de détails sur cette affaire, mais ce qui est sûr, c’est qu’une enquête est en train d’être menée, et si les personnes concernées sont coupables, on ne va pas être indulgents, c’est certain.”

S. M.