L’inceste, ce crime odieux demeure toujours un tabou dans notre société. La loi algérienne le condamne, mais, en revanche, ne protège pas ses victimes. Pour en savoir plus sur ce sujet, nous avons approché Maître Fatima-Zohra Benbraham pour plus de précisions. Dans cet entretien, elle nous parle des failles de la législation algérienne s’agissant de ce phénomène ignoble, ainsi que du sort des enfants qui naissent de ces relations incestueuses.
L’Expression: Les langues se délient depuis ces dernières années. Pourquoi à votre avis?
Fatima-Zohra Benbraham: Aujourd’hui, il y a des poursuites judicaires, des punitions sont décrétées par la loi pour les auteurs d’inceste. Parce que tout simplement aujourd’hui, les victimes n’ont pas peur. Elles connaissent leurs droits. Garçon ou fille, personne n’est épargné de cette pratique honteuse. Certaines familles soutiennent leurs progénitures et font tout ce qu’ils peuvent pour les aider. Certaines mères sont même allées jusqu’à demander le divorce, afin de protéger leurs enfants. Nous devons mettre une fin à tous ces crimes. Chose qui n’est pas facile, mais possible grâce à la sensibilisation. La loi doit aussi jouer son rôle comme il se doit, en prévoyant des peine lourdes à l’encontre de ces criminelles sans loi ni foi.
Est-ce que la peine infligée à ce crime correspond vraiment au degré du crime?
Il faut présenter une étude assez consistante pour sensibiliser l’opinion politique et publique pour dire que cette peine nous semble très minime par rapport au crime commis. En outre, l’application de la loi sur ce genre de crime est irréfutable. Quand l’inceste est certifié, et que le tribunal prend en considération la plainte croyez-moi que la décision, n’est pas une caresse dans le sens du poil, les peines sont très lourdes et ne pardonnent pas.
Quel sera le sort des enfants qui naissent de ces relations?
C’est scandaleux. Ces enfants ont un sort malheureux dès leur naissance. Soit on les abandonne, soit on les tue. Il existe même des pères qui sont allés loin, même très loin, pour déclarer l’enfant issu de cette relation illégitime et odieuse comme étant le sien avec bien sûr sa femme légitime. Pour les filles qui tombent enceintes suite à une relation incestueuse, il faut qu’il y ait une loi qui autorise l’avortement. C’est une proposition qui a fait l’objet d’une grande «fatwa» et qui a été acceptée par la suite. Mais dommage, cette proposition n’est pas encore entrée en vigueur.