Colère des travailleurs de l’Unité de production de l’Entreprise de préfabrication légère et aluminium (EPLA) à Béjaïa. D’où l’observation, aujourd’hui, d’un débrayage d’une journée suivi par tout le personnel, encadrement compris.
Les animateurs du collectif des travailleurs se sont rendus au niveau des principales rédactions de journaux pour justifier le recours à ce débrayage, reconductible jusqu’à l’acceptation de leurs doléances.
Les représentants des travailleurs ont expliqué qu’ils luttent pour la sauvegarde de leur unité, qui était naguère un des fleurons du secteur, et pour un plan de charge susceptible de sauver leur unité d’une disparition programmée. Explication. Depuis la grève, observée le 26 septembre 2013 pour s’opposer au «transfert d’un outil de production vers Alger», la situation de l’entreprise a commencé à péricliter. «La direction générale nous a tourné le dos.» Conséquences : «on a assisté impuissant à la dégradation avancée de notre outils de travail.» Les travailleurs ont cité le cas de cet équipement autrichien, une chaine de biseautage et une chaine de verre feuilleté, payé à coût de dizaines de milliards de centimes, mais qui est malheureusement à l’abandon.
Les délégués des travailleurs ont affirmé en outre que plusieurs de leurs chantiers sont à l’arrêt. Ce qui explique la «désorganisation et la déstructuration des services existants» ; la direction générale appliquerait une convention collective, injuste et inéquitable ; «on ne perçoit pas le même salaire qu’on soit à Alger ou à Béjaïa, ce n’est tout de même pas normal. Il ne doit pas y avoir deux collèges en matière de traitement». On a indiqué en outre depuis la grève en septembre 2013, «il n’y a eu aucun recrutement». Il n’y a eu «aucune visite du PDG ou des cadres dirigeants ». Plus grave, «notre unité est exclue du plan de charge de la direction générale alors que c’est l’unité de Béjaïa, qui a fait écrire en lettres d’or l’histoire de l’EPLA. Pourquoi veut-on aujourd’hui liquider notre unité ?».
Le directeur de l’Unité Béjaïa a reconnu que l’entreprise fait face à des difficultés. Mais qu’il a tout le temps associé les travailleurs. S’agissant de leurs doléances, il dit les avoir transmis à qui de droit. Il juge néanmoins que les travailleurs ont décidé ce débrayage dans la précipitation, car il fallait suivre la procédure réglementaire. Il fallait déposer au préalable un préavis de grève, ce qui n’a pas été fait, selon lui. La preuve : même l’inspection du travail avait relevé cela. Il dit néanmoins que la direction générale est prête à recevoir la délégation des représentants des travailleurs.
Mais les travailleurs sont catégoriques. «C’est à la PDG de venir ici à Béjaïa avec son staff ; ils ont boudé notre unité pendant trois longues années. C’est à eux de donner un signe de bonne volonté. Et on sauvera coûte que coûte notre unité. Elle a été par le passé le fleuron de cette industrie, elle le demeurera.»
Salim Aït-Sadi