Deux hommes et une même ambition
En filigrane, Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem se lancent dans la course à la présidentielle de 2014.
A quelques mois des prochaines élections législatives, le FLN et le RND, deux partenaires de l’Alliance présidentielle, sont engagés dans une course où chacun défend bec et ongles ses ambitions politiques. Le FLN veut garder sa majorité aux assemblées élues et le RND veut reconquérir cette même majorité qu’il avait en 1997. Aussi, les législatives d’avril prochain engagent d’ores et déjà les deux partis dans une bataille sans merci où tous les coups sont permis. L’enjeu est double.
Au niveau national, les sièges à gagner aux élections législatives et au niveau local des élections communales interviendront avant la fin de l’année 2012. Mais il y a aussi la présidentielle de 2014. Le FLN et le RND n’ignorent pas que les prochaines législatives constituent un examen politique leur permettant de jauger leurs capacités et leurs chances à la prochaine présidentielle. C’est en quelques sorte une rampe de lancement.
L’enjeu est d’autant plus intéressant que c’est la première fois depuis 1999 que le terrain est dégagé et favorable aux ambitions de Ahmed Ouyahia et de Abdelaziz Belkhadem. A ce titre, il faut dire que même les débats sur le projet de loi organique relative au régime électoral, qui ont eu lieu les 4 et 5 octobre ont révélé de manière fracassante le fossé qui sépare le FLN du RND. Ce dernier discipliné et qui soutient toutes les lois initiées dans le cadre des réformes engagées par le chef de l’Etat.
Au FLN ça tire dans tous les sens. Les vagues de dissensions et l’ampleur prise par le mouvement des redresseurs au sein de ce parti en sont une preuve. A cela s’ajoutent les déclarations et contre-déclarations que s’échangent ces deux formations (RND-FLN), qui nourrissent chacune l’ambition de présider aux destinées de l’Algérie en 2014.
Contrairement à ce qu’il a plaidé à l’Assemblée populaire nationale (APN), à l’occasion des débats sur la représentativité des femmes dans les assemblées élues, en réduisant leur quota de 30 à 20%, Abdelaziz Belkhadem a indiqué, samedi à Alger, que sa formation est favorable à l’élargissement de la représentativité de la femme au sein des assemblées élues et était en mesure de «présenter des candidates dans l’ensemble des communes du pays».
S’exprimant lors d’une rencontre organisée par le secrétariat de la wilaya d’Alger de l’Union nationale de la jeunesse algérienne (Unja), sous le thème «La jeunesse et l’action politique», le SG du FLN a jugé «impératif de faire confiance aux jeunes et de les aider à accéder progressivement aux postes de responsabilité», avant d’appeler les cadres de sa formation «à ouvrir grandes les portes aux jeunes».
Parallèlement, le bureau national du Rassemblement national démocratique (RND) a décidé, de son côté, d’organiser les 28 et 29 octobre, une rencontre nationale des secrétaires de wilaya du parti pour évaluer l’organisation au niveau de la base et entamer les préparatifs pour les prochaines échéances.
Au cours de cette réunion présidée par Ahmed Ouyahia, le RND a aussi décidé d’organiser des sorties sur le terrain pour la sensibilisation et la mobilisation dans le cadre des réformes politiques et pour l’explication du message du parti et de ses positions à la base militante. C’est dire que les deux partis de l’alliance sont déjà sur les starting-blocks en prévision des prochaines législatives. Cela dit, à l’évidence, que les hostilités relancées par les deux partis politiques au pouvoir expliquent notamment les ambitions manifestes et avouées de leurs patrons, rêvant de se porter candidats à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2014.
En effet, Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem semblent bien envisager un destin présidentiel. D’ailleurs, ni l’un ni l’autre ne s’en cachent plus. Ils le revendiquent même. Représentant personnel du chef de l’État, Belkhadem courrait les réunions et rencontres, pendant que la fronde grondait au FLN. Pis encore, le patron du FLN pense être le mieux placé, lui qui s’est forgé une personnalité politique issue d’un savant mélange de conservatisme religieux et de nationalisme historique.
De fait, il s’est livré à la rencontre des fondateurs de l’ex-FIS et d’autres ex-chefs de l’AIS dans l’espoir de drainer à ses côtés les Islamistes, de tout bord, en panne de perspectives et d’un candidat potentiel pour la présidentielle de 2014. Tandis que, son copain de l’Alliance présidentielle, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, qui ronge ses freins depuis 1998, a fini par céder et déclarer publiquement dans une émission de télévision que «la présidence de la République est une rencontre de l’homme avec son destin». D’où, il compte, à son tour, investir le terrain politique pour pouvoir se repositionner et s’offrir la majorité lors des prochaines élections législatives, constituant en quelque sorte une rampe de lancement, une antichambre de la présidentielle de 2014.