Echanges vifs à la veille du procès Sonatrach 1 : entre « manip » et corruption algérienne « sans pareille dans le monde »

Echanges vifs à la veille du procès Sonatrach 1 : entre « manip » et corruption algérienne « sans pareille dans le monde »

sonatrach_848527_679x417.jpgLe procès « Sonatrach 1 » dans lequel est impliqué l’ancien PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane doit normalement avoir lieu le 15 mars 2015 mais les grandes manœuvres ont déjà commencé dans les médias.

Le journal Echourouk publie dans son édition d’aujourd’hui les déclarations détaillées de Mohamed Meziane durant l’instruction, où il admet que Kontal Algérie a acheté un appartement à son épouse à Paris et où il affirme qu’il n’était pas au courant des contrats obtenus par ses fils. Le journal a eu accès à l’évidence au dossier de l’instruction et sa publication à la veille du procès intervient sur fond de passe d’armes entre avocats.

Le bâtonnier d’Alger, Abdelmadjid Selini, a en effet violemment attaqué, hier, l’avocat Mohsen Amara, auteur d’une intervention tonitruante sur la chaine Ennahar TV en tant que défenseur de Mohamed Meziane.

Maître Mohsen Amara avait, lors d’un passage, début mars, sur Ennahar Tv où il était présenté comme l’avocat de Mohamed Meziane et de ses fils, affirmé que le dossier Sonatrach 1 était « vide » et qu’il était « politisé » dès le départ.

L’avocat avait affirmé que ce dossier fait partie d’actions planifiées « contre l’économie » algérienne et il vise à « détruire les cadres algériens ». « On fabrique des affaires » sans preuves, pour liquider les cadres. « On a commencé par les banques » où, dit-il, plus personne n’ose prendre une décision.

En 2010, on a décidé de la « décapitation de Sonatrach » et après on a fait « actionner les tambours médiatiques » pour le justifier et donner l’image d’un pays qui croule sous la corruption. « On est algérien, on sait comment les choses se passent » a-t-il dit en n’excluant pas que des « sociétés étrangères en concurrence avec SAIPEM » soient derrière ces affaires. Il n’existe pas de corruption dans ce dossier dit Sonatrach 1, a-t-il affirmé, « Sonatrach n’a rien perdu. Il n’y a aucune preuve, il n’y a que des paroles ».

Dans une seconde partie de l’entretien à Ennahar TV, selon El Khabar, Amara Mohsen, est allé plus loin en affirmant que « le mandat international lancé contre Chakib Khelil est intervenu après une rencontre entre le général Toufik (Mohamed Médiene), chef des services de renseignements et l’ancien ministre de la justice, Mohamed Charfi ».

Amara Mohsen a affirmé que l’affaire Sonatrach 2 où Chakib Khelil est cité a été « fabriquée » après l’incapacité des enquêteurs à trouver une preuve contre les accusés dans l’affaire Sonatrach. « La manipulation politique de ce dossier a entrainé une fixation sur Chakib Khelil alors qu’il n’existe aucune preuve contre lui ».

La corruption en Algérie est « sans pareille » dans le monde

Les propos d’Amara Mohsen ont suscité, hier, une vive réaction, du bâtonnier d’Alger, Abdelmadjid Selini qui a dénoncé une tentative « d’influencer la justice ». Maître Selini qui est constitué pour Sonatrach dans cette affaire a affirmé que « la corruption qui existe en Algérie est sans pareille dans le monde et la couvrir est une grande trahison au martyrs de la révolution ».

Maître Selini s’en est pris aux « voix qui disculpent les accusés dans les affaires de corruption de Sonatrach sans attendre les jugements ». Le bâtonnier a défendu également, selon le récit d’El Khabar  » la justice et les services de renseignements » et les « institutions de souveraineté de l’Etat dont on veut ternir la réputation au plan international ».

La bâtonnier a accusé Amara Mohsen d’usurper la qualité d’avocat alors qu’il est suspendu et qu’au regard de la loi il ne peut exercer. « La famille de Meziane l’a dé-constituée… il ne peut pas se prévaloir de la qualité d’avocat ».

Maître Selini estime que ces déclarations ne sont pas « innocentes ». Le bâtonnier qui représente Sonatrach au procès a ajouté sur un ton de colère : « celui qui a volé l’argent du peuple doit recevoir sa sanction. J’espère que Dieu me permettra de vivre longtemps et de voir la justice le faire. Renoncer à cela est une haute trahison à l’égard des martyrs ».

Le bâtonnier a pris la défense du procureur général près la cour d’Alger, Belkacem Zeghmati, qui a lancé le mandat international contre Chakib Khelil. « Ce qui se dit au sujet du mandat international rejeté par Interpol doit faire l’objet d’un débat entre spécialistes ».

Il a rejeté l’idée d’une « erreur dans le mandat international. Pour lui, le fait que le mandat a été émis par la Cour d’Alger au lieu de la Cour Suprême – habilitée à suivre les affaires impliquant les ministres – est normal car il a été fait à un moment où Khelil n’était plus ministre.