Drame de GhardaÏa, La classe politique dénonce “la vacance du pouvoir”

Drame de GhardaÏa, La classe politique dénonce “la vacance du pouvoir”

Vacance du pouvoir, passivité des forces de l’ordre, gestion bureaucratique de la crise, faillite du ‘‘tout sécuritaire” …”, la classe politique n’a pas ménagé le gouvernement pour exprimer son inquiétude de la tournure prise par les affrontements entre les communautés arabe et mozabite à Ghardaïa.  

RCD : “Une véritable faillite de l’État”

Le RCD, qui, de son côté, a alerté sur la gravité de la situation et a présenté ses condoléances aux familles des victimes, a dénoncé l’incapacité de l’État à assurer le plus élémentaire de ses missions constitutionnelles, à savoir la protection des personnes et de leurs biens. “Cette hécatombe met à nu l’incapacité affligeante des gouvernants à appliquer la plus basique des dispositions de la loi constitutionnelle du pays qui dispose en son article 24 que l’État est responsable de la sécurité des personnes et des biens”, lit-on dans le communiqué diffusé à l’occasion, qui a estimé que “cette terrible tragédie qui se joue à l’heure qu’il est, à ciel ouvert, avec un autre circonstance alarmante consistant dans l’utilisation d’armes à feu, renseigne, une fois de plus, sur l’incurie et l’incompétence notoires d’un système en perte de vitesse et qui mène inexorablement le pays à une impasse  institutionnelle et à un incontestable chaos”.

Pour le RCD, “l’on est bien loin des promesses électoralistes du Premier ministre représentant du chef de l’État et des assurances oiseuses décrétées par les membres d’un gouvernement qui œuvre par tous les moyens à occulter la réalité caractérisée par la vacance, la déliquescence des institutions et une véritable faillite de l’État”.

Talaiou El-Houriyet : “C’est la vacance du pouvoir”

Qualifiant les événements de “tragédie nationale”, Ali Benflis, président du parti Talaiou El-Houriyet, et tout en présentant des condoléances, a exprimé dans un communiqué son inquiétude par rapport à la recrudescence et à l’extension des affrontements entre des communautés antagonistes. L’ancien chef de gouvernement, qui a accusé “le pouvoir” de livrer Ghardaïa à l’“abandon”, a surtout dénoncé le silence observé par le chef de l’État : “Une crise de cette gravité aurait dû être prise en charge depuis longtemps au sommet de l’État, un sommet de l’État qui, depuis le déclenchement de cette crise, s’est distingué par un silence et une inaction inacceptables et intolérables eu égard aux effets de cette crise sur l’unité nationale et la sécurité du territoire.” “Je suis convaincu que la véritable tragédie que constitue la situation à Ghardaïa est à mettre au compte de la vacance du pouvoir, de l’illégitimité des institutions et de la perte de confiance dont elles sont l’objet de la part des citoyens de la région”, a-t-il conclu.

Le Pôle des forces du changement : “C’est l’échec du pouvoir en place”

Dans un communiqué diffusé à l’issue de sa réunion tenue avant-hier, le Pôle des forces du changement, coordonné par Ali Benflis, a estimé que “les échecs du pouvoir en place dans la résolution de genre de crise sont dus essentiellement à la vacance du pouvoir, à l’absence de légitimité des institutions et à l’inconsistance des solutions proposées”.

Makri : “C’est inadmissible !”

Le MSP, selon les termes du communiqué signé par son chef de file Abderrazak Makri, a dénoncé l’attitude des services de sécurité qui ne sont pas intervenus à temps pour rétablir l’ordre : “C’est inadmissible !” Et de s’interroger sur l’absence de l’État dans la région : “C’est incompréhensible !” La confrérie a ainsi interpellé l’État pour une intervention rapide. “Les autorités doivent s’acquitter de leur devoir en travaillant seuls ou avec quiconque en mesure d’aider à mettre un terme à la violence”, assène-t-on. Avant d’appeler “tous les habitants de la vallée du M’zab, injustes ou victimes, à revisiter les siècles de cohabitation entre eux, dans la stabilité et la paix, à écouter la voix de la sagesse et à éviter les réactions hâtives”.

Laddh : “Faillite du tout-sécuritaire”

La Laddh a exhorté par le biais de son président, l’avocat Noureddine Benissad, “les universitaires, les médias, les partis politiques, les syndicats, le mouvement associatif et tous les acteurs politiques et sociaux à s’investir davantage dans la réflexion, le dialogue, l’analyse et les propositions, afin de contribuer à trouver des issues à la crise de Ghardaïa”. Une crise que la Laddh explique par la défaillance de l’État en matière de protection des biens et des personnes. “(…) Le droit à la vie est sérieusement remis en cause. Ni la protection des biens ni celle des personnes ne sont désormais garanties, malgré l’immense déploiement sécuritaire dans la région (…) Cela montre à quel point le ‘‘tout-sécuritaire’’ n’a jamais construit une solution durable à ce conflit qui dure depuis au moins deux ans.”

PT : “Conséquence de la gestion bureaucratique de la crise”

La SG du PT, Louisa Hanoune, a réagi en marge de la réunion de la commission agraire du parti tenue hier. Tout en mettant en garde contre la dislocation de l’État, elle a fustigé le gouvernement, coupable, selon elle, d’une gestion bureaucratique de la crise, avec des ministres qui donnent, à partir de leurs bureaux calfeutrés d’Alger, des ordres à la police et à l’armée pour intervenir, au moment où tout le gouvernement devait être là-bas.

RND : “L’État est interpellé”

Le RND a également réagi par un communiqué où il a déploré ces événements. Joint par téléphone, le porte-parole du parti, Chiheb Seddik, s’est étonné de la tournure prise par ces événements. “Nous sommes surpris par leur ampleur”, a-t-il dit. Et d’ajouter : “Nous appelons les deux communautés de Ghardaïa à faire preuve de bon sens. C’est une situation qui nous interpelle tous pour que nous mobilisions tous les moyens pouvant concourir à l’apaisement. L’État est interpellé afin d’appliquer la loi face à ceux qui font usage de la violence.”

Analysant la situation, il a indiqué que “cela couve depuis maintenant deux ans, que beaucoup de facteurs se sont conjugués pour y déboucher, qu’il y a des gens qui attisent le feu et les positions extrêmes des antagonistes n’arrangent pas les choses”. Quant à l’attitude des services de sécurité qui ne serait pas intervenus pour séparer les antagonistes, Chiheb Seddik a eu cette réplique : “Nous n’avons pas encore assez d’éléments d’informations sur ce qui se passe sur le terrain. Notre député issu de la communauté ibadite est lui-même dépassé par les événements”.

L. H