Don d’organes: La Cnas accusée de faire du piston

Don d’organes: La Cnas accusée de faire du piston

Une conférence-débat a été organisée au forum El Moudjahid, par la Société algérienne de néphrologie dialyse et transplantation (Sandt), à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, promulguée depuis 2005 par l’OMS. Elle se tient le 17 octobre de chaque année.

Une occasion pour les conférenciers de relancer le débat sur ce sujet qui est encore en Algérie, à l’état d’esprit réfractaire en raison des mentalités réticentes et la culture de peur, du déficit de formation en transplantation d’organe, en plus de la réticence du milieu médical par rapport à ce sujet.

Un acte déploré par Tahar Rayane, de voir le corps médical insensible à ce discours et de ne rien faire pour que ce dernier (discours) réussisse. Une occasion aussi de sensibiliser les citoyens à prendre des décisions quant à ce sujet, pour lequel les conférenciers ont dressé un constat amer, de par l’inadéquation entre l’offre et la demande et ce, malgré les dispositions légales et religieuses très favorables.

Dans ce sens, le président de la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation (Sandt), Tahar Rayane a souligné que la famille algérienne n’est pas encore prête pour les dons d’organes en expliquant les raisons avancées par les citoyens «Comment accepter le prélèvement d’organes de nos proches, alors qu’en tant que patients on est mal reçu dans les hôpitaux».

Il a précisé que l’Algérien est plus sensible au discours religieux que médical, n’ayant plus confiance en le corps médical. Comparativement aux autres pays, le taux de refus de don d’organes est plus élevé en Algérie, estimé à 90%, à 70% en Tunisie, alors qu’en France il est de 30%. « Le nombre de greffes réalisées par an ne dépasse pas la centaine, alors que les besoins sont estimés à 3 500 nouveaux cas par an».

D’ailleurs, le nombre de greffes rénales a baissé par rapport à l’an dernier, en raison de l’absence de transplantation à partir de donneurs en mort encéphalique, et qui représentent 10% seulement des personnes décédées, en plus du refus des familles du don.

Ils sont 7 000 patients en attente d’un greffon, alors que moins de 20% parmi eux, disposent d’un donneur apparenté, surtout que 3 700 nouveaux cas sont enregistrés chaque année. Tahar Rayane évoquera les pouvoirs publics, qui sont selon ses dires, réfractaires, en n’investissant que très peu dans ce domaine. «La volonté politique doit exister pour faire le travail de sensibilisation».

D’ailleurs, les projets s’éternisent, tel que l’institut du rein de Blida annoncé depuis des années, qui n’ouvrira qu’au premier trimestre 2012 tandis que l’Agence nationale de la greffe et de la transplantation d’organes n’existe toujours pas.

Par ailleurs, le président de la Sandt dénoncera la Cnas, qui ne joue pas son rôle, selon lui, en exigeant du ministère du Travail, de l’Emploi et de la sécurité sociale la remise de «la liste des transférés et pris en charge depuis le début de l’année en cours».

Tahar Rayane a assuré que la nouvelle loi sur le don d’organes élargira la liste des donneurs aux conjoints, si les propositions de la Sandt sont prises en considération. Pour remédier à cette situation, les conférenciers proposent de renforcer la transplantation rénale à partir du donneur vivant et de développer la transplantation à partir de donneurs décédés en mort encéphalique ainsi que la promotion du don d’organes.

Des actions entreprises, selon le professeur Tahar Rayane, dans le Plan national de prise en charge de l’insuffisance rénale, élaboré conjointement entre le ministère de la Santé et le Comité médical national de néphrologie. Enfin, il faut, selon lui, bien contrôler cette activité car les centres greffeurs risquent de faire n’importe quoi en l’absence d’audit et être vigilant pour éviter le business d’organes.

DEMANDE D’ÉLARGISSEMENT DE LA LISTE DES DONNEURS

Selon Tahar Rayane, des milliers de patients subissent toujours l’angoisse de l’attente, alors qu’on sait que chaque jour passé sur la liste dans l’espoir d’une greffe est une perte de chance. « Il ne faut pas se leurrer : certains n’auront jamais de rein. » a-t-il souligné. Selon ses dires, chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants meurent faute d’avoir pu être transplantés à temps, alors que la médecine aurait été en mesure de les sauver.

Dans ce sens, il a abordé la loi « restrictive » dans ce domaine en prônant l’élargissement du cercle des donneurs vivants, qui est actuellement limité aux ascendants, collatéraux et descendants. Il faut, lancera-t-il, l’étendre aux grands parents, oncles et tantes, cousins et les donneurs ayant des liens d’alliance en particulier le conjoint et les autres membres de la famille.

Nabila Chikhi