Développement des énergies renouvelables: L’Algérie veut “dompter” le soleil

Développement des énergies renouvelables: L’Algérie veut “dompter” le soleil

L’enjeu est hautement stratégique au vu des exigences qui s’imposeront à l’Algérie à très court terme, en matière de consommation énergétique.

Sonatrach, Sonelgaz et le Forum des chefs d’entreprise, organisent, les 17, 18 et 19 janvier prochains une conférence sur le thème des énergies renouvelables. Les trois acteurs économiques calquent leur thématique sur la politique du gouvernement en matière de transition énergétique. Il est question dans cette conférence de la stratégie nationale des énergies renouvelables à l’horizon 2030. A cette échéance l’Algérie ambitionne de réserver plus de 20% de son mix énergétique aux énergies renouvelables. Le dossier est déjà ficelé et même présenté à la COP 21, à Paris.

Le premier pas dans cette nouvelle aventure énergétique, qui n’est pas tellement nouvelle en fait, a été fait dans le milieu des années 70 où l’Algérie s’est offerte un Centre national de développement des énergies renouvelables. Le second pas, plus proche de nous, a été concrétisé à travers le lancement d’une vingtaine de petites centrales solaires totalisant un peu moins de 400 MGW. Mais devant l’ambition affichée par le gouvernement, ces réalisations relèvent de l’échauffement avant d’entamer les véritables chantiers. Le premier sur la liste du gouvernement consiste en la réalisation d’une dizaine de grandes centrales solaires, totalisant une production de 4000 MGW. Un projet à la hauteur du gros potentiel de l’Algérie en matière de taux d’ensoleillement. Seulement, plus de deux ans après la confection du cahier des charges censé encadrer un appel d’offres international pour aboutir à des contrats selon la règle des 49/51% avec des opérateurs étrangers, il ne s’est rien passé. Le dossier piloté à l’époque par les ministères de l’Energie et de l’Industrie et des Mines ambitionnait de créer une industrie algérienne des énergies renouvelables. Les observateurs de la scène énergétique nationale font donc le constat d’échec d’un processus qui a tenu en haleine beaucoup de spécialistes et intéressé pas mal de pays, à l’image des Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou encore la Chine.

Pour les défenseurs du programme gouvernemental, on ne peut pas parler d’échec, mais d’étape nécessaire pour mieux mûrir le projet. On en veut pour preuve que les organisateurs de la conférence, pour le compte de l’Etat, sont les deux principales entreprises du secteur de l’énergie. Ensuite, il y a le fait que ladite conférence se tient sous le haut patronage du président de la République. Ce sont autant de signes qui marquent une continuité dans la démarche et suggèrent un aboutissement d’une réflexion engagée au plus haut niveau de l’Etat. L’association du Forum des chefs d’entreprise relève sans doute de cette même logique, qui consiste à associer toutes les compétences financières et managériales du pays dans la mise en oeuvre du projet. On aura donc compris qu’avant d’aller vers les partenaires étrangers, les opérateurs publics et privés algériens veulent s’entendre sur la démarche à suivre pour parler d’une seule voix.

Les deux ans de retard dans la relance d’un chantier aussi stratégique que celui des énergies renouvelable pourraient être un mal pour un bien, pourrait-on dire, en ce sens que dans l’intervalle, l’évolution des technologies ont permis une sensible baisse des coûts dans la production d’électricité d’origine renouvelable.

Ainsi, l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena) a révélé dans un rapport publié, hier que «toutes les technologies renouvelables seront compétitives par rapport aux énergies fossiles en 2020». Déjà, les prix de revient moyens des énergies renouvelables devraient atteindre entre 3 et 10 dollars le mégawattheure (MWh) en fonction des technologies. Au même moment, les énergies fossiles reviennent entre 5 et 17 dollars le MWh.

La même étude note que les prix varient en fonction des pays, selon les gisements en énergie. Lorsqu’on sait que le Sahara algérien offre le meilleur rapport investissement rentabilité au monde, on mesure la chance qu’a l’Algérie d’attirer des investisseurs dans le secteur de l’énergie solaire. Le même constat vaut pour l’énergie éolienne où le gisement est permanent et très intéressant. Cela pour l’opportunité de mettre en branle le plan énergétique national. Pour le reste, il y a lieu de s’interroger sur le succès de cette conférence, même si l’on admet aisément l’existence d’une réelle volonté politique à développer l’industrie du renouvelable en Algérie. L’enjeu n’est pas seulement économique, il est hautement stratégique au vu des exigences qui s’imposeront à l’Algérie à très court terme, en matière de consommation énergétique. Dans quelques années, la production de gaz suffira à peine à la consommation locale, si rien n’est entrepris.

Le développement de l’énergie solaire permettra d’orienter vers l’export le gaz économisé. Mais plus important encore, la maîtrise des énergies renouvelables donnera à l’Algérie une posture de leader africain et lui ouvrira les portes d’un marché continental appelé à se développer forcément.