Contactés hier, des vétérinaires nous ont révélé qu’en l’absence d’un échantillon de cette viande pour les besoins d’analyse, il est difficile de savoir les causes de la putréfaction.
Quelques heures seulement après le sacrifice du mouton de l’Aïd, plusieurs dizaines de familles ont été contraintes de jeter leur viande à la poubelle, après s’être rendu compte qu’elle était putréfiée. En effet, la viande d’où émanait une mauvaise odeur, a changé de couleur pour devenir bleuâtre. Le phénomène a été constaté dans plusieurs quartiers de la ville de Constantine et sa périphérie.
À la nouvelle ville d’Ali-Mendjeli, précisément à l’unité de voisinage (UV 13), une dizaine de foyers ont dû jeter toute la carcasse du mouton. “Le mouton n’avait rien d’anormal, j’ai fait le sacrifice moi-même. Mais le deuxième jour, quand j’ai voulu le découper, j’ai constaté que la couleur de la viande était bleue et verte et une odeur insupportable s’en dégageait”, témoigne un père de famille. Des habitants des cités Bentelis et Boussouf qui ont fait le même constat, ont, eux aussi, jeté à la poubelle la viande avariée. Selon les déclarations de certains d’entre eux, ils ont acheté leurs moutons de plusieurs points de vente, à titre d’exemple, El-Karia, Aïn Abid, Oued Zenati, mais, semble-t-il, hors des points de vente officiels mis en place par la direction du commerce de la wilaya. “Le mouton que j’ai acheté avait le cachet du vétérinaire, mais j’ai jeté des parties dont la couleur a viré au bleu”, nous dira un autre.
Contactés hier, des vétérinaires nous ont révélé qu’en l’absence d’un échantillon de cette viande pour les besoins d’analyse, il est difficile de connaître les causes de la putréfaction. Pour rappel, l’ex-ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdeslam Chelghoum, avait déclaré l’année passée, que le phénomène était dû à une surdose de compléments alimentaires, tout en refusant l’hypothèse de l’utilisation d’hormone de croissance. En l’absence des services concernés des communes, de la direction de l’agriculture, de la direction du commerce, la viande avariée a été jetée dans les poubelles, alors qu’elle aurait dû être brûlée ou enterrée.
Des plaintes déposées
Il y a un an, à peine quelques heures après le sacrifice du mouton, des centaines de familles à travers plusieurs régions du pays constataient un état de putréfaction de la viande. Ce phénomène, alors nouveau, poussait ces derniers à jeter la carcasse de leur bête. Cette année, le même scénario s’est répété à Constantine. Plusieurs dizaines de familles ont dû jeter, pour beaucoup, la carcasse tout entière, en se rendant compte qu’elle était putréfiée avant même de la découper.
Selon la direction du commerce, il y a eu effectivement des plaintes qui ont été déposées.
Cependant, il n’est pas de son ressort de les prendre en charge, selon notre interlocuteur, qui nous précisera que son travail se limite aux bilans de l’entreprise. C’est à la direction de l’agriculture qu’il faut s’adresser. Là encore, on bute sur un obstacle, car on nous apprend qu’il y a un nouveau directeur mais qu’il est absent. À qui, donc, faudra-t-il s’adresser pour avoir des explications ? Car, aujourd’hui, d’aucuns se demandent si nous avons tiré des enseignements de ce qui s’est passé l’année passée, et si ces derniers ont donné lieu à des mesures pratiques ? Non, de l’avis de certains observateurs, sinon comment expliquer qu’à peine 24 heures après le sacrifice, des tonnes de viande avariée ont été jetées dans les poubelles, en plus des peaux, sachant que les risques sur la santé des populations sont attribuables en premier lieu à l’environnement. Aussi, bien que l’on puisse arguer que cette situation est due à l’incivisme de la population, l’une des raisons principales reste l’inertie des pouvoirs publics. À l’exemple des services de l’hygiène de l’APC qui n’ont pas pensé à mettre en place un dispositif de prévention, comme cela se fait pour le kyste hydatique, et ce, par le biais de spots sur les ondes de la radio locale ou encore via des panneaux publicitaires.
Souheila BETINA/Lynda NACER