L’Algérie a confirmé en 2024 son statut de première puissance militaire africaine en matière de dépenses, avec un budget de 21,8 milliards de dollars, selon le dernier rapport du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).
Cette enveloppe, en hausse de 11,8 % par rapport à 2023, place le pays au 22ᵉ rang mondial et en tête du continent africain, devant le Maroc (5,5 mds USD, +2,6 %) et l’Égypte (2,4 mds USD, -16 %). Dans le monde arabe, l’Algérie se classe 2ᵉ, derrière l’Arabie Saoudite (80,3 mds USD), mais devant le Koweït (7,8 mds USD) et l’Irak (6,2 mds USD).
Cette montée en puissance s’inscrit dans un contexte régional marqué par des tensions sécuritaires persistantes avec, d’une part, le Maroc autour de la question du Sahara occidental ; de l’autre, les pays du Sahel, notamment le Mali, en proie aux coups d’État militaires et à la prolifération des groupes armées.
Le rapport du SIPRI souligne que l’Algérie consacre 8 % de son PIB à la défense, un ratio qui la place au 3ᵉ rang mondial, derrière l’Ukraine (34 %) et Israël (8,8 %). Ce chiffre interroge certains experts sur l’équilibre entre sécurité et développement socio-économique, sachant que l’armée absorbe près de 20 % du budget national.
Ratio dépenses militaires/PIB 2024 : l’Algérie 3ᵉ mondial derrière l’Ukraine et Israël
Avec 21,8 milliards de dollars alloués aux dépenses militaires en 2024, l’Algérie renforce son hégémonie militaire en Afrique et dans le monde arabe, mais reste distancée par l’Arabie Saoudite, dont le budget est quatre fois supérieur (80,3 mds USD). Cette position s’explique par une doctrine sécuritaire offensive, centrée sur la modernisation de son arsenal et le renforcement des effectifs, qui comptent parmi les plus importants du continent.
#السعودية تتصدر قائمة أعلى الدول العربية في الإنفاق العسكري لعام 2024 بـ80.3 مليار دولار، وسط زيادات متفاوتة في موازنات الدفاع لدول أخرى مثل #الجزائر و #العراق#اقتصاد_الشرق pic.twitter.com/Du9aZBilsh
— Asharq Business اقتصاد الشرق (@AsharqBusiness) April 28, 2025
Le financement de cette stratégie repose sur les exportations d’hydrocarbures, qui ont bondi avec la guerre en Ukraine. Les revenus gaziers ont, en effet, permis à Alger d’augmenter son budget militaire de 76 % entre 2022 et 2023. Cependant, cette dépendance expose le pays aux fluctuations des cours mondiaux, dans un contexte où la dette publique atteint 63,9 % du PIB.
Sur le plan régional, la rivalité algéro-marocaine structure les dynamiques militaires. Bien que le Maroc ne consacre que 5,5 milliards de dollars à sa défense (6ᵉ du monde arabe), les tensions autour du Sahara occidental et les alliances sécuritaires de Rabat (accord avec Israël) justifient, selon Alger, un effort budgétaire massif. Paradoxalement, l’Égypte, première puissance militaire africaine en capacités opérationnelles, ne figure qu’au 8ᵉ rang arabe pour les dépenses (2,4 mds USD).
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Enfin, le rapport du SIPRI alerte sur les risques économiques d’une militarisation accrue. Si l’Algérie se hisse au podium mondial pour le ratio dépenses/PIB (8 %), cette priorité grève les finances publiques, avec un déficit budgétaire record de 21,8 % en 2025. Un arbitrage périlleux, alors que les besoins en infrastructures, éducation et santé restent criants.
Hausse des dépenses militaires mondiales en 2024 : du jamais vu depuis la guerre froide !
Les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 un niveau sans précédent depuis la fin de la Guerre froide, selon le dernier rapport du SIPRI. Avec une enveloppe globale de 2 700 milliards de dollars, elles ont bondi de 9,4 % par rapport à 2023, marquant la dixième année consécutive de hausse.

Les États-Unis ont augmenté leur budget militaire de 5,7 % en 2024. Il atteint désormais 997 milliards de dollars.
En Europe, les dépenses ont augmenté de 17 %, atteignant 693 milliards de dollars, portées par la Russie (+38 %, à 149 mds USD) et l’Ukraine (+2,9 %, à 64,7 mds USD). L’Allemagne se distingue avec une hausse de 28 % (88,5 mds USD), devenant le premier contributeur militaire d’Europe occidentale, et détrônant l’Inde au 4ᵉ rang mondial.
Les États-Unis confirment leur écrasante domination à l’échelle planétaire : leur budget atteint 997 milliards de dollars (+5,7 %). Un montant colossal qui représente 37 % des dépenses militaires mondiales et 66 % de celles de l’OTAN, où 18 membres sur 32 consacrent à présent 2 % de leur PIB à la défense.
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Au Moyen-Orient, les dépenses d’Israël explosent de 65 % (46,5 mds USD en 2024), un record depuis la guerre des Six-Jours en 1967. La Chine, en 2ᵉ position mondiale, consolide son influence en Asie avec 314 milliards (+7 %), représentant la moitié des budgets militaires de la région Asie-Océanie.
Cette course à l’armement qui touche plus de 100 pays, interroge les arbitrages socio-économiques : réductions de l’aide humanitaire, hausse de la dette et des impôts, etc. Le rapport du SIPRI souligne ainsi un paradoxe : les dépenses militaires renforcent les capacités défensives, mais accentuent la vulnérabilité interne des États.