Dépenses de fonctionnement,Le gouvernement osera-t-il baisser les salaires ?

Dépenses de fonctionnement,Le gouvernement osera-t-il baisser les salaires ?

Pour le moment, le gouvernement a lancé une réflexion sur les subventions publiques et les salaires. C’est ce que le directeur général de la prévision et des politiques budgétaires et fiscales (DGPP) auprès du ministère des Finances a néanmoins laissé entendre, hier, lors d’une conférence de presse.

Tout en précisant que les dépenses de fonctionnement sont «incompressibles», Sidi Mohamed Ferhane a indiqué que son département ministériel, et par conséquent le gouvernement, cherche à optimiser les engagements sociaux. Il s’agit, selon le DGPP, de rechercher «des gains» en matière de transferts sociaux, d’«un ciblage» des subventions des produits de base. «Il y a des gains à engranger», dira-t-il, d’autant que «le monde profite» de ces subventions publiques, malgré les différences de revenus et de pouvoir d’achat et que nombre de produits subventionnés font l’objet d’«une fuite aux frontières». Une réflexion qui s’inscrit, ce faisant, en droite ligne des critiques récurrentes du Fonds monétaire international (FMI) quant à la pertinence des politiques budgétaires et fiscales en cours, en Algérie. Des critiques formulées récemment par la directrice générale et des experts de cette institution financière multilatérale.

Lier les salaires à la productivité

Mais c’est sur la question des salaires que M. Ferhane a tenu des propos assez ambigüs. Ainsi, le DG de la prévision et des politiques indique qu’une «réflexion» est également engagée concernant les salaires, dans le contexte où «les pouvoirs publics sont assez conscients de la pression qui pèse sur le budget de fonctionement». Certes, le représentant du ministère des Finances n’a pas évoqué clairement une réduction des salaires, estimant au demeurant que les dépenses de fonctionnement ont déjà atteint leur plafond. Comme Sidi Mohamed Ferhane a réfuté toute volonté des pouvoirs publics de procéder à des «réductions d’effectifs», à des compressions de personnels publics, même s’il peut y avoir non-remplacement après un départ à la retraite. Toutefois, le gouvernement estime opportun d’ indexer les salaires sur des paramètres «mesurables, qu’on peut maîtriser», dira le DGPP. Il s’agit fondamentalement de l’inflation et de la productivité. Toutefois, et dans la mesure où cette productivité reste encore insuffisante et que la diversification de l’économie et l’élargissement des ressources budgétaires restent encore problématiques, la capacité des pouvoirs publics à bien maîtriser les salaires, indépendamment de toute considération politique, s’avère incertaine. Ainsi, les gouvernants seraient contraints de limiter les salaires en termes de hausse, mais aussi de montants, de rationaliser les dépenses sociales.

A propos des lois de finance complémentaires

Assez élusif à ce propos, Sidi Mohamed Ferhane a indiqué, par ailleurs, que la baisse des dépenses de fonctionnement, prévue dans le cadrage budgétaire 2013, a fait l’objet d’une simulation en termes d’impacts socioéconomiques. Toutefois, cette simulation été engagée «en interne» et n’a pas été «exposée», précise le DGPP. Concernant l’élaboration récurrente de lois de finances complémentaires, le représentant du ministère des Finances, qui s’est refusé à se prononcer sur la teneur de celle de 2013, explique cette élaboration par la nécessité de prendre en compte le contexte international (fluctuations des cours des matières premières, crises financières…) et domestiques nécessité de promouvoir certaines activités…) en cours. Ainsi, l’élaboration des LFC se poursuivra même dans le cadre de la réforme budgétaire en cours de maturation et qui sera finalisée et mise en œuvre concrètement d’ici deux ans «au maximum».

A propos de la réforme budgétaire envisagée

A ce propos, Mohamed Sidi Ferhane précise que les budgets sectoriels, et partant le budget global, seront élaborés sur le moyen terme (dans un cadre triennal), sur la base de «priorités» et d’une bonne évaluation des projets prévus. Mais aussi en fonction de «performances» et de résultats à atteindre, au risque de perdre toute «crédibilité», dira-t-il à l’adresse des maîtres d’ouvrages institutionnels et autres. Dans le cas, par exemple, où une rallonge budgétaire est nécessaire lors de la première année, le DGPP explique ainsi qu’il peut y avoir «glissement» sur les exercices suivants. Une problématique que le projet de loi organique portant loi de finances, devant être validé par l’exécutif, devrait traiter, selon Sidi Mohamed Ferhane.

C. B.