«Ayez pleinement confiance que l’agresseur sera grandement surpris s’il pense que cette guerre d’attrition que subit la Syrie, depuis des années, l’a rendue incapable de répondre à des attaques», a dit Ayman Soussan, vice-ministre syrien des Affaires étrangères.
Le gouvernement syrien a réagi hier à l’annonce faite par l’ONU d’une formation d’un comité constitutionnel chargé de se pencher sur la crise en Syrie, faisant valoir qu’à ses yeux le seul cadre valable des pourparlers est celui de Sotchi. C’est ce qu’a rapporté l’agence officielle Sana, citant le vice-ministre des Affaires étrangères, Ayman Soussan, qui, dans le cadre d’une conférence de presse, a indiqué clairement que Damas a l’intention de respecter à la lettre les conclusions issues des négociations de Sotchi. On sait que celles-ci ont convenu, le mois dernier, de la mise en place d’un comité constitutionnel dont la composition concerne les participants à cette réunion sous l’égide des parrains du processus d’Astana, à savoir la Russie, l’Iran et la Turquie.
Damas ne se veut nullement engagée par les efforts déployés par l’envoyé de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, et rejette par voie de conséquence son rôle dans la formation d’un comité en dehors de l’accord de Sotchi qui, ajoute le gouvernement syrien, n’a donné aucun mandat à M. de Mistura pas plus que la qualité d’autorité garante du comité constitutionnel. «Concernant le comité constitutionnel qui a été défini à Sotchi en termes de tâches, de mandat et de membres, ceux-ci devant être tirés des participants à la conférence de Sotchi, et par conséquent nous ne sommes pas concernés et n’avons rien à faire avec tout autre comité qui ne soit pas dirigé ou constitué par la Syrie», a ainsi affirmé
M. Soussan. Le processus d’Astana a été couronné en janvier dernier, à Sotchi, station balnéaire russe, par la tenue d’un Dialogue national syrien, avec la formation dudit comité composé de 150 personnalités loyalistes et de l’opposition, avec pour mission de débattre d’un projet de nouvelle Constitution.
Sur un autre registre, le gouvernement syrien a promis, mardi dernier, à Israël de «nouvelles surprises», quelques jours à peine après les deux attaques aériennes commises par l’aviation sioniste et au cours desquelles un chasseur F16 a été abattu par la défense aérienne syrienne qui avait répliqué avec un tir de missiles S200. Israël avait affirmé qu’il s’agissait d’une riposte au tir d’un missile «de type iranien» contre son territoire, d’où les raids visant des positions de groupes armés alliés au régime syrien et actionnés par l’Iran. C’est la thèse avancé par le gouvernement de Benjamin Netanyahu pour justifier une escalade qui a fait monter la fièvre de plusieurs crans dans toute la région, pendant plus de quarante-huit heures.
Car c’était bien la première fois que l’armée israélienne dit ouvertement avoir pris pour cible des «cibles iraniennes» en Syrie, depuis le début en 2011 du conflit.
Damas a annoncé haut et fort le message suivant: «Ayez pleinement confiance que l’agresseur sera grandement surpris s’il pense que cette guerre d’attrition que subit la Syrie, depuis des années, l’a rendue incapable de répondre à des attaques», par la voix de Ayman Soussan, vice-ministre syrien des Affaires étrangères. «Avec la volonté de Dieu, ils seront confrontés à de nouvelles surprises chaque fois qu’ils tenteront d’attaquer la Syrie», a-t-il insisté, une réponse manifeste à la déclaration dimanche du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a averti avec une certaine morgue que l’armée sioniste compte poursuivre ses opérations en Syrie, en dépit de la perte de son avion de combat, une première depuis 36 ans. Ces propos ne font en fait que confirmer ceux, analogues, tenus, la veille, par le ministre israélien de la Défense qui disait: «Nous répondrons à toute provocation…Nous continuerons à défendre notre sécurité vitale et nos intérêts.»
Le prétexte avancé par Israël qui s’inquiète du déploiement de forces soutenues par Téhéran à proximité du plateau du Golan occupé par l’armée sioniste cache mal son autre angoisse sur la question de l’accord sur le nucléaire iranien pour la sape duquel Netanyahu a ordonné le branle-bas de combat. Et c’est une raison parmi d’autres qui est à la source des accusations israéliennes selon lesquelles l’Iran travaille à la construction d’une usine de production de missiles à guidage de précision au Liban au profit du Hezbollah. Une accusation que la majorité des observateurs considère comme parfaitement fantaisiste.
Cela fait au moins cinq ans qu’Israël a, en outre, recours à l’espace aérien libanais qu’il viole allègrement pour mener ses attaques aériennes contre la Syrie, celles de samedi dernier constituant une illustration profonde de son habitude à fouler aux pieds les lois internationales. Néanmoins, le Liban a décidé d’adresser une lettre de protestation au Conseil de sécurité même si c’est bien connu que ce genre de démarche n’a aucune chance d’inquiéter l’Etat hébreu, inconditionnellement soutenu par les Etats-Unis.