Curieusement silencieux face à la situation économique que traverse le pays, que nous préparent les islamistes?

Curieusement silencieux face à la situation économique que traverse le pays, que nous préparent les islamistes?

_dsc0065_0.jpgDes personnalités islamistes s’activent en vue de ficeler une stratégie pour les législatives d’avril 2017 et l’idée d’une liste islamiste commune n’est pas écartée.

Il faut se méfier de l’eau qui dort. «Tant que les islamistes» agissent, réagissent, déclarent, annoncent et dénoncent même avec virulence, c’est un bon signe. Ils sont visibles et facilement repérables. En revanche, la situation est inquiétante quand cette mouvance se mure dans le silence au point de se confondre avec un underground salafiste extrémiste, aux contours inconnus en Algérie. Pourtant, ce ne sont pas les motifs de la «jacasserie» qui manquent.

L’économie et les finances en proie à une crise inquiétante, la situation politique, sécuritaire et même médiatique qui s’y prêtent sans pour autant exciter la faconde des islamistes. Si on ajoute que ces facteurs coïncident avec le rendez-vous du Ramadhan propice aux spéculations politiques, il y a de quoi s’interroger sur les raisons de cette mise en mode silencieux des islamistes.

Cette disparition des radars est-elle une attitude voulue? Un manque de visibilité de la scène politique qui les confine à la prudence? Ou alors c’est la guerre de leadership? Que nous préparent-ils? Un été chaud? Sont-ils en train de peaufiner une stratégie commune pour affronter les prochaines échéances électorales? L’éventualité est très probable, surtout leur alliance avec le camp des démocrates dans le cadre de la Cltd laquelle n’a pas donné les fruits escomptés. Pour les milieux islamistes ce «mariage a été contre nature», a fait reculer de manière drastique l’impact de cette mouvance sur le terrain. Il fallait donc se reployer en «revenant à la famille initiale». On apprend dans ce sens que des personnalités islamistes sont entrain de mener des contacts en vue de ficeler une stratégie pour les prochaines législatives qui se dérouleront dans moins d’une année. L’idée d’une liste islamiste commune n’est pas écartée.

«On en est au premier contact, mais l’idée fait son chemin», indique une source de ces milieux précisant que «l’expérience de l’Alliance verte menée lors des législatives de mai 2012 n’est pas si négative qu’on le pense. Elle nous permet de tirer les bonnes leçons, de corriger nos défaillances et de mieux appréhender les prochaines échéances».

La même source ajoute: «Si en tant qu’islamistes on a pu s’allier autour d’un projet avec la tendance démocratique diamétralement opposée à nos principes, cela suppose que nous avons toutes les chances et capacités de recoller les morceaux de la mouvance islamiste divisée, mais qui reste majoritaire en termes de poids électoral.» Il serait donc question pour les islamistes de poser les conditions pour une nouvelle coalition. Cela d’une part, et d’autre, l’idée de boycotter ces législatives n’est même pas à l’ordre du jour. Cependant, les islamistes algériens restent fades et timides. Leurs manifestations sur le terrain ne drainent plus les foules qui faisaient trembler les démocrates et les dirigeants du pays. La tentative d’unification a été très sérieusement évoquée lors des élections législatives de mai 2012.

L’opportunité était alors inespérée au moment où le printemps arabe ne fleurissait qu’en vert. Il fallait juste s’incliner et ramasser d’une main un pouvoir qui jonchait les rues. En 2012, les gouvernements islamistes dans le Monde arabe étaient à la mode. Mieux encore, en Egypte, les Frères musulmans se sont même offert un président, une première dans leur histoire, avec l’élection de Mohammed Morsi comme chef de l’Etat. On se rappelle du contexte électrique qui a marqué la préparation de ces législatives de 2012, sous le slogan évocateur: «Notre printemps c’est l’Algérie.» Emportés par cette vague, les islamistes étaient presque certains de leur victoire. Ils n’attendaient donc que cette formalité électorale pour crier au triomphe. Peine perdue. Non seulement les islamistes n’ont pas réussi leur entreprise de réunification, mais ils ont subi un cuisant échec électoral. Très largement battus par la mouvance dite nationaliste et patriotique, les islamistes ont payé une double facture. D’abord, celle de leurs égarements idéologiques en instrumentalisant la religion a des fins politiques qui a abouti à l’action armée durant les années 1990. Ensuite la facture de leur louvoiement avec le pouvoir quand le MSP de Mahfoud Nahnah a rejoint le gouvernement en 1995.Assommés par l’urne, ils ne se sont pas encore relevés de leur échec. Ils se cherchent encore. La persévérance est une seconde nature chez les islamistes…