Constantine : Tahkout impliqué dans un scandale du foncier

Constantine : Tahkout impliqué dans un scandale du foncier

Hamid Bellagha

Est-il possible qu’un wali ne sache pas qui fait quoi au niveau de sa wilaya ? C’est du moins l’impression donnée par l’ex-wali de Constantine, Kamel Abbès, devant des travaux qui venaient de commencer à l’entrée de la nouvelle ville Ali-Mendjeli. C’était, il y a plus de trois ans.

Un immense lot de terrain a été « découvert » par la délégation de wilaya en inspection d’autres chantiers, ceux de l’extension du tramway vers Ali-Mendjeli. Kamel Abbès avait apostrophé le chef de daïra de l’époque et le P/APC de Khroub, mais aucune réponse n’avait été donnée, sauf qu’on lui a susurré que « l’attribution est venue d’Alger ». C’était en présence de la presse, et apparemment il n’y avait que le wali qui n’était pas au courant du projet ni de son puissant promoteur. On s’attendait à du nouveau durant les semaines qui suivirent, d’autant que les travaux avaient débuté et aucune plaque informative ne révélait l’identité du propriétaire des lieux ni des travaux à faire. Mais le téléphone arabe avait vite fait de fonctionner pour désigner « l’heureux » acquéreur dudit terrain, qui avait un certain temps ouvert une succursale de Cima Motors à un jet de pierre de là.

Mahieddine Tahkout, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait acquis le terrain immense de 2 000 mètres carrés pour y faire un showroom et un atelier mécanique pour la marque automobile sud-coréenne, Hyundai. Des irrégularités ont commencé à apparaître, comme l’acquisition du terrain d’une façon que personne n’a pu définir, la surface attribuée dépassant de loin les standards, aucune plaque ne définissait ni le propriétaire ni la nature du projet et, en plus, ledit terrain devait voir le passage du tramway. Eh bien, le passage fut simplement décalé vers le milieu de la chaussée au lieu de passer sur le côté droit de l’entrée de la nouvelle ville Ali-Mendjeli, comme le prévoyait le plan initial.

Les dépassements ne s’arrêtent pas à ce niveau puisqu’un autre terrain mitoyen de 1 950 mètres carrés a été tout simplement « ajouté » aux 2 000 initiaux. « Le projet du showroom ne dispose ni d’une attribution de terrain ni de permis de construire et encore moins de certificat de conformité. De plus, non content de la surface acquise, Cima Motors a empiété sur un autre terrain presque égal au premier pour un espace découvert et un mur de séparation avec la chaussée qui a rétréci à deux reprises », nous dira un cadre de la wilaya qui était au courant de l’ordre «venu d’Alger». 

Tramway décalé, le doute s’installe 

Ce projet, non inscrit sur les tablettes de la wilaya et de l’APC de Khroub, a sérieusement perturbé les travaux d’extension du tramway créant un embouteillage monstre depuis des mois, car la route de dégagement, qui devait servir de contournement en attendant d’édifier la trémie de l’entrée de Ali-Mendjeli, s’est transformée en un futur showroom et parking géant pour Cima Motors. Un autre parking qu’avait aussi acquis Tahkout au sein de la zone d’activités de Ali-Mendjeli pour en faire un parcage pour ses bus universitaires, face à l’université Constantine 3, et qui est resté vierge jusqu’à présent, doit aussi être saisi.

En tout cas, l’administration actuelle, vigoureuse par la force du Hirak, a décidé de saisir et de détruire le showroom de Cima Motors qui est quand même à un stade avancé de réalisation. Il a été décidé aussi la destruction du mur de séparation d’avec la chaussée, le tout à la charge du «propriétaire » des lieux. Le mur de séparation devrait disparaître dans les trois jours, selon une correspondance des autorités aux intéressés, et le reste suivra dans une période qui n’a pas été définie.

D’autres terrains « propriétés » de Tahkout, dans les même zones industrielles et d‘activités citées, sont aussi saisis. Maintenant, il s’agit de savoir de qui l’ordre est venu pour attribuer des terrains pratiquement à perte de vue pour un homme ou une entreprise qui ne remplissait aucunement les cahiers des charges y afférents. Il s’agit aussi de mettre l’administration locale devant ses responsabilités, car qu’elle ignorait les décisions d’attribution ou qu’elle en ait été complice, cela revient au même. Le Hirak qui a emporté tant de personnalités dans plusieurs wilayas est pour l’instant trop timide à Constantine.